Réforme de la FIFA : de la parole aux actes ?

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SESSION ORDINAIRE DE 2016 – 1ère partie – 
COMPTE RENDU de la deuxième séance du lundi 25 janvier 2016 à 15 heures


Je suis intervenu dans le débat libre pour dénoncer la dérive du système de la FIFA, 4 ans après la présentation d’un rapport devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe destiné à alerter :

(…) M. ROCHEBLOINE (France) – « Ici même, le 25 avril 2012, je défendais mon rapport sur la bonne gouvernance et l’éthique du sport. Quatre années se sont bientôt écoulées : qu’est-ce qui a changé ? Si la Fédération internationale de football – la Fifa – nous montre bien qu’elle cherche à se réformer, que retiendra-t-on en faisant le bilan du temps passé ? Quatre années ! II s’agit de quatre années difficiles. Chacune d’entre elles a donné un peu plus l’image d’un football déconnecté de la réalité, d’un football bafoué, d’un football méprisé.

Rappelons-nous, l’an dernier, les arrestations de membres de son comité exécutif faisant la une des journaux du monde entier. Ces images ont profondément heurté les opinions publiques en Europe, désormais convaincues de l’existence d’un système de corruption et de blanchiment d’argent.

APCEsessiond hiver2016

Le Conseil de l’Europe est dans son rôle lorsqu’il lutte contre les pratiques illégales car elles sont autant de graves menaces pour nos démocraties.

La Fifa évoque de prétendus investissements directs dans le football en citant la construction de sièges de fédérations, sachant que l’organisation à elle seule d’une coupe du monde représente la moitié des dépenses quadriennales de la Fifa, soit plus de deux milliards de dollars ; où sont les projets sociaux, culturels ou éducatifs en lien avec la pratique sportive ?

Le football est le sport le plus populaire de la planète et 1’Europe en est le berceau. Ne le laissons pas sombrer ! La Fifa doit revoir en profondeur sa position.

En ces temps difficiles pour la France, l’Europe et le monde, le football, ce loisir presque insignifiant aux yeux de la politique, n’en occupe pas moins une place importante dans la vie de bon nombre de nos concitoyens. Albert Camus nous disait même qu’« Il n’y a pas d’endroit dans le monde où l’homme est plus heureux que dans un stade de football », et il avait raison !

Lorsque Michel Platini vise publiquement l’indépendance de la commission d’éthique de la Fifa, cela ne devrait-il pas interpeller le mouvement sportif dans son ensemble ? Les fédérations sportives sont-elles les mieux à même de juger des infractions à l’éthique et aux valeurs ? Face à l’ampleur et la complexité des mécanismes en cause, ont-elles les moyens de déceler les actes de corruption et les conflits d’intérêts ? L’injustice, même lorsqu’il s’agit des loisirs, est inacceptable.

L’éthique et les valeurs sont, de surcroît, des notions très subjectives : est-il légitime d’en laisser l’appréciation à la seule Fifa ? Ne faudrait-il pas que la commission d’éthique soit rattachée à une institution extérieure comme la nôtre ? Le Conseil de l’Europe a l’expertise et les compétences en la matière.
J’ajoute par ailleurs que le président de la commission des réformes de la Fifa est loin d’être neutre et indépendant à l’égard du président Blatter.

Faut-il rappeler que les critiques formulées par la FIFA au Conseil de l’Europe le 14 janvier 2015 ont été validées dans deux courriers de 2012 et 2014 signés par Jérôme Valcke, qui vient d’être limogé ce mois–ci pour violation du code d’éthique : manque de « loyauté », « conflit d’intérêt », « acceptation et distribution de cadeaux et autres avantages ». Rien de moins !

Combien de temps encore la FIFA va-t-elle échapper au contrôle des juges ? Est-elle au-dessus des lois ? Un délit sportif est un délit, et il doit être jugé par un tribunal. C’est une question de principe, qu’il est de notre devoir de rappeler inlassablement entre ces murs, car il en va de la défense du droit et de l’Etat de droit. Et pour tous ceux qui aiment le football, ce très beau sport, c’est bien entendu lui rendre ses lettres de noblesse que d’invoquer ses valeurs et ses fondements éthiques.

Lien sur le site de l’APCE : http://assembly.coe.int/Documents/Records/2016/F/1601251500F.htm

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