Peut être avez vous entendu à la radio ou à la télévision que la Bourse de Paris ainsi que d’autres ont terminé ce soir en forte baisse, le CAC 40 cédant 2,92% au terme d’une séance mouvementée, après la décision surprise de l’Allemagne d’interdire la vente à découvert de certains produits financiers. En prenant cette décision, l’Allemagne veut enrayer les mouvements spéculatifs mis en évidence avec la crise grecque.
Encore une fois je pense et je dis que l’Allemagne a raison. En effet malgré le plan d’aide à la Grèce, les spéculateurs viennent mettre une sacrée panique sur les marchés. L’Allemagne se dit alors que si elle prête une somme colossale à la Grèce ce n’est précisément pas pour qur le marché vienne semer la pagaille. Elle a donc décidé d’interdire la vente à découvert sur certains produits financiers et ce jusqu’en mars 2011. Au moins ne pourra t-on plus l’accuser de favoriser la spéculation car en prenant cette mesure elle s’attaque aux produits financiers accusés d’attiser la spéculation contre les pays les plus endettés de la zone euro.
Une nouvelle fois Christine Lagarde émet des réserves au prétexte qu’elle n’a pas été consultée faisant l’impasse sur le fait que la France a déjà procédé à des interdictions de ventes à découvert. Ceci dit, c’est vrai que s’il y avait eu une coordination européenne c’était mieux. Mais Christine Lagarde sait très bien que Angela Merkel a fait sur ce coup là de la politique intérieure. Elle a essuyé un sérieux coup de semonce aux récentes élections et il fallait qu’elle fasse un geste vis à vis d’une population allemande hostile à l’aide aux pays européens qui n’ont pas la même rigueur qu’elle pour respecter les traités. Ce geste, Angela Merkel vient de le faire et visiblement cela a surpris les marchés. Alors de quoi s’agit-il exactement ?
Qu’est-ce que la vente à découvert ? Pourquoi l’autorise-t-on ?
La vente à découvert consiste à vendre des titres, des actions que l’on emprunte, et à les acheter plus tard, quand on doit les restituer à celui auprès duquel on les a empruntés, en espérant qu’entre-temps leur prix aura baissé. En d’autres termes, on va vendre 100 euros une action que l’on loue, et que l’on espère racheter 80 euros le jour où il faudra la restituer. Dans ce cas, le bénéfice sera de 20 euros, diminué des frais (minimes) de location que l’on aura versés. Il s’agit d’une pratique risquée, car si le marché se retourne, on peut y perdre beaucoup. Elle est donc réservée à des utilisateurs avertis.
Outre le fait de faire gagner de l’argent à celui qui la pratique, quelle est l’utilité économique de la vente à découvert ?
La réponse est d’abord qu’il s’agit d’une technique de couverture qui permettait, à l’origine, aux industriels de se prémunir d’une évolution défavorable des prix. Elle contribue surtout aujourd’hui à donner de la liquidité au marché, à le « lisser », à lui permettre de trouver plus rapidement son juste prix, et, partant, à ce qu’il soit moins volatil, moins chaotique. En ce sens, son existence est reconnue comme très utile, tant par les marchés que par les régulateurs. La vente à découvert a mauvaise presse : on lui reproche d’accélérer la spéculation sur un titre, en créant des effets d’entraînement sur le marché. Ainsi, si un titre est joué à la baisse de façon significative, son prix baissera, puisque les volumes vendus seront en augmentation et le feront baisser effectivement. Les autorités politiques et l’opinion ont notamment gardé en mémoire le « coup » qu’avait réalisé George Soros sur la livre sterling, la forçant à dévaluer. Mais ce reproche ne peut être justifié que si les volumes vendus sont importants, que si un vendeur à la baisse entraîne l’adhésion d’autres acteurs. Ce qui n’est vraiment le cas que lorsqu’il y a une vraie anomalie de prix sur la valeur « massacrée ».
Dans le cas de la crise actuelle, les mécanismes à l’oeuvre lors de l’effondrement des valeurs financières ont été tout autres, et l’explication du krach ne réside pas dans une spéculation à la baisse de vendeurs à découvert. Il a simplement suffi que les détenteurs de ces valeurs prennent peur et qu’ils vendent leurs titres, contribuant à l’autoréalisation de leur pronostic, comme dans toute spirale baissière ! Preuve en est d’ailleurs donnée par le fait que les valeurs de Dexia et Fortis se sont écroulées, alors que la vente à découvert avait été interdite une semaine auparavant
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