Est ce la fin du cycle pour Ségolène Royal. L’ex-candidate à la présidentielle a eu de la difficulté à tourner la page du congrès de Reims. Elle l’a fait il y a quelques mois à peine lors la deuxième édition de sa Fête de la fraternité à Montpellier. Elle a compris ou admis que ses espoirs d’obtenir réparation devant la justice pour les fraudes supposées lors de l’élection de Martine Aubry à la tête du PS sont désormais enterrés. Les révélations du livre « Hold-up PS, arnaques et trahisons » l’ont apparemment révoltée ce qui explique que sa réaction ait été assez violente . Dorénavant Ségolène Royal va se concentre à son objectif principal et qui est devenu son unique objectif à savoir: défier à nouveau Nicolas Sarkozy en 2012. Mais pour y parvenir, il lui faut d’abord obtenir l’investiture socialiste lors des primaires de désignation du candidat et cette fois-ci, c’est loin d’être acquis. C’est la raison pour laquelle elle mise à nouveau sur son réseau désir d’avenir. Sachant qu’elle a peu de chance d’être désignée par son parti, elle va essayer à nouveau de le contourner.
C’est ainsi que dans le parc arboré du domaine de Grammont, ils étaient 2.000 militants à être venus l’écouter dans une ambiance de kermesse. Elle a appelé à » faire émerger ce siècle citoyen qui s’avance« , et telle qu’on la connaît elle a prêché la bonne parole à la façon d’un apôtre s’adressant à ses disciples : » Tous ensemble, nous accompagnerons le dépassement du Parti socialiste, nous créerons ce mouvement puissant et accueillant que tout le pays attend. »
De toutes façons c’est pour elle la seule solution car elle n’a en effet plus le choix. Comme elle est parfaitement consciente que le chemin menant à la candidature via le PS lui est fermée, elle doit à nouveau le contourner et par conséquent passer par l’extérieur. Pour cela rien de plus simple, elle va refaire exactement ce qui lui avait si bien réusi en 2006 et donc jouer sur le même registre, celui de l’opinion et de la victimisation. Pour s’en convaincre il suffit de l’écouter » Le microcosme parisien, dérouté par ma liberté de ton, par mon refus de m’assujettir à leurs codes, à leurs compromissions, a entamé la mise en accusation répétitive et obsessionnelle de la solitude « .
Si son registre reste le même, la situation, elle, a changé. En effet un certain nombre de défections se sont produites dans son entourage et non des moindres : Vincent Peillon et Manuel Valls. En ce qui concerne le premier nommé c’est plus qu’une défection puisqu’il a été exclu du mouvement de Ségolène Royale. Il y a peu, d’autres ont pris leurs distances comme François Rebsamen ou Aurélie Filippetti. Seul Jean Louis Bianco lui reste d’une fidélité absolue.
Ségolène Royal lutte avec d’autres pour apparaître comme la principale opposante à Nicolas Sarkozy. Cela l’a amenée à ne plus s’y retrouver dans ses prises de positions. C’est ainsi que la taxe carbone qui était à la pointe de son programme électoral en 2004 a été vivement critiquée lors de l’université d’été de La Rochelle. Elle a également complétement raté son site Internet de désirs d’avenir. Elle est sujette à critique au sujet de son nouveau compagnon qui lui imposerait des thèmes de campagne, on l’accuse donc d’avoir perdu une partie de sa personnalité. C’est ainsi qu’elle s’est sentie obligée d’intervenir contre dit-elle » des attaques et insinuations de toute nature visant sa vie privée » et elle a défendu son compagnon. « Je demande un minimum de respect pour ma vie privée et que cesse ce voyeurisme. » Tout ça, semble montrer que pour elle, le vent a tourné, il n’est plus porteur.
