Lors de son cours séjour aux Etats-unis, j’ai trouvé Nicolas Sarkozy assez « gonglé« . Il s’est permis de donner une leçon au pays le plus puissant du monde en disant je cite : « je sais bien que quand un français vient ici, il est toujours suspect, est ce qu’il n’est pas un peu protectionniste, est ce qu’il n’est pas un peu socialiste, est ce qui est assez libéral. Je vais vous dire une chose en demandant la régulation du capitalisme, je pose les bases qui sauveront le capitalisme. L’idée que cela fasse une telle violence que les plus pauvres d’entre vous ne soient pas laissés dans la rue, seuls face à la maladie, excusez moi mais nous cela fait 50 ans qu’on a résolu le problème « . Honnêtement faire la leçon aux américains qui plus est sur le sol, c’est ahurissant.
Alors une nouvelle fois avec Nicolas Sarkozy il faut distinguer le fond et la forme. Sur le fond il a plusieurs fois raison. Il a raison sur la couverture maladie car il était temps que ce pays s’occupe des 50 millions de personnes qui n’en avait pas, il a raison de dire que la finance doit être régulée et il a encore raison de mettre en cause la gouvernance des Etats-Unis qui veulent tout gérer sans s’occuper de leurs partenaires. Il a donc raison sur de nombreux points mais aller chez eux pour le leur dire et leur faire la leçon c’est à mon avis assez maladroit. Cela l’est d’autant plus quand on connaît un peu les Etats-Unis et que l’on sait que le principal défaut que nous trouvent les américains c’est notre arrogance ce qu’ils appellent « l’arrogance française« . Je crois que Nicolas Sarkozy n’avait pas besoin d’en rajouter une couche.
Nous sommes là en plein sarkozysme et le président de la République ne se refera pas, il est comme ça. Cela a un effet dévastateur car il donne une mauvaise image de la France sur le plan international. Je crois que quand un chef d’Etat se déplace à l’étranger, il peut, voire même il doit aborder les problèmes internationaux. En revanche ce même chef d’Etat qui répond à l’invitation d’un autre chef d’Etat n’est évidemment pas invité pour donner des leçons de politique intérieure à son hôte. Cela ne se fait pas et c’est du savoir vivre. Imaginons un seul instant que le président des Etats Unis vienne chez nous à l’invitation du chef de l’Etat et qu’il nous fasse la leçon sur le bouclier fiscal ou autre sujet. Que dirait-on si Barak Obama lors d’une réception à l’Elysée se mettait à faire la leçon sur la façon dont est menée la réforme des retraites.On imagine facilement le tollé qu’il s’en suivrait.
On ne doit d’autant pas se mêler des affaires intérieures d’un autre pays que les cultures sont différentes. Moi qui suis un grand amoureux des Etats-Unis d’Amérique et qui connaît un peu les américains je peux dire qu’il y a de nombreux américains qui ne comprennent pas cette réforme voulue par le président Obama pour une raison simple, c’est que ce n’est pas dans leur nature alors que à nous français cela nous paraît tellement normal qu’on ne comprend pas pourquoi cette réforme n’a pas été faite plus tôt. Par conséquent quand on va dans un pays étranger qui a une culture différente de la notre on ne va pas chez eux leur faire la morale.
Pourtant, jamais on a eu un président aussi américanophile que Nicolas Sarkozy. Ceci dit , on ne s’est jamais fait aucune illusion sur Obama car on savait qu’il serait avant tout un président américain et qu’il traiterait les problèmes américains en premier et c’est normal. Les deux hommes ont tout pour s’entendre mais ils sont totalement différents dans leur comportement et dans leur façon d’être. Et puis il y a tout de même des différences : la main tendue vers l’Iran de la part des Etats-Unis, les renforts en Afghanistan, le sommet climatique à Copenhague sujets sur lesquels la France a eu l’impression que les États-Unis la lâchaient. A l’inverse la France vient de vendre un navire de guerre à la Russie ce que n’ont pas particulièrement aimé les Etats-Unis. Si les Etats-Unis ne sont pas des partenaires faciles, force est de constater que dans les périodes cruciales et je pense en particulier aux deux guerres mondiales, les américains ne se sont jamais trompés de camp et ils ont toujurs été des partenaires loyaux. Plusieurs cimetières américains situés sur notre sol sont là pour en témoigner.
Ceci dit sur un plan beaucoup plus général et sur la politique vis à vis des États-Unis, on a enfin un président français qui, comme le dit Bernard Henri Levy, ne se croit pas obligé de se dresser sur les ergots du petit coq gaulois pour dire que l’amérique c’est l’ennemi. Bien sûr il y a bien ici ou là des frictions mais globalement on est enfin sorti de cette situation absurde où l’on avait deux pays qui partagent les mêmes valeurs et qui se vivaient comme des espéces de rivaux en universel dans un bras de fer qui était un peu grotesque. L’anti américanisme est une passion française, une passion politique fondamentale, ce n’est pas juste une excroissance de l’idéologie française, c’est un noyau dur de ce qu’il y a de pire dans la pensée politique française, c’est un attracteur du pire. L’anti américanisme c’est un aimant en France et c’est un aimant qui attire le pire. C’est ainsi, on peut en retracer l’historique depuis l’extrême droite des années trente jusqu’à l’extrême gauche d’aujourd’hui parce que l’anti américanisme est né à l’extrême droite et il transite à l’extrême gauche, c’est un attracteur du pire. Un attracteur du pire de cette force là et de cette séduction là font, c’est vrai, qu’une hirondelle Obamienne ne va pas faire le printemps de la fin de cette vieille passion française et ça il fallait s’y attendre. Il y a eu, à la suite de l’élection d’Obama, quelques mois d’extase et de génuflexion obligés, les vieilles habitudes reprennent vite le dessus, le premier faux pas est en effet sanctionné. Les français ont un peu de mal à comprendre que lorsque simplement Obama donne l’impression de trop faire de concession aux républicains c’est tout simplement parcequ’il est le président d’une grande démocratie et avec de vrais contre pouvoirs.
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