Souverainisme et nationalisme

J’ai souhaité vous faire part de ma reflexion sur différents mouvements dont les grands médias parlent assez peu. Ils sont assez marginaux mais ils existent. Aujourd’hui : les mouvements souverainistes et nationalistes.

Avant de pousser cette reflexion, je suis tout d’abord allé sur Wikipédia et voici ce que l’on trouve: « Le souverainisme est une doctrine politique soutenant l’acquisition ou la préservation de l’autonomie politique d’une nation ou d’une région dans l’exercice de la souveraineté » et « Le nationalisme c’est le sentiment de vif attachement à la nation c’est-à-dire d’une grande exaltation de l’idée nationale ; c’est également une doctrine politique qui affirme la primauté de l’intérêt national, sur les intérêts particuliers de ses composantes d’une part et sur les intérêts des autres nations d’autre part. » voilà pour Wikipédia.

Un mouvement souverainiste, deux mouvements nationalistes

Le mouvement souverainiste est relativement récent. Il a  surtout été lancé contre l’idée de l’Union européenne. Ce mouvement défend la souveraineté de l’État nation face à tout ce qui est supranational et donc face à l’Union européenne. Je ne crois pas que les souverainistes puisssent être divisés et c’est la raison pour laquelle on en trouve à droite comme à gauche. Généralement aux extrêmes.

Au contraire des souverainistes, les nationalistes se divisent en deux camps suivant qu’ils fassent partie de ceux qui dominent par exemple les colons ou qu’ils fassent partie de ceux qui sont dominés c’est à dire les colonisés. C’est parce que je crois qu’il faut faire cette différence que la définition de Wikipédia sur le nationalisme ne me convient pas car elle ne définit que le cas des dominants, des colonisateurs. Effectivement pour ce camp on peu reprendre Wikipédia  » Le nationalisme c’est le sentiment de vif attachement à la nation c’est-à-dire d’une grande exaltation de l’idée nationale. » Mais ce nationalisme dominant n’est finalement ni plus ni moins que de l’impérialisme

Si on est dans le camp des dominés, c’est à dire des colonisés ou envahis, alors la définition de Wikipédia n’a plus de sens parce que qu’ici le nationalisme, et l’histoire peut fournir de nombreux exemples dont certains pas si lointain, devient une lutte pour l’indépendance par des gens qui veulent s’émanciper. On voit alors qu’on est plus du tout dans le même registre. On se souvient des mouvements de la Guadeloupe et les mots très durs employés par des guadeloupéens vis à vis de la Métropole, on le voit également en Corse où l’expression de « colonisés » est souvent employée. A tort, mais on ne peut empêcher les gens de le penser.

Les doctrines

Pour ce qui est du souverainisme, on ne peut pas comprendre les partisans de cette doctrine politique si on n’a pas en tête que le fondement du souverainisme c’est le principe de souverainété de l’État et l’indépendance nationale. Il faut se souvenir dans quel état de décomposition étaient les souverainistes quand Nicolas Sarkozy a décidé que la France allait réintégrer l’organisation militaire de l’OTAN. Le souverainisme veut reconstruire, remettre à jour le lien entre l’État et la souveraineté et c’est pourquoi on ne trouve pas dans ce mouvement de clivage politique, et c’est ce qui le différencie du nationalisme qui se divise en deux selon la position de dominant ou de dominé. C’est ainsi que des hommes et des femmes comme Jean Pierre Chevénement, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Marine le Pen peuvent se rejoindre sur certains aspects de la vie politique.

Je ne suis en revanche pas d’accord quand les souverainistes s’approprient la qualité de « républicain » car on peut tout à fait être républicain sans pour autant être souverainiste, ce qui par exemple est mon cas. La République n’appartient à un clan ou à un mouvement quelqu’il soit.

On peut aussi, et c’est encore non seulement mon cas, mais également celui de beaucoup de nos concitoyens, aimer son pays sans pour autant être nationaliste. Autant je comprends parfois le nationalisme des dominés car généralement ce que souhaitent ces gens c’est d’obtenir leur émancipation, autant j’ai horreur du nationalisme des dominants qui croit en des valeurs qui n’existent pas car ces gens s’imaginent s’identifier à la patrie alors qu’en fait ils s’idendifient à une allégorie de cette même patrie à laquelle ils attribuent leurs propres valeurs. On trouvent ces gens là à l’extrême droite. Aujourd’hui ils sont au Front national alors que dans les années 60 on les trouvait à « ordre nouveau« et on les reconnaissait à leur croix celtique. Ordre nouveau donnait dans la hiérachie des valeurs, de ses propres valeurs. J’ai eu l’occasion de connaître quelques uns de ses membres et croyez moi que le Pen est un tendre à côté d’eux.

Points communs et différences

les souverainistes et les nationaliste ont en commun de se retrouver dans leurs « ennemis extérieurs » parmi lesquel on trouve essentiellemnt la mondialisation, l’Europe et le libéralisme. C’est ainsi que peuvent se retrouver Marine le Pen et Nicolas Dupont-Aignan aux côtés de JP Chevénement..

