Pourquoi tant de haine (2éme volet)

« Il y a des jours ou trop c’est trop« , c’est ce qu’on se dû se dire beaucoup d’électeurs de droite confrontés au retour en force d’une chronique qu’ils espéraient révolue tant elle avait empoisonné leur rapport à la politique jusqu’à les en détourner parfois. C’est ainsi que débute un article d’ Eric Brance dans Valeurs actuelles.

Les quinquagénaires se souviennent parfaitement des périodes où la droite s’est auto détruite. C’est l’élection présidentielle de mai 81. Valèry Giscard d’Estaing est le président sortant. Il a deux adversaires: à gauche François Mitterrand pour le PS et à droite il y a Jacques Chirac pour le RPR. Chirac va faire une campagne trés agressive non pas contre Mitterrand mais contre Giscard d’Estaing à qui il n’a jamais pardonné. Il le fera battre au second tour. C’est la remise en marche de cette machine à perdre, c’est à dire cette lutte fraticide entre les ténors d’un même parti qui ne pensent qu’à une chose c’est de tuer l’autre pour prendre sa place. La gauche a aussi connu ce genre d’événements. Aujourd’hui, c’est peut être ce qu’on est entrain de voir revenir à droite avec cette opposition frontale entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. La plupart des observateurs et je suis d’accord avec eux accordent peu de chance à DDV de devenir président de la République en 2012, en revanche il a une chance ou un risque (selon la position des uns et des autres ) de faire battre le président sortant dans une logique du tout sauf Sarko comme on l’a connu en 2007. Pour cela il emploie la méthode Bayrou qui consiste à pilonner au maximum et sur tous les sujets le Président. On vient de le voir à nouveau lors de sa conférence de presse. Il est très probable que cela ne méne nulle part parce que ce sont les socialistes qui en tireront les marrons du feu.

Bien sûr, il y a eu d’autres duels terribles à droite : Giscard / Chaban en 74, Giscard / Chirac en 81, Barre / Chirac en 88, et bien sur Balladur / Chirac en 95. La guerre des droites a eu ses moments forts et ses moments plus calmes. Mais, elle a une constance c’est qu’elle repart toujours. Ce qui est intéressant, c’est que en 2007 beaucoup ont cru que Nicolas Sarkozy avait réussi le tour de force inimaginable de réunifier les droites françaises. C’était pourtant l’objectif de L’UMP lors de sa création en prenant exemple sur le modèle du parti conservateur britannique ou du parti populaire espagnol. Mais il y a eu tout de suite un « hic » qui s’appelait Bayrou . Il a refusé la logique de l’union des droites et il a créé son propre mouvement le « Modem » et il l’a créé contre la maison mère l’UMP. En politique et c’est un phénomène bien connu et compris par les afficheurs on fait toujours campagne contre celui de qui on est proche puisque c’est là qu’on peut prendre des voix ce n’est pas à ceux d’en face. C’est toujours contre leur camp que les francs tireurs font campagne et avec Bayrou et aujourd’hui avec de Villepin Nicolas Sarkozy se trouve avec une nouvelle dissidence qui est extremement diffficle à gérer parce que l’affaire est emminamment personnelle. En effet je ne vois pas très bien qu’elle pourrait être le contour d’une alternative villepiniste. En contre partie, il y a une vraie possibilité que DDV s’il n’est pas élu, et je crois en effet qu’il ne le sera pas, cristallise autour de lui les allergies et les oppositions personnelles, les détestations et les déceptions que suscite Sarkozy au sein de son propre camp ce qui fait que de Villepin pourrait jouer à droite le rôle qu’a joué Chevénement à gauche, c’est à dire le virus qui déprogramme la machine à gagner.

Entre les deux hommes nous sommes dans l’irrationnel. C’est la différence avec les précédents duels. Là on est dans quelque chose de très particulier à la fois sanglant et archaique qui rappelle certains duels de l’histoire. Les deux hommes nous prennent à témoin sur la violence dont sont capables les politiques dans une démocratie. Dans cette affaire, est également en jeu l’aspect politique sur la capacité de Sarkozy à fédérer l’ensemble de la droite. On a d’abord cru que c’était une formidable idée parce que justement on pensait qu’on éviterait ainsi les luttes fraticides or on s’aperçoit, même si ce n’est pas la même échéance, à travers les régionales, que cela peut être un handicap pour la droite d’être rassemblée dans un même parti autour d’un seul homme parce que si le parti arrive effectivement en tête au premier tour, ensuite il n’a plus de réserve de voix. On peut penser en étant un brin optimiste que si DDV n’est pas le meilleur candidat pour ça, peut être que ce n’est pas une si mauvaise nouvelle pour la droite d’avoir plusieurs leaders qui émergent parce que cela permet à condition bien sûr qu’ils se retrouvent au second tour de ratisser un peu plus large. Mais je crois que si c’est vrai avec le nouveau centre, cela l’est moins avec de Villepin.

