Martine Aubry a donc dévoilé son programme en matière de retraite. Peu ou pas de surprise, on taxe et on retaxe, et on s’en prend au capital. A priori donc pas de surprise sauf que à la lecture on s’aperçoit que ce sont les classes moyennes qui une nouvelle fois seront (si le PS vient aux affaires) les victimes toutes désignées. Déjà dans les années 90, souvenez vous, ce sont les socialistes qui en voulant s’en prendre « au capital » ont taxé à hauteur de 10% les intérêts des PEL (plan épargne logement), mesure toujours en vigueur, comme si ceux qui possédent ce type de livret représentent le capital. D’aprés ce que j’ai cru comprendre aujourd’hui pour le PS, les assurances vie feraient partie du « capital » et seraient donc à leur tour taxées. En fait les socialistes se rendent bien compte qu’il y a peu de grosses fortunes et que de les taxer rapporterait finalement peu (voir l’ISF) et surtout beaucoup moins que de taxer les classes moyennes qui ont un plan épargne logement ou des assurances vie (parfois les deux) car cela représente des millions de personnes touchées et là ça peut rapporter gros.
La majorité a vu la faille et s’y est immédiatement engouffrée en lançant une contre offensive qui s’est faite en trois phases :
Tout d’abord à l’Assemblée nationale avec un François Fillon offensif qui répond au PS » Vous proposez d’abord une avalanche d’impôts nouveaux et en particulier une avalanche d’impôts nouveaux sur les classes moyennes. Mais comme cela ne suffit pas, il vous faut aussi inventer des recettes virtuelles. Je prends quelques exemples : 2 milliards d’euros prélevés sur les stocks options et sur les bonus. 2 milliards d’euros messieurs et mesdames les députés sur une assiette de 2milliards 700 millions d’euros c’est à dire un taux de 70%, autant dire que cette recette là, vous l’aurez une fois, une année ,mais pas deux. »
Rue de la Boétie avec Xavier Bertrand c’est la seconde phase. « Le PS est irresponsable, son projet est anti social et anti économique « il y a une addition, une avalanche de cotisations, de taxes et d’impôts et malgré cela, le compte n’y est pas. Malgré cela le PS n’est pas en mesure de proposer une réforme des retraites crédible parce que le PS n’est pas crédible. Il propose des recettes qui n’existent pas ou qui n’existeront plus au bout d’une année. »
Pour la troisième phase, il faut revenir à L’Assemblée nationale avec Jean François Copé qui bien qu’affichant son unité avec le parti et avec le gouvernement annonce déjà deux mesures radicales « notre idée, c’est de relever progressivement l’âge minimum de départ en retraite et d’augmenter par étapes la durée des cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Il y a donc 2 éléments : l’âge légal et la durée de cotisations. »
La famille UMP va se réunir mardi prochain 25 mai pour une convention sur les retraites, occasion à deux ans des présidentielles de renouveler avec le slogan cher à Nicolas Sarkozy « ensemble tout est possible. »
François Fillon a été très bon et il a tapé sur le point sensible, là où ça fait mal, mais ce qui est délirant dans ce projet et au delà des impôts nouveaux et virtuels c’est que le parti socialiste fait un véritable déni de réalité, il nie l’évolution démographique car le problème des retraites il est bien là, c’est un problème démographique. Aussi, quand certains à gauche, à droite ou ailleurs disent qu’on ne peut pas prévoir, que l’on ne sait pas et bien non, c’est faux et c’est surtout nous prendre pour des demeurés parce que s’il y a un phénomène qu’on est bien capable de prévoir c’est celui qui se rapporte à la démographie. Martine Aubry et d’autres caciques du PS ont une peur panique de transgresser le tabou du recul de l’âge légal de la retraite. C’est cette peur panique qui les pousse a bâtir un barrage de protection constitué à la fois par l’augmentation des impôts existants, par la création d’impôts nouveaux et ausssi, et il fallait oser, par la création d’impôts virtuels. Néanmoins, tel face un tsunami le déni de réalité démographique fait que ce barrage ne tiendra pas, il finira par céder et rapidement car il n’est pas bâti sur de bonnes bases. Les socialistes sont totalement déconnectés de la réalité, on se demande dans quel monde ils vivent.
Les socialistes ne cessent de critiquer Nicolas Sarkozy qui a fait du « bouclier fiscal » un de ses marqueurs et il ne se passe un jour sans qu’ils y reviennent. Mais ils ont exactement la même attitude avec l’âge de la retraite. C’est un marqueur, c’est le symbole de la gauche des années Mitterrand et il n’est pas question d’y toucher. Mais il suffit de parler un peu avec les socialistes pour se rendre compte qu’ils sont conscients individuellement que sur le plan économique, la réalité démographique fait que le programme du PS est tout à fait théorique et que c’est absurde.
