En 1995 et pour des raisons qui ne font pas l’objet de ce billet, Nicolas Sarkozy est banni, il est tricard dans les rangs de l’UMP. Normalement il ne peut pas se remettre en selle. Et pourtant, Chronologie des événements.
En 1997 Dominique de Villepin commet l’erreur qui va tout bouleverser, il conseille à Jacques Chirac de dissoudre l’Assemblée nationale. En perdant 220 députés, la droite s’est suicidée et le Président de la République va devoir cohabiter. André Santini aura ce trait d’humour « Le Premier ministre souhaitait un Gouvernement ramassé ; il a parfaitement réussi « .
Face à la difficulté il faut à Chirac tout son monde et par conséquent il est soumis à une obligation de rassembler. Malgré tout ce qui peut les séparer Chirac considère Sarkozy comme le plus brillant et il souhaite le faire revenir dans la maison mère. La mission est confiée à son directeur de cabinet, le Préfet Bertrand Landrieu qui invite Nicolas Sarkozy à déjeuner dans un grand restaurant de la place Madeleine à Paris « chez Lucas-Carton« . Au cours du repas il lui transmet le message présidentiel et l’invite à se mettre en rapport avec Jacques Chirac. Sarkozy refuse, il n’est pas demandeur de quoi que ce soit, il ne veut pas que ce soit lui qui appelle, si le Président veut lui parler c’est à lui d’appeler, Sarkozy n’est jamais aussi fort que dans l’épreuve de force. Le Président enverra trois émissaires, le troisième étant jean Louis Debré, Sarkozy ne lâchera pas, les trois essuieront le même refus.
Chirac utilise alors sa dernière cartouche, le secrétaire général de l’Élysée Dominique de Villepin, c’est un diplomate, il saura faire. Le 29 juillet de cette année 1997 les deux hommes prennent le petit déjeuner ensemble. Malgré tout le talent de de Villepin l’épreuve de force se poursuit et Sarkozy se montre encore plus exigeant. Maintenant, il se montre encore plus exigeant, non seulement il veut que ce soit le Président qui le convoque, mais de plus il veut que cela soit fait officiellement. Villepin transmet et Chirac, qui en a pourtant vu d’autres, cède. Sarkosy recevra une convocation en bonne et due forme pour le 8 septembre à 9 heures. Après cette visite il ne rappellera pas et c’est encore de Villepin qui va faire le travail et demander à Sarkozy de revenir, il le remet donc en selle.
Lors de la constitution du gouvernement « Raffarin » de Villepin pensait avoir le ministère de l’intérieur, ce sera Sarkozy. Et puis dans les difficultés à qui fait-on appel ? A Sarkozy. Quand Luc Ferry est empêtré dans un conflit avec l’Education Nationale c’est Sarkozy qui intervient, dans l’affaire Alsthom c’est encore lui qui dénoue la crise et c’est toujours lui qui va négocier avec Thibault lors de la transformation d’EDF en société anonyme. Trois missions, trois réussites et pourtant elles ne relevaient pas de sa compétence, il est ministre de l’intérieur mais il pallie les carences de ses collègues. Pour Chirac pas de doute, il doit se rendre à l’évidence Sarkozy est le seul qui réussit, de Villepin en est malade, on ne l’appelle pas, lui le diplomate. Il finit par ne plus supporter le poids sans cesse grandissant de Nicolas Sarkozy dans le dispositif gouvernemental et il lui en voue une haine féroce.
Dominique de Villepin veut montrer qu’il est aussi capable que Sarkozy et l’opportunité se présente. Ingrid Betancourt, son amie est prisonnière des FARC. Alors ministre des affaires étrangères il veut la délivrer et n’en parle ni au Premier ministre JP Raffarin ni au ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, il veut que si succés il y a, ce soit le sien . Il commande un avion militaire et médicalisé (un C130). A bord son directeur de cabinet adjoint, Pierre-Henri Guignard et quatre agents de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) apparemment pas trés futés puisqu’ils se sont inscrits sous leur nom réel dans un hôtel de Manaus. L’opération échoue. Pour une fois qu’il tentait quelque chose, pauvre DDV.
A l’approche des élections pour le poste de patron de l’UMP, de Villepin est hilare car Chirac pense t-il à coincé Sarkozy en lui laissant le choix entre l’UMP et le ministère des finances. En réalité le Président Chirac a commis une erreur de diagnostic en faisant le pari que Sarkozy choissirait Bercy plutôt que l’UMP. Sarkozy aura les deux, pauvre DDV.
