
J’avais, pour aujourd’hui prévu un autre billet mais les événements en ont décidé autrement. Comme beaucoup sans doute, je trouve les mutations du Préfet et d’un commissaire de la Manche sévères, voire très sévères, peut être même disproportionnées et surtout maladroites. Aussitôt le PS est monté au créneau pour attaquer celui qui selon eux « tranche sur tout » en ajoutant cette fois ci « le fait du Prince »; je me suis dit : « non pas eux, c’est pas possible« . Alors j’ai changé mon fusil d’épaule, rassemblé mes souvenirs pour mettre encore une fois les choses au point. Pourquoi ? A cela une raison, c’est que les socialistes connaissent mieux que quiconque ce qu’est le « fait du prince ».
Sous le régime du septennat s’il y a un président qui s’occupait de tout c’est bien François Mitterrand. L’homme qui a probablement le plus combattu la constitution de la Véme république voulue par le général de Gaulle est celui qui en a le mieux endossé les habits.
Serge July, un des fondateurs de « Libération » et éditorialiste politique n’est pas a proprement parlé quelqu’un que l’on pouvait qualifier d’opposant au président de la République. C’est pourtant lui qui va écrire » Jusqu’à la nomination de Laurent Fabius, François Mitterrand occupe tous les pouvoirs : président, ministre des Affaires étrangères, Premier ministre de fait, secrétaire d’État à l’industrie (lorsqu’il décide et annonce le nouveau plan sidérurgie), tout en restant le principal responsable du PS, puisque tous les hiérarques du parti sont reçus officiellement à l’Élysée plusieurs fois par semaine. »
François Mitterrand décidait de tout, il assumait toutes les tâches, toutes les responsabilités. Lorsque Jacques Delors a voulu baisser le taux d’épargne du livret A c’est Mitterrand qui s’y est opposé, lorsque Pierre Bérégovoy a voulu ,pour certains actes chirurgicaux, faire payer les patients à hauteur de 20% c’est Mitterrand qui s’y est opposé. Lors de la création, en novembre 1985, de la cinquième chaîne, la haute autorité de la communication audiovisuelle a émis un avis défavorable au cahier des charges, Mitterrand est passé outre, de plus il a décidé seul de l’attribution, et qui plus est sans aucun appel d’offre, à Silvio Berlusconi et au fils de son proche ami Jean Riboud malgré la fureur de Jack Lang. C’est encore seul qu’il a décidé du choix de l’architecte du Grand Louvre ainsi que de la matière et de la forme de ce monument.
Personne avant lui n’avait exercé un tel pouvoir. François Mitterrand a exercé ses fonctions de président de la République tel un monarque qui décidait de tout et ne rendait de comptes à personne et ce, à un niveau tel que « le Point » avait fait de l’un de ses titres « la sociale monarchie« .
Personne n’a osé dire quoique ce soit lorsque F Mitterrand, après avoir choisi ses invités et amis, utilisait le Mystère 50 officiel de la République pour les emmener dans un restaurant de Venise ou de Madrid pour fêter la réussite à un examen de Mazarine. Personne n’a trouvé à redire quoique ce soit lorsqu’il a confié les Affaires africaines, domaine pourtant ultra réservé, à son fils Jean Christophe. Personne n’a trouvé à redire lorsqu’il faisait suivre, dans le moindre de ses déplacements, par des policiers de la République sa fille cachée Mazarine. Personne n’a trouvé à redire quoique ce soit lorsqu’il a utilisé toute une aile de l’Elysée où les deniers de la république pour installer sa seconde famille dans un appartement d’Etat situé quai Branly . Personne n’a trouvé à redire quoique ce soit lorsqu’il a utilisé un hélicoptère pour aller récupérer le chat que sa fille avait oublié. C’est quand même autrement plus grave qu’une « bouffe » au Fouquet.
Qui connaît, non pas monsieur Besson mais le superbe manoir de Souchy-la- Briche, résidence d’Etat, dans laquelle cette seconde famille venait passer les week-end une fois encore au frais de la République et des contribuables parceque le président l’avait décidé.
Nicolas Sarkozy est encore loin du compte s’il veut ne serait ce que égaler ce monarque que fut François Mitterrand et l’usage qu’il fit des deniers de la République. Entendre les socialistes se plaindre que N Sarkozy décide seul alors que pendant quatorze ans les mêmes socialistes se sont pliés au bon vouloir de Mitterrand, que pendant quatorze ans ils ont fermé les yeux sur les dépenses inconsidérées du président. Dire qu’ils ont été scandalisés parceque Cécilia possédait une carte bancaire alors que pendant quatorze ans le contribuable a payé les fantaisies de la « Princesse » Mazarine. De voir ces gens là jouer les vierges effarouchées, on a envie de se frotter les yeux tant on croit rêver.
Encore une fois les socialistes se posent en donneurs de leçons dans un domaine où il n’ont pourtant rien à apprendre de l’actuel locataire de l’Élysée tant ils ont soutenu leur mentor dans ses délires inassouvis de monarque à qui rien ni personne ne devait résister.
Mais les accusations les plus graves portées à l’encontre de François Mitterrand premier et seul président de gauche de la Véme République l’ont été par l’un de ses anciens Premiers ministres Michel Rocard qui en 1998 déclare dans un premier temps » Mon vrai problème, c’était que mitterrand n’était pas un honnête homme » puis plus tard dans une seconde déclaration et à propos de Mitterrand et de son entourage » Si j’ai accepté voila dix ans le poste de Premier ministre c’était pour avoir une fonction de protection de mon pays devant certaines orientations ou dérives possibles« .
Terrible accusation qui mit la France en émoi. De quelles orientations, de quelles dérives voulait-il parler ? Avec Sarkozy tout se sait ou presque, sous Mitterrand et les socialistes c’était « l’omerta ». Que diraient les socialistes si aujourd’hui on retrouvait, comme en ce 7 avril 1994 un cadavre au Palais de l’Elysée.
Si Nicolas Sarkozy veut un jour égaler les socialistes en matière de magouilles, de revirement, de cynisme, de fichage… il a encore du chemin à faire, ne leur en déplaise.
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