Les socialistes ménent un combat complétement obsoléte car effectivement il faut allonger la durée de l’âge de la retraite, et à gauche on le sait parfaitement, sauf que, et je me répéte, à l’instart du bouclier fiscal c’est une mesure phare, c’est une mesure symbolique à laquelle on ne touche pas. Mais tous ne sont pas d’accord. Jack lang a qualifié le programme du PS comme étant « un programme sans vision de la société. C’est un programme qui aurait pu être écrit il y a 10 ans. » Gérard Collomb est également très sévère avec Martine Aubry » Son projet n’a pas d’arête forte« . De plus Collomb est favorable au report de l’âge légal de la retraite au-delà de 60 ans. On peut également citer Manuel Valls et Malek Boutih qui sont sur la même ligne. Et hier soir Dominique Strausss-Khan a émis de sérieuses réserves. » Si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il va bien falloir que d’une manière ou d’une autre ça s’ajuste. Dans beaucoup de pays, c’est la voie qui est choisie« . En une phrase DSK prend deux fois le PS à contre pied. D’une part il ne fait pas de la retraite à 60 ans un dogme et d’autre part il désavoue Martine Aubry qui a dit que ce n’est pas parce que d’autres pays repoussent l’âge de la retraite que la France doit suivre. Au PS, ça commence à faire du monde qui ne pense pas comme Martine Aubry. Alors j’ignore si c’est dans les gènes du PS de vouloir avoir raison contre tous et d’aller ainsi à contre courant de ce que font les autres, mais Martine Aubry me rappelle François Mitterrand lorsqu’il avait dit lors de sa première conférence de presse le 24 septembre 1981 » Notre politique va à contre courant d’une politique répandue dans le monde occidental. Nos voisins finiront par regarder de notre côté en se disant que après tout, puisque toutes les issues sont bouchées, celles qu’ouvrent la France ne sont peut être pas si mauvaises « . On connaît la suite.
En fait, il ne s’agit même pas du fond du débat parce que le fond du débat n’est pas fini et on voit bien que les choses sont entrain de se cristalliser entre droite et gauche. Bien sûr l’aspect concret, l’aspect économique peuvent être débattus pendant bien longtemps mais ce n’est pas le fond du sujet. Le fond du sujet c’est une approche politicienne, il s’agit de rassembler. En fait les élections présidentielles ont déjà commencé.
Que la majorité ait perdu les élections intermédiaires ne me paraît pas tellement inquiétant. Je n’oublie pas que en 2007, Ségolène Royal qui représentait le parti socialiste n’a fait que 47% et j’ai de gros doutes qu’avec un tel programme, avec un tel deni de réalité, avec des idées dépassées, les français fassent confiance à ces gens là pour les gouverner. Je pense que les socialistes se discréditent, je crois qu’ils sont entrain de démontrer qu’ils ne sont pas qualifiés pour diriger un pays comme la France. Comme je l’ai entendu de la part d’un journaliste, le problème du PS est un problème de fond énorme, c’est à dire qu’avant il regardait la réalité en face et il apportait des solutions à cette réalité qui étaient des solutions souvent démagogiques mais qui étaient des solutions compréhensibles alors que aujourd’hui le problème du PS c’est que il est toujours dans ses solutions démagogiques mais qu’elles sont devenues incompréhensibles. De plus le parti socialiste ne regarde pas les réalités en face, c’est à dire qu’il est dans le déni de réalité permanent et ça, les français le constatent. Par ailleurs le PS se met en dehors du monde par rapport à tout ce qui se passe chez nos voisins et notamment chez les socialistes européens.
D’autre part, que ce soit la gauche ou même la majorité, tous font des confusions A partir du moment où on parle de taxes, de prélévements, d’impôts (nouveaux ou pas) cela n’a rien à voir avec la retraite. Tout ce qui s’appelle « taxe » reléve de la fiscalité et sur ce sujet tout est à revoir. Il faut revoir de A à Z toute la fiscalité qui est devenue complétement obsoléte et qui de plus est injuste. Et quand je dis toute la fiscalité, ce sont les impôts sur le revenu, les impôts fonciers, la taxe d’habitation.
Je comprends que les gens soient attachés à la retraite à 60 ans, je comprends qu’ils veuillent vivre et même bien vivre mais cela a un coût et là, plus personne ne veut payer. Aujourd’hui la durée de vie augmente de un trimestre tous les ans. Martine Aubry ne tient pas un discours de chef d’Etat parce que une attitude chef d’Etat c’est être responsable, et c’est au moins de tenir un discours responsable, c’est prendre en compte la situation, c’est faire preuve de réalisme. Martine Aubry n’a rien de tout ça.
Que l’on soit de gauche, de droite ou du centre, on se doit de s’incliner devant la réalité. Le PS le sait et quand on entend Martine Aubry faire sa plaidoirie sur le symbole des 60 ans, elle nous fait un numéro d’une belle hypocrisie. Elle ne veut pas toucher à l’âge légal de la retraite, mais nous dit qu’il faudra cotiser plus longtemps sans apporter d’autres précision. On sait que de nos jours l’âge moyen de départ à la retraite est déjà de 62 ans. Selon la position du curseur concernant la durée des cotisations, la retraite à 60 ans à taux plein sera de fait supprimée.
Enfin une étude a démontré que si en 1982 l’âge légal de la retraite n’avait pas été abaissé de 65 à 60 ans et bien aujourd’hui les régimes de retraite seraient exédentaires et ça c’est le passé et non de la prospection. On est donc parfaitement capable de le calculer, ce qui a été fait. Or en 1982 et comme aujourd’hui d’ailleurs les socialistes ont complétement ignoré la démographie.
L’histoire montre que si les socialistes ont été à l’origine de nombreuses avancées sociales, elles ont généralement été financées par leurs successeurs. Les socialistes ont en 1982 décidé de la retraite à 60 ans, Lionel Jospin Premier ministre a refusé, en 1997, d’engager un quelconque début de réforme pour ne pas nuire à sa candidature à l’élection présidentielle et c’est aujourd’hui le gouvernement de Nicolas Sarkozy qui doit assumer. Nos concitoyens ne sont pas idiots, ils observent et font la différence entre le réalisme politique, le courage politique et la démagogie.
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