Nous y revoilà. Avec la Guadeloupe, l’Algérie et aujourd’hui l’Afrique noire on ré entend certains mots tels que « colonisation » ou « repentance ». Nous aurions non seulement colonisé la Guadeloupe et la Martinique, l’Algérie et l’Afrique noire mais de plus nous devrions nous en repentir. Je ne vais pas développer la notion de colonisation, par contre je souhaite écrire quelques lignes sur cette notion de repentance chère à un certain milieu de nos concitoyens.
La repentance n’est en aucun cas une notion juridique. Pour une raison simple, c’est que ne sont justiciables que les personnes qui ont commis un acte et elles seules. Leurs descendants ne peuvent en aucun cas être justiciables d’actes qu’ils n’ont pas commis car ils n’en sont pas responsables. Si la repentance n’est pas une notion juridique est ce pour autant une notion d’ordre moral ou religieux ?
On sait que dans un passé récent et dans un autre plus lointain l’église n’a pas toujours tenu son rôle. C’est Jean Paul II qui a reconnu publiquement les fautes de l’église et qui a employé le terme de « repentance ». Il voulait dire par là qu’il regrettait les actes commis par elle. J’aurais personnellement préféré le terme de « repentir » qui me paraît plus approprié sur le plan théologique. Lorsque les chrétiens vont se confesser il font un acte de repentir et non pas de repentance et le confesseur après leur avoir donné l’absolution leur impose une pénitence.
Selon la bible, au livre de la genèse, Dieu a créé le premier homme Adam, puis lui a donné une femme Eve. Malgré l’interdiction elle se laissa tenter par le serpent et mangea le fruit défendu, puis en donna à Adam. Cette premiere faute commise fut qualifiée de péché originel. Cette doctrine de la théologie chrétienne veut que tout être venant au monde soit entaché de ce péché et qu’il doive en supporter les conséquences. Il ne peut sans libérer que par le baptême. Personnellement j’aurais tendance à assimiler la repentance à ce péché originel c’est à dire à faire retomber les fautes de nos devanciers sur toutes les générations à venir. C’est à mon avis tout à fait anormal car c’est donner une caution morale à celui qui est considéré comme l’offensé sur les futures générations issues de celui considéré comme l’offenseur et ce n’est pas admissible. Les générations qui suivent peuvent agir pour obtenir une réconciliation mais n’ont en aucun cas à faire acte de repentance pour des actes qu’ils n’ont pas commis.
Un article de l’hebdomadaire « l’express » du 12 décembre 2005 traitait cette notion de repentance. Vichy et la torture durant la guerre d’Algérie en ont été des exemples, Maurice Papon et le général Aussaresses les coupables expiatoires, Jacques Chirac un praticien malchanceux. Avec son discours sur les rafles du Vel’ d’Hiv’ le 16 juillet 1995, il ne clôt pas la polémique sur la responsabilité de la France dans la déportation des juifs qui sera relancée lors du procès Papon. D’ailleurs, se repentant à Madagascar, en juillet 2005 pour les massacres de 1947, il reçoit un accueil glacé. De même, Lionel Jospin, en novembre 1998, réhabilitant les «fusillés pour l’exemple» des mutineries de 1917, échauffa les esprits plus qu’il n’apaisa les mémoires. A chaque fois, la repentance atteint le but contraire à son intention: voulant réconcilier, elle déchire; recherchant le consensus, elle récolte la polémique.
En définitive il me semble que la repentance est un nouveau mal français qu’une certaine intelligentsia veut nous imposer en pointant sur nous un doigt accusateur comme elle le fait, par exemple, en ce qui concerne la colonisation, omettant bien entendu de nous dire toute la vérité à savoir qu’elle n’a pas eu que des effets négatifs, loin s’en faut.
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