les élections régionales sont terminées, on en connaît les résultats. Des erreurs ont été commises, il est inutile de revenir dessus. Mais on se doit de convenir qu’au délà de sa gouvernance, de son comportement contestable et de ses erreurs, Nicolas Sarkozy n’a pas eu de chance. C’est peut être le seul président de la République qui dés son élection a entrepris de mettre en oeuvre ce qu’il avait promis de faire. Il en a même fait trop à un point tel que l’on éprouvait de la difficulté à s’y retrouver. Il est probable que la plupart de nos concitoyens ont perdu le fil des réformes. Les premiers mois on avait même le sentiment que nous avions un président doté du don d’ubiquité, on le voyait partout. On connaisait Padré-Pio mais pas Nicolas Sarkozy.
Hélas au cours de l’été 2008 ce n’est pas un grain de sable qui est venu gripper la machine, mais une crise économique et financière sans précédent depuis celle de 1929 emmenant avec elle tout une floppée de mauvaises nouvelles: faillites d’entreprises, montée de chômage. C’était d’autant plus dommageable qu’il s’est agit d’une situation contre laquelle le Président et son gouvernement ne pouvait rien faire, la lutte était inégale. Des sommets de popularité Nicolas Sarkozy est tombé dans les profondeurs de l’impopularité.
L’opposition joue sur du velours. De plus grâce à une bonne communication, elle est arrivée à faire passer le message que le président de la République est le premier responsable de la situation alors que notre pays grâce à ses amortisseurs sociaux est un de ceux qui s’en est le mieux tiré. Nicolas Sarkozy a également contre lui un phénomène relativement nouveau, celui de la modernisation de notre démocratie médiatique avec en tête l’internet, ce que n’ont pas connu les précédents Présidents. Les caméras et micros sont partout, le moindre geste est épié, la moindre parole est détectée et le tout est mis sur internet. A la télévision on nous montre ce qu’on appelle le buzz de la semaine. Jamais avant Nicolas Sarkozy un président de la République n’avait à subir ce nouveau type d’informations. Les médias, anciens ou nouveaux peuvent faire descendre dans les abîmes en quelques semaines quelqu’un qu’ils ont porté aux nues peu de temps auparavant. Barak Obama aux Etats-Unis subit le même sort. Cette modernisation de notre démocratie nous permet d’en savoir plus sur la vie privée de nos élites et si aujourd’hui une partie des conservateurs est choquée par la vie privée et l’infidélité présumée du Président qu’auraient-ils dit s’ils connaissaient celles avérées de ses trois prédécesseurs. Mais même si ce n’est pas si loin, c’est déjà une autre époque.
L’histoire dit-on est un éternel recommencement et des tas d’événements, en rapport ou pas, avec la politique le démontrent. Il y a moins d’un an aux élections européennes les socialistes étaient au plus bas. Aujourd’hui avec une baisse du nombre de voix de son électorat mais grâce à une abstention record, ils ont retrouvé les sommets. C’est donc pour eux un paradis artificiel qu’il va falloir gérer. Mais il ne faut s’y tromper, derrière cette façade en forme de victoire c’est le vide abyssal. Le PS a tiré ses forces de l’anti sarkozysme et uniquement de ça. Cette attitude ne mène à rien et pour s’en convaincre il suffit de regarder ce qui se passe tout près de chez nous en Italie, où l’anti-Berlusconi ne donne rien, je dirais même au contraire. D’ailleurs les Français ne sont pas dupes puisque 70% d’entre nous pensent que la gauche ne ferait pas mieux voire moins bien. Et puis , quand on a entre les mains le livre écrit par les socialistes et présenté par Martine Aubry le 11 mars. « le livre noir des libertés publiques » (1) on se demande si on a pas dans l’opposition une bande de malades atteints de schizophrenie. Quoiqu’il puisse arriver dans le pays, un tel livre est fait pour me dissuader à tout jamais de voter un jour pour ces gens là. C’est pire que l’appel républicain lancé par Marianne.
Ceci dit pour la gauche tout commence et sutout les difficultés. Une fois le partage du gâteau fait avec l’installation des présidents de régions et les nominations aux vices-présidences, la gauche va devoir se mettre au travail. Pour le PS c’est je crois au mois de juin que les socialistes doivent définir leur programme économique. Ils vont devoir nous expliquer comment ils comptent diriger le pays dans une économie de marché à laquelle ils n’adhérent pas tous et que Europe écologie et le front de gauche combattent clairement. ils vont devoir nous expliquer comment ils voient les relations franco/allemandes, comment ils vont gérer la place de la France au sein de l’Europe, avec les fabusiens en embuscade. Mais surtout il va falloir que le PS se détermine également face à son aile gauche. Reviendront-ils sur la réforme des collectivités locales ? Reviendront-ils sur la réforme des retraites ? Et sur d’autres réformes entreprises par Nicolas Sarkozy ? En Clair il ne suffira plus de s’opposer, il va falloir s’expliquer. Il est tout à fait légitime de penser que ces explications vont entraîner une perte de l’électorat tant sur leur gauche que sur leur droite.