Puis Chirac fera appel à de Villepin et le nommera Premier ministre. Il verra là un horizon présidentiel et se pose aussitôt en rival de Nicolas Sarkozy, il s’estime en position de force car pour lui Sarkozy n’est pas taillé pour l’emploi, lui si bien sûr. Mais après la dissolution ratée, l’échec de la prise de contrôle de l’UMP, la gestion désastreuse de la tentative de libération d’Ingrid Bétancourt il va commettre une autre erreur tragique, vu ses ambitions, avec cette fois une gestion calamiteuse du CPE, et cela sera bel et bien de sa faute compte tenu du mépris dont il a fait preuve autant envers les parlementaires que envers les partenaires sociaux. Son orgueil démeusuré l’a fait jouer deux fois en solo (affaire Bétancourt et CPE) pour s’attribuer des succés personnels, ce fut deux échecs, pauvre DDV.
Plus les élections présidentielles approchent et plus de Villepin se crispe. L’éventualité d’une victoire de Sarkozy lui est insupportable. C’est ainsi qu’il se confie à françois Goulard en ces termes » Il faut qu’on fasse quelque chose, il faut qu’on bouge, on ne peut pas se résigner. » L’hebdomadiare « l’Express » du 15 février 2007 fait état d’une entrevue secréte entre de Villepin et Jean louis Debré pour faire barrage à Sarkozy.
De Villepin va alors voir tous ses espoirs s’envoler. En effet, il va récolter ce qu’il a semé. En tant que Premier ministre il a méprisé les parlementaires. Un jour, alors que Bruno Lemaire, son directeur de cabinet, lui demande de se montrer plus proche des parlementaires et par conséquent de les recevoir un peu plus souvent DDV a eu cette fabuleuse réponse et dans un langage qui lui est familier « Vous m’emmerdez avec vos parlementaires . » De même il a dit à propos de sa secrétaire d’État au quai d’Orsay Noëlle Lenoir « C’est une pétasse, il faut demander à Raffarin de la dégager. » Le bouquet va arriver lorsque dans un brouhaha indescriptible de Villepin sera maltraité à son tout par les parlementaires du groupe UMP qui le traiteront je cite « de connard. » Il subira des bras d’honneur et autres invectives. Pour enfoncer le clou et montrer que Villepin s’est coupé de sa majorité seul, l’écrivain Denis Tilliniac, intime de Jacques Chirac, écrit à l’époque, je cite » Villepin a été d’un orgueil démesuré. Il s’est foutu tout le monde à dos, notamment la jeune génération. Dès qu’il y avait un problème avec un député dans une circonscription, Sarko prenait son téléphone. Villepin, lui, s’en foutait. » La messe est dite, il ne pourra plus prétendre à l’investiture de l’UMP. Sarkozy n’est pour rien dans tout ça, c’est de Villepin qui par son comportement méprisant s’est coupé tout seul de sa majorité qui, elle, va alors se rallier à Nicolas Sarkozy. Claude et Bernadette vont faire de même. Villepin c’est fini et sa haine envers Nicoalas Sarkozy est à son paroxysme pour l’époque.
Villepin écarté ce n’est pas pour autant que l’on croyait alors à Sarkozy. On sait que l’acteur Vincent Lindon grand supporter de Bayrou a confié au journaliste Guillaume Durand que tout l’Élysée votait Bayrou. Villepin, lui, ne coyait ni à l’un ni à l’autre. Il jouait la carte Ségolène Royale qui pensait-il alors libérerait la place pour 2012.
Ces nombreux revers consécutifs en tant que Premier ministre et son attitude montrent s’il en était besoin que l’UMP a été raisonnable en ne désignant pas à l’élection suprême un homme aspiré par la spirale de l’échec, ce qui ne l’empêche pas de se poser en donneur de leçons. Je ne lui crois plus un avenir politique, mais il vient de démontrer que sa haine est toujours aussi tenace et qu’il utilisera le peu de crédit qu’il lui reste dans le seul et unique but de nuire à son rival.
Devant les étudiants de Siences-Po la haine de Nicolas Sarkozy a poussé de Villepin à tenir des propos tout à fait irresponsables « Nous sommes entraînés à perdre nos soldats sans savoir où nous allons, Il n’y a pas de guerre possible contre le terrorisme » et de conclure » La condition absolue pour être efficace en Afghanistan, c’est d’engager un processus de retrait et c’est à la France de porter cette exigence du retrait. » Pour un ancien patron du quai d’Orsay et ancien Premier ministre, ces propos sont tout à fait irresponsables. Voilà encore des propos qui me laisse à nouveau penser que l’UMP a été raisonnable en ne le désignant pas à l’élection suprême. C’est quand même Jacques Chirac son mentor et Lionel Jospin qui ont décidé de l’envoi de troupes françaises en Afghanistant et ils ont réfléchi avant de prendre cette décision. La haine de Sarkozy lui fait perdre la tête et le sens des responsabilités.
Villepin n’est pas taillé pour être un jour président de la République.
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