Le problème de Ségolène Royale, c’est qu’elle ne dirige pas le PS et c’est très compliqué pour elle. Elle a du mal à exister et puis Aubry s’en sort plutôt bien. Ségolène Royale a eu dés le départ un problème de crédibilité et depuis 2007 elle a accumulé les erreurs à un point tel que aujourd’hui ce problème de crédibilité est devenu un véritable boulet.
La seule chose de bien qui, pourrait lui arriver, même si elle ne le dira bien évidement pas, c’est que le PS échoue dans son ensemble aux élections régionales pendant que elle serait confortablement réélue. Elle pourrait alors se présenter comme le sauveur du parti socialiste. Mais il est probable que cela ne se passera pas ainsi. Le PS n’échouera pas aux élections régionales, au contraire. Par contre, en ce qui la concerne, si sa réélection ne fait aucun doute, elle peut ne pas être triomphale. Si elle veut rassembler sur son nom dés le premier tour, c’est qu’il lui faut être la première en terme de pourcentage de toutes les régions. Cela risque de ne pas être le cas. De plus, la menace des écologistes de se maintenir au second tour compromet même singulièrement une réélection à la majorité absolue et il évident qu’une élection à la majorité relative ne la mettrait pas dans le peloton de tête des élus et fragiliserait ainsi un peu plus sa position au sein du PS.
Elle essaie d’imposer, apparemment sans succés, à Nicolas Sarkozy ses propres sujets. C’est ainsi qu’elle lui a demandé lors d’un discours » d’accorder enfin un peu ses violons, ses actes à ses paroles, ses belles déclarations d’intentions à ses décisions politiques. « Elle se moque du « microcosme parisien. » qui dit-elle » ne supporte pas sa liberté de ton et son refus de s’assujettir à leurs codes, à leurs compromissions. » et d’ajouter en s’adressant aux militants » Comme si quelques notables de la politique, en attente de jours meilleurs et allant faire leur marché ailleurs, comptaient davantage que vous tous. » Et, si on a quelques doutes sur son envie de contourner le PS elle ajoute » Oui, tous ensemble, nous accompagnerons le dépassement du Parti socialiste. Nous créerons ce mouvement puissant et accueillant que le pays attend. » Ajouter à tout ça un zest de démagogie sous la forme « Je ne me sens pas seule, Je crois à la force citoyenne « , a-t-elle affirmé. « Vous, ici, vous êtes heureux, vous êtes la France qu’on aime. »
La présidente du conseil régional de Poitou Charente a démarré sa campagne en bousculant ses alliés écologistes, en semant la perturbation au Modem et en affichant son indépendance vis-à-vis du Parti socialiste écrivait le journal « le Monde « . « Ici, c’est moi la patronne et je compose ma majorité en fonction des intérêts de la région« , lance-t-elle. Qu’on se le dise, Mme Royal n’a pas l’intention de s’afficher aux côtés de la première secrétaire. »Pas question d’organiser un Rezé-bis« , précise-t-elle, allusion au meeting de réconciliation que les deux femmes avaient tenu près de Nantes avant les élections européennes.
Royal n’a cessé de jouer à la mauvaise perdante, s’octroyant une légitimité qu’elle n’a pas, prenant des initiatives incongrues sur le plan international, recherchant les coups médiatiques et se révélant à l’intérieur du Parti socialiste comme un facteur de division quand le maître-mot est la recherche de l’unité. Il serait désobligeant et de toutes façons bien aventureux de dire que la carrière nationale de la présidente du Poitou est terminée. Mais il ne me paraît pas raisonnable de lui donner encore une chance d’être présidente de la France. Elle devra se contenter de présider la région Poitou-Charente.
On sait que Ségolène Royale était sur les bancs de l’ENA avec Dominique de Villepin et qu’ils ont de la sympathie l’un pour l’autre. L’ENA n’est pas leur seul point commun. Ils ont tous les deux un pouvoir de nuissance, l’un envers le PS et l’autre envers Nicolas Sarkozy. En 2012 ce point commun pourrait les amener l’un et l’autre à contourner leur parti pour se présenter devant les Français.
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