Et puis il y a les écologistes. Outre leurs différences d’appréciation avec le PS, sur en autre l’économie de marché et qui vont vite apparaître, il y a également de sérieuses divergences à l’intérieur même du mouvement écologiste entre les « verts » et « Europe écologie« . Daniel Cohn Bendit n’est pas favorable à une candidature écologiste en 2012. Il préfére un candidat commun venant du PS et obtenir en échange une cinquantaine de circonscriptions qui seront négociées au préalable. Cela me paraît d’ailleurs pour la gauche une très bonne stratégie. Cette position est contraire à celle de la tendance. Cécile Duflot qui veut que le mouvement écologique soit présent au premier tour de l’élection présidentielle.Cécile Duflot avait probablement la bonne stratégie après les élections européennes. Le résultat des élections régionales semble donner raison à la stratégie de Cohn Bendit. Autre différence de taille, Cohn Bendit n’est pas du tout favorable à la décroissance Maintenant nous allons donc tranquillement constater des frictions entre le PS et les écologistes, entre les socialistes eux mêmes et entre les écologistes.
Le parti socialiste outre ses différences qui sont nombreuses va devoir gérer avec Europe écologie à la fois le problème de la décroisance prônée par Cécile Duflot et le retour à l’auto gestion dont Cohn Bendit est un adepte je le cite » C’est aussi le moment de reposer au niveau social la question de l’auto gestion. Oui nous voulons retrouver les formes de travail collectives, nous devons retrouver avec les salariés la possibilité d’un contrôle collectif d’un outil de travail. »
Que nos concitoyens ne comprennent pas toutes les subtilités de la politique je le conçois et c’est la raison pour laquelle le PS arrive à faire illusion. Voilà un parti qui lors des élections régionales n’a cessé de répéter que les Françias allaient sanctionner un gouvernement incapable selon lui de juguler la montée du chômage et la baisse du pouvoir d’achat et qui s’allie avec un mouvement qui prône la décroissance, qui si elle est mise en oeuvre va mécaniquement entraîner une baisse de la consommation et par suite une montée du chômage et une baisse du pouvoir d’achat. Je n’ai pas entendu la majorité faire ressortir cette contradiction.
Un dernier mot enfin. Il est très probable (je peux me tromper, mais je le sens venir) que la gauche veuille laisser croire qu’à la suite des résultats des élections régionales, Nicolas Sarkozy n’a plus la légitimité pour engager des réformes. Ils vont essayer de le démontrer grâce à une méthode bien connue et qui est la pratique du sophisme. En réalité rien ne serait plus faux que cette assertion, car ce qui vient d’arriver au président de la République c’est un gros, un très gros avertissement. Les électeurs de droite viennent de lui rappeler ce pourquoi ils l’ont élu en 2007. Les réformes sur la retraite et la dépendance doivent non seulement ne pas subir de pause mais de plus être menées à terme. Si cela ne devait pas être le cas ce serait très mal interprété.
(1) Dans le livre noir des libertés publiques les socialistes dénoncent entre autre des entraves au droit d’amendement des parlementaires.
Un peu de retenue Martine. La majorité veut museler l’opposition dites vous. Elle n’a encore jamais fait ce que vous vous êtes permis. Rappelez vous …
Nous sommes le 14 novembre 1984 à l’Assemblée nationale – et par un véritable détournement de procédure – le Premier ministre, qui s’est fait poser une question orale par le président du groupe socialiste, y répond par une agression subite et véhémente contre l’opposition en dénonçant non seulement le programme à vrai dire bien sommaire du C.N.I., mais également les intentions qu’il prête au R.P.R et à l’U.D.F. Les représentants de ces groupes se voient refuser par Louis Mermaz le droit de répondre sur-le-champ à ces attaques, car il s’agit d’une question « sans débat« , et seul l’auteur a donc qualité pour répondre à Laurent Fabius…
Alors Martine vous dites aujourd’hui que la majorité empêche l’opposition de s’exprimer, mais bon sang de bon sang n’y a t-il personne dans cette foutue majorité pour vous rafraîchir la mémoire. Il y a un commentateur (trice) qui a dit que sur ce blog on devrait créer un numéro vert, mais il ou elle a raison.
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