L’idée de l’UPM est une idée à la fois juste et positive. On avait au départ proposé à Michel Rocard d’animer ces rencontres. Il a refusé au prétexte que ce n’était à l’union européenne de faire ce travail. L’Union pour la Méditerranée va avoir deux ans puisqu’elle est officiellement née le 13 juillet 2008. Cet accord, à l’unanimité, des 27 États membres de l’Union européenne sur le projet promu par Nicolas Sarkozy était un signal déterminant de la volonté de l’UE de donner un nouvel élan aux relations euro-méditerranéennes. Le principe d’une présidence conjointe, assurée par les pays riverains du Nord et du Sud, a notamment été adopté.
Pour ceux qui connaissent bien le monde méditerranéen, il était évident qu’en créant cette union , on allait se frotter à toutes les divisions et à tous les conflits qui entourent ce monde. L’objectif de l’UPM est de développer la coopération euro-méditerranée autour de projets concrets en faisant travailler 39 pays : les 27 et 12 pays du Sud de la Méditerranée, dont l’Algérie, l’Egypte, Israël, l’Autorité palestinienne, la Syrie ou la Turquie. L’Union pour la Méditerranée est une volonté : celle de créer un espace de développement comparable à celui de l’Union Européenne tout en conciliant les spécificités de chacun des États membres. C’est aussi une solution concertée pour la stabilité de la région et le développement harmonieux de ses habitants. Pour cela, les projets sont nombreux, et nécessiteront non seulement l’engagement des États mais aussi celui des investisseurs, sans qui l’unique volonté publique ne serait rien.
Aujourd’hui on entend plus parler de cette union, est ce à dire que l’UPM est tombée dans les oubliettes ? Non, l’UPM est passé de 39 à 43 pays. L’événement qui a fait très mal à cette nouvelle union naissante, c’est l’intervention militaire israélienne à Gaza en début d’année 2009. Pendant six mois le processus a été bloqué et effectivement on a été très proche de voir une UPM mort-née. Lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le président égyptien Hosni Moubarak je me suis posé des questions, tant j’ai trouvé le président détaché de l’événement, comme s’il n’était plus concerné, lui qui a porté cette union sur les fonds baptismaux. Pourtant c’est lui et son homologue égyptien qui se sont activés pour relancer le processus. Malgré tout sa déclaration à la presse à L’Aquilla en marge du sommet du G8 m’a laissé circonspect « Quoiqu’il arrive dans le futur, ça restera un grand souvenir de mon quinquennat, parce que faire asseoir autour d’une table tous les pays arabes de la Méditerranée, tous les pays européens, plus Israël, c’est quelque chose au moins qu’on aura vu, et à Paris. »Il faut bien convenir que cette déclaration ne relève pas d’un optimisme béat.
Aujourd’hui, c’est Henri Guaino qui est en charge de ce dossier et lui semble y croire un peu plus si l’on en juge par sa déclaration « On ne lui donnait pas beaucoup de chances mais elle a survécu à toutes les épreuves, elle grandit et elle s’installe dans le paysage. S’il a été impossible de réunir les ministres et les diplomates pendant la crise de Gaza, aucun des pays membres n’a demandé à sortir de l’Union et tout le monde a continué à travailler sur les projets.»
Alors où en sommes nous ? Actuellement c’est plus de 200 projets concernant le développement durable et dont la plupart sont en lien avec l’énergie solaire. Ces projets sont étudiés par tous les ministres de l’environnement des pays concernés et il est à noter que les ministres israéliens et palestiniens travaillent ensemble. Le budget est de 23 milliards d’euros.
Le problème qui s’est posé à l’UPM dans son fonctionnement, c’est l’absence d’une direction aujoud’hui en place et qui doit tout coordonner afin que les projets ne partent pas de tous les côtés. Le secrétariat général devrait revenir à la Jordanie et parmi les vice-présidence devraient figurer un israélien et un palestinien. Cette mise en place d’une direction a tardé à cause des événements de Gaza dont je fais état plus haut, les pays Arabes refusant de s’asseoir à la même table que « l’agresseur » israélien. En effet avant la nomination, il faut discuter des statuts de la future fonction et à ce sujet les discussions interrompues fin 2008 ont repris en mai 2009. Par contre , il est déjà acquis que le siège de ce secrétariat se situera à Barcelone.