Ils se différencient en ce sens que les nationalistes se trouvent en plus des « ennemis intérieurs » qui ne le sont pas pour les souverainistes et qui sont incarnés par les immigrés principalement ceux de religion islamique. Ce mouvement incarné par le Front national voit ce type de population comme des gens qui menacent l’intégrité nationale.

A noter que les nationalistes dominés ou colonisés (d’aprés eux) voient leur dominant ou colonisateur de la même façon. Lorsque Elie Domota le leader du LKP en Guadeloupre parlent des Békés, il ne prend pas de gants et les considére comme des ennemis de l’intérieur.

Ce que pensent les nationalistes des souverainistes

Le paragraphe précédent se justifie quand on connaît les positions de l’extrême droite envers les souverainistes. Voici ce que l’on pouvait lire lors des dernières élections européennes de la part de l’extrême droite  » L’idéologie souverainiste consiste à s’opposer au concept d’Europe fédérale, et s’incarne dans divers candidats : Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement, Charles Pasqua, etc. Si il s’agit d’une bonne idée à la base, il n’en demeure pas moins que le souverainisme est souvent synonyme de stérilité politique dans la mesure où sa problématique est plus que restreinte. S’opposer à l’Europe fédérale, très bien, c’est intéressant, mais largement insuffisant. Certains font cette grave erreur de confondre souverainisme avec nationalisme, or ces deux conceptions sont diamétralement opposées. Le nationalisme est une idéologique bien plus complète que le souverainisme. Contrairement au nationalisme, le souverainisme ne s’oppose pas au principe d’immigration zéro, il ne remet pas en cause la société cosmopolite de même qu’il ne remet pas en cause l’existence d’une structure supranationale. »

Souverainiste, nationalisme : différents, et pourtant…

Je me suis attaché à essayer de montrer la différence entre le souverainisme et le nationalisme et pourtant il existe le « national-souverainisme. » qui est une nouvelle notion développée par Justine Lacroix, philosophe et maître de conférences en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles. En France dit-elle c’est avant tout dans l’opposition aux formes prises par le processus d’intégration européenne que s’est forgé un courant d’idées qui puise ses sources d’inspiration loin dans la pensée politique du pays : celui du « nationalisme républicain de gauche », un mouvement resté longtemps marginal sur l’échiquier politique (1), mais qui a pris une ampleur inattendue dans le champ intellectuel, où il est illustré, notamment, par Paul Thibaud, Max Gallo, Emmanuel Todd, Pierre André Taguieff (2) et Régis Debray. Dans ce pays, la question européenne semble avoir été le catalyseur d’un réinvestissement, par une fraction de la gauche intellectuelle, du vocable de “nation” qu’elle avait, depuis la fin du XIXe siècle et les excès du boulangisme, abandonné à la droite en lui substituant celui, jugé moins agressif, de “patrie”. Ce retour en force de la nation dans les écrits et discours d’intellectuels de gauche témoigne du moins de leur volonté d’en revenir aux sources du « premier » (13) nationalisme français qui, à la fin du XVIIIe siècle, s’était confondu avec l’idée démocratique. Ils entendent ainsi rappeler qu’avant le mot de « République » ou même de « peuple », c’est celui de « nation » qui a inauguré la France moderne, en tant que bénéficiaire du vaste transfert juridique et émotionnel qui fit passer les attributs de la souveraineté et de la légitimité de la personne du roi à la collectivité des hommes concernés.

D’où le choix de l’expression « nationaux-souverainistes » qui vise à monter qu’ils estiment que l’État-nation doit rester le principal, pour ne pas dire le seul, lieu d’exercice de la souveraineté. Le terme de souveraineté ne doit pas être apprécié ici selon le degré d’indépendance de l’État sur la scène internationale mais bien en vertu du principe selon lequel « l’État ne tient sa force que du peuple qui l’a investi et le contrôle » Envisagée sous cette perspective – celle de la souveraineté populaire –, cette mouvance intellectuelle est réunie autour de l’idée centrale qu’on ne peut dissocier l’exercice de l’autonomie démocratique de son ancrage national historique.

Alors : souverainiste, nationaliste, national-souverainiste…

Personnellement je ne me situe dans aucune de ces mouvances, mais il est incontestable qu’elles existent.

(1) Où il est représenté par le Mouvement des citoyens (MDC) créé, le 30 août 1992, par Jean-Pierre Chevènement, Georges Sarre et Max Gallo

(2) Tous les quatre membres de la Fondation Marc Bloch, crée en mars 1998 par Emmanuel Todd et Philippe Cohen et rebaptisée Fondation du 2 mars

(3) Le nationalisme républicain de gauche”, celui des “révolutionnaires et des patriotes” dont la Commune de Paris, dressée contre un gouvernement jugé coupable d’avoir failli à sa mission de “défense nationale”, fut la dernière grande manifestation avant l’émergence d’un nationalisme conservateur

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*