Lorsque j’ai fait mon papier sur l’école, on a vaguement abordé l’enseignement devenu optionnel de l’histoire-géographie en classe de terminale S.
Les mots ont un sens et je ne vois pas pourquoi on parle de suppression pour une matière devenue optionnelle, mais enfin cela ne me dérange pas plus que ça. Et puisqu’il le faut je vais dans ce billet utiliser le terme de « suppression » pour faire court, mais en ayant toujours à l’idée que derrière ce mot il y a la notion d’option. Qu’on sache bien ici que je n’ai jamais été enseignant et que je n’ai pas vocation à le devenir. Dans le contexte actuel, ce métier est presque devenu un sacerdoce . Je ferais trois observations.
La première pour exprimer des regrets. En effet Richard Descoings a réussi un remarquable parcours de concertation et de quasi unanimité sur la réforme du lycée. Tout ce travail de fond est gâché un fois de plus par la suppression de l’histoire-géographie en classe de terminale S et ce, sans la moindre explication. Qui plus est, cette suppression est annoncée par le porte parole du gouvernement ce qui est un comble et ce, en plein débat sur l’identité nationale. Dans cette affaire on oublie complétement qu’il y a des bacheliers qui, après le BAC, vont préparer le concours des grandes écoles et pour cela il leur faut un minimum de culture générale et par suite des connaissances en histoire-géographie.
La seconde observations qui me vient à l’esprit c’est que pour une fois je trouve normal pour ne pas dire « encourageante « la réaction des enseignants, des lycéens et des français en général puisqu’il semblerait d’après un sondage que 70% de nos concitoyens ne soient pas d’accord avec cette mesure. Bien sûr, et il y a eu des commentaires à ce sujet dans mon papier sur l’école, les heures manquantes en terminale sont en partie reportées en classe de première et de plus l’histoire-géo reste une option pour ceux qui veulent continuer cette matière. Mais ce qui m’intéresse dans la réaction de beaucoup c’est que l’on se rend compte que si nous sommes divisés en France sur bien des sujets, l’histoire nous unit car, qu’on le veuille ou non et quoique l’on pense, l’histoire et en particulier l’histoire de France, c’est notre histoire à tous.
Enfin la troisième observation, c’est qu’il ne faut pas non plus, en ce temps de Noël, se comporter comme le ravi de la crèche, il ne faut pas faire preuve de naïveté. Quand on fait le compte sur le total des heures d’histoire-géo en première et en terminale, il manque 1h30 (hors option) et les syndicats d’enseignants ont déjà fait les comptes en termes de postes. Vu sous cet angle on peut penser qu’avec cette suppression il y a deux catégories d’opposants. La première qui s’oppose en terme de contenu des programmes et la seconde qui s’oppose aux suppressions de poste que cela risque d’engendrer. Si Gérard Aschièri drive bien ses troupes et si ces celles-ci remuent convenablement la mayonnaise auprès des lycéens cela peut de nouveau être prétexte à faire quelques milliers de jeunes dans les rues de nos grandes villes. Le PS à l’affût attend le coup de sifflet.
Ceci dit, je comprends mal alors que l’on est en plein débat sur l’identité nationale, que l’on vient de fêter les 20 ans de la chute du mur de Berlin, que le traité de Lisbonne vient d’être entériné, et je pourrai en rajouter, je comprends donc mal que l’on choisisse ce moment pour annoncer une telle mesure.
Même si l’enseignement de l’histoire-géo va devenir une espèce du service à la carte où les lycéens de terminale décideront ou pas de se servir, ce qui m’intéresse le plus c’est, quelque soit la classe du collège à la terminale et le nombre d’heures d’enseignement, le contenu des livres d’histoire qui pour certains sont très controversés.
En effet ce que l’on peut admettre pour d’autres matières telle l’économie n’est pas admissible pour l’histoire. On peut lire sur les blogs, dans les journaux, dans les livres des opinions diverses sur l’économie. Il y a des manuels qui remettent en cause l’économie de marché, la mondialisation, l’entreprise etc.. d’autres manuels au contraire défendent ces choix. On le voit également en ce qui concerne les débats sur le climat où les climato-sceptiques dont je fais partie s’opposent à d’autres. Sur ce sujet aussi ont trouve des manuels qui traitent des problèmes climatiques avec une vision totalement différente. Par contre ce que je trouve inadmissible c’est que l’on refasse l’histoire et, en ce qui concerne cette matière, les manuels devraient être identiques, je trouve inadmissible que dans certains livres l’histoire soit réécrite pour défendre « la cause« , la « bonne cause » bien entendu. Pour étayer ce que je viens d’écrire je vais prendre pour exemple « la révolution russe« . A mon époque et encore bien longtemps après les livres d’histoire étaient plus qu’indulgents voire complaisants avec Trotski et la révolution d’octobre. Aujourd’hui les choses ont évolué et ce même événement « la révolution russe » est devenu dans bien des livres » un coup d’état« . Pourtant l’histoire par définition n’a pas pu changer, elle est par contre enseignée différemment. Tout simplement parce que il quelques années la révolution d’octobre c’était « la cause« . Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 cela ne l’est plus. C’est cette façon de refaire l’histoire qu’a dénoncé le ministre lorsqu’il a déclaré je le cite » les diatribes irrationnelles où une partie de notre jeunesse apprend le mépris de la France« . Il a raison et c’est là qu’il faut attaquer et non point en supprimant 1h30 sur le tronc commun première-terminale d’autant plus que le moment n’est vraiment pas opportun. Quoiqu’il en soit on sait bien que l’histoire telle qu’elle est enseignée ou écrite est truffée de mensonges et d’idées reçues. Il faut à ce sujet lire un ouvrage de Franck Ferrand intitulé « l’Histoire interdite, révélations sur l’histoire de France« .Un ouvrage qui a été très critiqué parce que précisément il tord le cou aux idées reçues et aux mensonges.
Sur cette affaire, je vois mal le gouvernement accuser les enseignants de faire du corporatisme même s’il y en pour partie. En effet des intellectuels de tous bords partagent leurs inquiétudes. On peut citer Hélène Carrère d’Encausse, Jacques Sapir, Alain Finkielkraut, Renaud Muselier…Je trouve cela d’autant plus dommage qu’au départ il y avait une bonne intention puisqu’il s’agissait de rééquilibrer les filières scientifiques et littéraires.
Il y a peu et au nom de la sacro- sainte égalité entre les couches dites « populaires » et les autres on a supprimé aux concours de la catégorie C de la fonction publique tout ce qui a trait à la culture générale, aujourd’hui on supprime des heures de cours en histoire-géographie, on refuse la sélection. On est entrain de nous bâtir une société d’incultes. D’ici quelques années il n’ y aura plus d’inégalités parce que nous serons tous égaux, mais dans la médiocrité voire dans la nullité. Quelle perspective d’avenir …
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