Quant à Henri Guaino, il estime que la création d’un secrétariat général va permettre de pérenniser l’UPM, et il disait il y a quelques mois « Quand on aura créé le secrétariat, nommé le secrétaire général et les secrétaires généraux adjoints, on aura en partie dépolitisé le fonctionnement quotidien de l’UPM. Ce n’est pas la même chose d’être invité par un secrétariat ou par deux coprésidents, qui sont des Etats et font un acte politique en signant les lettres d’invitation. La crise de Gaza, d’une certaine façon, est arrivée trop tôt. Ce n’est certes pas l’UPM qui règlera le conflit israélo-palestinien, ajoute-t-il. Mais c’est une enceinte où les gens peuvent se rencontrer, apprendre à travailler ensemble et à se respecter un peu plus. » Ce secrétariat devait prendre place au 1er janvier de cette année à Barcelone dans des locaux flambants neufs et qui, eux sont prêts à recevoir le personnel. Il a été finalement installé le 4 mars dernier au Palais de Pedralbés.
En fait l’UPM est plombée par le conflit israelo-palestinien. Est ce pour cette raison que les représentants des pays de l’ UPM ont soutenu le principe de la désignation d’un Jordanien au poste de secrétaire général, une étape importante pour relancer le forum. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’UPM doivent encore entériner ce choix, qui était attendu mais il devrait s’agir d’une’ simple formalité. « Il ne devrait pas y avoir de problème« , a souligné une autre source diplomatique. Le Judaisme a toute sa place dans l’UPM car il fait partie de la méditerranée et ce n’est pas parce que Israël est contesté dans certaines de ces actions que l’on doit arrêter ce mouvement.Il faut éviter de faire du conflit israelo-arabe un conflit central. L’Algérie est devenue hostile à l’UPM enfermée qu’elle est dans ses conflits avec le Maroc et l’Egypte. Bien sûr que ces problèmes étaient connus et c’est bien pourquoi dans l’esprit des créateurs de l’UPM il n’a jamais été question qu’elle joue un quelconque rôle dans le processus de paix. Elle n’a pas été créée pour ça et ce n’est pas sa finalité.
Est ce pour autant que l’Union pour la Méditerranée doit être considérée comme morte avant même d’avoir eu une existence. L’Espagne qui co-préside avec la France le côté nord ambitionne de relancer la machine en organisant un second sommet au début de l’été. Côté sud c’est actuellemnt l’Egypte qui préside. Côté nord si on croit encore beaucoup à l’UPM, les tiraillements viennent du sud. En effet de ce côté de la rive méditéranéenne les pays arabes n’ont l’intention de s’investir dans ce projet que s’ils ont la certitude d’en tirer un bénéfice que ce soit politique ou économique et comme c’est loin d’être acquis on peut se poser des questions sur la survie de l’UPM.
Tout ceci démontre qu’on le veuille ou non que presque 2 ans après son acte de naissance, l’UPM n’est pas encore devenue une réalité. Il y a encore beaucoup de travail à faire.
Y a t-il une identitée méditerranéene. A titre personnel je crois que oui, » c’est une identité plurielle. C’est une identité qui a été irriguée par toutes sortes de courants intellectuels et religieux et philosophiques. Cette identité est très précieuse, ce n’est pas un monolithe, c’est au contraire le lieu de toutes les transactions, de tous les compromis, de toutes les rencontres. » Alors citoyenneté ou identité ? Marek Halter répond que peu importe le mot et qu’en fait « ce sont des cultures méditerranéennes qui se mélangent et c’est ce qui fait la civilisation méditerranéenne. »
Le prochain sommet de l’Union pour la Méditerranée est prévu le 7 juin prochain à Barcelone. Certains pays arabes risquent de ne pas y participer compte tenu de la venue annoncée du chef de la diplomatie israëlienne. Nous verrons bien, mais je ne serai pas surpris que l’on nous annonce d ‘ici quelques jours un report de ce sommet, peut être en automne
Tout ça est bien dommage car l’Union pour la Méditerranée est à mes yeux un beau et bon projet.
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