La haine ne concerne pas seulement l’affaire cleastream. Il faut savoir que Nicolas Sarkozy a toujours été convaincu que de Villepin n’est pas resté inactif en 2005 quand son mariage avec Cécilia commencait à battre de l’aile, il a soufflé sur les braises surtout lorsqu’il a dit  » Quand on n’est pas capable de garder sa femme, on ne peut pas prétendre diriger la France. » Nicolas Sarkozy a été blessé voire ulcéré par ces propos, il faut en convenir pas spécialement diplomates. On est au coeur d’une rivalité personnelle qui est aussi une rivalité d’ambitions. A l’époque les deux hommes étaient en situation , de Villepin était même devant Sarkozy dans les sondages. Il fallait donc pour l’un écarter l’autre pour accéder à la présidence de la République. Et puis il s’agit d’une détestation personnelle, d’une différence de style, Sarkozy déteste le côté grand bourgeois et diplomate de de Villepin qui de son côté a eu tendance à le mépriser comme il a méprisé les syndicats et les parlementaires lorsqu’il a été Premier ministre. Il y a entre eux une incompatibiluité humaine très forte.

Lorsque Marianne a fait tester pour la première fois de Villepin dans un sondage, cela lui donnait 10 %. On a constaté qu’il prenait des voix non pas tant à Nicolas Sarkozy mais à François Bayrou et un peu au PS. La théorie des sarkozystes et de dire que Villepin va éliminer Bayrou en lui enlevant toute chance d’accéder au deuxième tour en 2012. Ce sondage a été fait au lendemain de la relaxe de DDV qui apparaissait comme le martyre. Il n’est pas prouvé que cela se transforme en capital électoral, je pense même le contraire. Mais la capacité de nuissance de de Villepin n’a rien à voir avec son potentiel électoral. C’est le discours qu’il va tenir qui est important, on vient de se rendre compte qu’il va systèmatiquement contrer tout ce que fait et tout ce que dit Sarkozy et il sait trouver les mots justes, ceux qui font mal. A la sortie du tribunal il a dit « je vais m’employer au redressement de la France » c’est pour Sarkozy des propos insupportables. De Villepin connaît la machine, il connaît l’électorat de droite et il sait les mots qui sont pour Nicolas Sarkozy intolérables à entendre.

En annonçant la création de son partice jeudi 24 mars , DDV a fait un pas de plus vers 2012. C’est je crois le sens de la déclaration de Jacques le Guen « a partir du moment où l’on considère que l’on peut faire les choses de manière différente, il faut le dire et l’exprimer sinon cela n’a aucun intérêt. » et de François Goulard » L’entrée de Georges Tron au gouvernement c’est une démarche individuelle que nous respectons, mais qui n’a pas de portée politique. Il n’engage pas plus les villepinistes que Eric Besson n’a engagé le PS« .

J’ai toujours pensé et je pense encore que DDV n’est pas et ne sera pas en situation de gagner l’élection présidentielle de 2012 surtout si Nicolas Sarkozy se représente, ce qui est autre chose et pas certain du tout. On ne le sait pas. Mais je reste convaincu, que Villepin n’a plus qu’un unique objectif, c’est de faire échouer Sarkozy. Le faire échouer ça ne signifie gagner ça veut dire le faire battre comme Chirac a fait battre Giscard d’Estaing en 1981. A partir de là qu’importe le score de de Villepin au premier tour, il ne lui est pas nécessaire de faire au dessus de 10% . Le seul problème de de Villepin c’est qu’il n’a pas un puissant parti derrière lui, comme le RPR pour Chirac que l’on qualifiait  » d’armée « .

Si on analyse bien, ce qui différencie  la démarche des centristes et celle des villepinistes c’est que les centristes veulent combler une offre politique qui n’existe pas aujourd’hui, en clair c’est la volonté d’élargir et c’est la leçon des régionales qui a été tirée alors que Villepin à une démarche agressive contre Nicolas Sarkozy et c’est personnel puisqu’il ne s’en prend même pas à l’UMP qu’il considère comme sa famille politique, c’est tout au moins ce qu’il a dit sur Canal plus.

Michelle Alliot Marie a été la première à dénoncer l’attitude de de Villepin puisque interrogée sur le lancement d’une nouvelle formation politique par Dominique de Villepin ce jeudi, elle a considéré que l’ancien Premier ministre en avait « tout à fait le droit« . « Je verrai s’il s’agit simplement d’une entreprise de démolition visant une personne ou s’il s’agit d’une entreprise de construction pour donner les meilleures perspectives de mettre la France en état d’affronter les grands défis qui sont ceux de demain et de tenir sa place dans le monde« . Mais c’est tout vu Michelle, pas la peine d’avoir la langue de bois.

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