Universités, étudiants chercheurs…et s’ils nous refaisaient le coup de 1986

En 1986 la droite gagne les élections législatives, Jacques Chirac est nommé premier ministre, René Monory ministre de l’Education Nationale et Alain Devaquet ministre délégué à l’enseignement supérieur. Pour la gauche la bataille perdue dans les urnes , il faut la gagner dans la rues, c’est ce fameux troisième tour. Pour cela on va manipuler les jeunes.

Mensonges, contre-vérités, erreur de communication tous les ingrédients étaient là pour déclencher un bel incendie. Encore fallait-il trouver quelqu’un pour allumer la mèche. Tel un félin, la FEN était là, à l’affut, influente, à la tête des leviers de commande. Cette fédération est malade, on l’accuse des déboires et des faiblesses du système éducatif, si les enfants ne réussissent pas c’est de sa faute et c’est une forteresse qui ne veut pas céder…

René Monory veut réformer l’EN. Il met fin au monopole du SNI sur les assurances scolaires, il veut remettre dans le corps enseignant 1700 permanents mis à la disposition d’associations éducatives. Pendant ce temps la réforme de l’enseignement supérieur ne donne pas lieu à débats particuliers, cela se passe plutôt bien.

Le président de la FEN contacte en coulisse les dirigeants du PS. C’est ainsi que se déroule une rencontre entre Jacques Pommatau le patron de la FEN et Lionel Jospin celui du PS. Ils arrêtent une date de manifestation fixée au 23 novembre et vont créer de toutes pièces les mensonges et contre-vérités destinés aux lycéens. On va tout d’abord leur faire croire que l’entrée à l’université sera soumise non seulement à sélection, mais qui plus est, sélection par l’argent. A l’époque nous avons obtenu des photocopies de tracts qui annonçaient des droits d’inscription allant de 3000 francs pour l’UNEF, 5000 francs pour le SNESUP et pour d’autres 10 à 15.000 francs.En réalité les droits d’inscription ont atteint 450 francs. Ensuite on va faire croire à des suppressions de poste en parlant des 1700 enseignants réintégrés dans leur corps d’origine. Bref, l’amalgame est fait, la désinformation est en route.

Lorsque s’ouvrent à la Sorbonne les États généraux de l’UNEF-ID il s’agit de mobiliser les étudiants pour amender la loi Devaquet, il n’a jamais été question de demander sa suppression. A la tête de ce syndicat Philippe Darriulat trotskiste et démissionnaire du PCI avec à ses côtés son prédécesseur à l’UNEF, Jean-Christophe Cambadélis;

C’est Isabelle Thomas vice-présidente de l’UNEF et proche de SOS racisme qui la première appelle à la grève à l’université de Villetaneuse; Elle fait appel à SOS racisme pour participer aux manifestations et réclamer l’abandon du code de la nationalité. L’amalgame continue, on mélange tout. Elle ne veut pas entendre parler d’amendement mais milite pour le retrait de la loi Devaquet.

Le gouvernement ne cède pas et une autre manifestation est décidée pour le 4 décembre. Le PS, la FEN, l’UNEF la veulent puissante. 5 trains spéciaux sont affrétés, la direction de la SNCF reçoit l’ordre de pratiquer des tarifs préférentiels, des mairies récoltent de l’argent et accordent des subventions.

Mais des divergences apparaissent au sein des étudiants. On a d’un côté une tendance dure menée par David Assouline et la ligue ouvrière et de l’autre la tendance UNEF-ID de Phlippe Darriulat prête à négocier. Isabelle Thomas qui soutient Assouline en demandant le retrait de la loi est évincée du bureau pour s’être trop mise en évidence ( elle fait la couverture de Paris Match). Elle rencontre alors Julien Dray fondateur de SOS racisme et trouve un compromis avec Jacques Toubon qui remet le dossier à A Devaquet. Mais Assouline ne veut rien savoir.

René Monory annonce à la télévision au journal de 20 h qu’il est prêt à retirer les points à l’origine du conflit: Sélection, droits d’inscription, diplômes nationaux. On pense que la bombe est désamorcée mais rien n’y fait, au contraire, les affrontements se multiplient et un jeune de 22 ans Malik Oussekine perd la vie ce qui n’empêche pas les débordements de continuer avec les casseurs. Évidemment en n’acceptant aucun compromis, en évinçant ceux qui étaient prêt à en faire, en poussant à la révolte, D Assouline ne s’est senti en rien responsable. Aujourd’hui il pavanne sur les bancs sénatoriaux.

Le lendemain Mitterrand va présenter ses condoléances à la famille Oussekine, Pasqua et Pandraud vont au chevet des policiers blessés. Chaque monde ignorant l’autre, chacun a choisi son camp. On note toutefois que 15 jours auparavant deux policiers avaient été tués par l’explosion d’une bombe qu’ils étaient allés chercher dans un pub avant qu’elle n’explose sauvant ainsi des centaines de vie de jeunes gens et jeunes filles. Mitterrand ne s’était alors pas déplacé et n’avait même pas prononcé l’éloge funèbre de ces deux héros. La mort n’a que le sens qu’on veut bien lui donner.

Que sont devenus les acteurs de 1986
Philippe Darriulat est cadre au PS
Jean-Christophe Cambadelis est député socialiste
Isabelle Thomas est conseiller régionale et a des responsabilités au sein du PS
David Assouline est sénateur socialiste
Julien Dray député socialiste et conseiller régional

Comme ses prédécesseurs Bruno Julliard a trouvé un emploi au PS qui le remercie ainsi pour services rendus. Aujourd’hui j’ignore les dessous des grèves lycéennes contre une réforme que beaucoup, y compris parmi ceux qui ne soutiennent pas le gouvernement trouve cohérente, les étudiants chercheurs ne supportent pas l’idée d’être contrôlés par les présidents des universités, mais il y a peu ils ont accepté le cadeau que leur a fait Valerie Pécresse en leur permettant de récupérer la formation des enseignants qui leur échappait et ce au détriment de l’IUFM. A ce moment on ne les a pas entendu pleurer.

Et en plus ils avancent masqués. Hier après midi je consultais le blog de Christophe Barbier et j’ai lu le commentaire d’un certain Jean Luc Richard qui après avoir critiqué le décret de Valerie Pécresse signe et ajoute « maître de conférences en démographie UMR CNRS » et « ancien chargé de recherche » ce qui est vrai. Or il se trouve que je sais qui est Jean Luc Richard aussi je lui ai répondu qu’à la suite de sa signature il aurait dû, pour jouer la transparence, ajouter militant socialiste, conseiller municipal socialiste et ami de François Hollande. Ces gens là n’ont même pas le courage d’avancer à visage découvert, ce sont les poissons pilotes du PS envoyés en éclaireur pour empêcher l’aboutissement de la moindre réforme . Il faut le savoir.

Alors qui sera le prochain a s’assurer un avenir au sein du PS en prenant la tête des manisfestations ? Nous ne devrions pas tarder à le savoir.

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