Le premier message que je souhaite faire passer c’est qu’il faut savoir relativer ou redimensionner les choses. Aujourd’hui dans le système bancaire mondial il y a encore 2000 milliards d’euros de créances douteuses. Quand on parle de la Grèce, on parle alors de 45 milliards d’euros, c’est bien sûr beaucoup, mais on voit bien que l’on est volontairement ou pas entrain de transformer en catastrophe mondiale un fait certes réel, mais qui, par rapport à cette crise financière passée et à venir est quelque chose de bien petit dans l’échelle des valeurs. Encore une fois il faut relativiser et cela même si les chiffres avancés nous paraissent à nous, citoyens d’en bas comme dirait qui vous savez, considérables.
La deuxième chose c’est quand même que la crise grecque est un test grandeur nature pour l’union européenne. Est ce qu’il y a une solidarité en Europe ou pas ? En effet on se rend bien compte que aujourd’hui on a un problème avec l’Allemagne qui exige une solidarité totale et ce , dans deux domaines. Le premier c’est dans l’aide à apporter à la Grèce et le second dans la pratique de la rigueur de gestion. Alors Pourquoi est ce que l’Allemagne à cette attitude ? Pourquoi est ce que je comprends cette attitude ? Pour cela je vais avancer trois raisons.
La première raison c’est que l’Allemagne est un pays, et il faut le savoir, on ne le répétera jamais assez, qui a fait d’énormes efforts pour redresser sa situation économique, pour redresser ses finances publiques et pour sauvegarder l’avenir de ses retraites. C’est un pays dans lequel on a même baissé les salaires. Tous ces efforts ont fait une victime politique de poids, le Chanchelier Gerhard Schröder à la suite de l’agenda 2010. Malgré tout ça l’Allemagne est encore aujourd’hui dans une période de faible croissance même si elle a réussi à se remettre sur pied et ce, contrairement à bien d’autres pays européens et notamment la Grèce. Et aujourd’hui on vient demander à cette même Allemagne de venir en aide à un pays qui a triché, qui a une économie parallèle de l’ordre de 20% et qui n’impose pas ou presque pas ses concitoyens. La Grèce est un pays où il n’ y a donc que peu de rentrées fiscales alors que les dépenses publiques explosent. La Gréce c’est en quelque sorte l’anti Allemagne. Il faut donc comprendre que les allemands voient d’un mauvais oeil leur pays venir en aide à la Grèce. Personnellement je le comprends. La solidarité à tout de même ses limites. Angela Merkel doit donc tenir compte de son opinion public et ce d’autant plus que le 9 mai il y a des élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, les mêmes élections qui ont fait perdre Schröder en mai 2005. C’est pour l’actuelle Chanchelière un enjeu important et il est évident que son opinion public lui laisse comprendre qu’il n’est pas d’accord et qu’il refuse spontanément cette aide à la Grèce. « Nous on a fait des efforts, on a accepté la baisse des salaires, le recul de l’âge de la retraite et on nous demande d’aider un pays qui lui n’a fait aucun effort dans quelque domaine que ce soit « . Oui, je comprends les allemands.
La seconde raison c’est que, et il faut s’en souvenir, avant l’euro l’Allemagne possédait le deutch mark qui était une monnaie forte voire très forte et qui nous en a fait voir de toutes les couleurs au cours des années 80. Les allemands ont sacrifié leur monnaie pour l’euro.
Il est évident que Angela Merkel soutiendra la Grèce parce que politiquement elle ne peut pas faire autrement, parce que s’il elle ne le fait pas, ce n’est pas tant l’effet dominos qui est à craindre, ce serait tout simplement la fin de l’euro. Si la Grèce demande cette somme de 45 milliards à l’Europe et au FMI c’est tout simplement parce que le pays est étranglé à cause des taux d’intérêts du marché..
Est ce que cette solidarité fait courir un risque à l’Allemagne ? Evidemment non, et il y a deux raisons à cela. La première c’est que lorsque l’on compare les 2000 milliards de créances douteuses qui restent avec une aide de 45 milliards à apporter à la Grèce on se dit que l’effort n’est pas immense. La seconde raison est que l’Allemagne emprunte aujourd’hui à 0,9% et qu’elle va prêter à la Grèce cet argent aux taux de 5%. En clair sur cette opération l’Allemagne va gagner de l’argent et pour la Grèce ce taux est bien moins cher que celui qu’elle trouve sur le marché et qui est supèrieur à 10% ,soit 5% de plus que ce que propose l’Allemagne. La France qui va prêter 6 milliards à la Grèce est dans la même situation. Il va se passer ce qui s’est passé avec les banques françaises. Elles ont rendu à l’Etat l’argent prêté avec les intérêts et au total l’Etat a gagné de l’argent. Que ce soit pour l’Allemagne ou pour la France, il n’y a donc aucun risque. Donc oui, il faut porter assistance à la Grèce et si ce n’est pas avec plaisir, si ce n’est pas par philanthropie il faut le faire par nécessité. Si on ne le fait pas il y aura un effet dominos avec le Portugal, l’Irlande puis l’Espagne. Pour se consoler disons qu’on a pas le choix.
Et j’en viens enfin à la troisième raison qui fait que je comprends les allemands. C’est que la Grèce est entrée dans l’euro le 1er janvier 2001. Ce qui rend un peu plus furieux les allemands en dehors des raisons évoquées plus haut, c’est qu’ils avaient émis des réserves à faire entrer des pays qui n’étaient pas forcément prêts et les européens qui ont poussé à cet élargissement ont de grosses responsabilités et la France dirigée alors par Jacques Chirac et Lionel Jospin fait partie de ceux là.
Les propos tenus recemment par Christine Lagarde ont été salués par un certain nombre d’observateurs. Je ne partage pas du tout cet enthousiasme. Ce sont ces trois raisons qui ont fait que j’ai personnellement trouvé les propos de Christine Lagarde tout à fait déplacés. Nous n’avons vraiment pas de leçons à donner à l’Allemagne. De plus, c’est elle qui va participer pour la plus grosse part au prêt à la Grèce. Il y a des années que l’on devrait suivre l’exemple allemand, un pays rigoureux qui a su se moderniser.
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