Professeur de sciences physiques, depuis la rentrée 2009, Mickaël Fonton effectuait son année de stage dans l’académie de Créteil. Il a finalement choisi de démissionner. Il s’en explique dans « Valeurs actuelles« .
« En effet quitter la fonction publique en pleine crise de l’emploi peut sembler irréfléchi, mais je ne regrette pas ma décision » dit-il. Ci dessous quelques morceaux choisis.
IUFM
De ces quelques semaines, je retiens surtout un sentiment d’ennui et de vacuité. Le temps s’écoule à élaborer des réflexions, à animer des débats, à “construire la connaissance”. Les stagiaires travaillent sur des situations : » Que faire si un élève n’a qu’une feuille et un crayon ? » ; » Que faire en cas de retards répétés ? » ; « Un élève refuse d’enlever sa casquette, que lui dire ? » ; »Une boulette m’atteint dans le dos, comment réagir ? » ; » Je constate qu’un chronomètre a disparu, quelle attitude adopter ? « . À l’IUFM,on adore les études de cas, quel que soit le prétexte.
Pédagogie
Les formateurs des IUFM sont fidèles aux principes généraux édictés par des chercheurs en sciences de l’éducation qu’ils citent abondamment – surtout leur maître à penser, Philippe Meirieu. » Quand les savoirs ne sont des réponses à rien, il ne faut pas s’étonner des échecs « , ai-je entendu. Inutile de souscrire à l’idée, forcément simpliste, qu’il suffit d’apprendre et d’appliquer. C’est aux élèves de construire leur propre savoir.
Une autre séance porte sur la notion d’évaluation : » Étaler les notes ne doit pas constituer un objectif : il n’est pas interdit d’imaginer une classe où tout le monde aurait 15 de moyenne ! » Et un peu plus tard encore : » Si un élève obtient la note de 2, mettez-lui 6, ça évitera de l’enfoncer, ça lui donnera l’espoir qu’il peut y arriver. » Ou encore cette phrase, à la limite de l’absurde : » Évitez les questions auxquelles l’élève ne pourra pas répondre s’il ne connaît pas la réponse… » enfin s’il peut être bloqué par l’ignorance d’un terme ou d’une formule… » Somme toute, la règle est simple : » L’évaluation doit être valorisante pour l’élève. «
Collègues
Lorsqu’il arrive, le stagiaire est en général bien entouré. Les conseils sont assez simples : » Ne laisse rien passer » ; » Sois impitoyable » ; « Au moindre problème, tu me l’envoies ! Je vais le pourrir « , etc. Ces propos autoritaires, voire violents, me laissent songeur. Les professeurs seraient-ils devenus des adeptes de la discipline la plus stricte ? Non. Sauf exception, les profs sont pour l’autorité, mais au cas par cas, pour “gérer”le quotidien, c’est tout. Une politique éducative prônant officiellement le recours à la sévérité reste mal vue : la salle des profs est tapissée de plaisanteries visant Nicolas Sarkozy ou les dernières réformes de Xavier Darcos ou Luc Chatel.
Discipline
Mon établissement était classé en “prévention violence”, ce qui signifie que la violence n’est pas là mais qu’elle n’est pas loin. D’une certaine façon, j’ai eu de la chance : en Zep (zone d’éducation prioritaire), c’est pire. J’ai donc eu affaire à des élèves » pénibles mais pas méchants « , mais qu’il faut constamment rappeler à l’ordre – sans en faire trop,pour ne pas leur donner trop d’importance (sinon, nous dit-on en formation, » c’est vous qui, finalement, aurez perturbé la classe « .
Niveau
Devant l’inculture de mes élèves de quatrième (de 13 à 15 ans), je me suis posé dix fois la question : mais que font les instituteurs ? Voilà des élèves qui sont incapables d’écrire deux lignes sans faute, de faire des phrases cohérentes à l’oral, qui ne savent pas se concentrer, dont on ne peut rien exiger sur la durée. Leur demander une recherche personnelle ? Les trois quarts d’entre eux vont se borner à faire des copier-coller de ce qui leur tombera sous la main sur Internet.Leur capacité d’initiative ? On attend encore. Leur curiosité ? Rien ne les intéresse.
Être prof dans ces conditions-là donne l’impression de participer,à son corps défendant, à un vaste processus de destruction, ou à la parodie d’un métier que personne n’osera plus qualifier de plus beau du monde.
Fin des extraits
Que penser ?
Après avoir lu cet interview tout à fait édifiant d’un jeune professeur qui a choisi de démisionner, on est droit de se poser des questions sur l’avenir de l’Education nationale.
Pour moi il n’a aucun doute, il faut faire un pacte républicain. Depuis des décennies les ministres se succèdent et, dés qu’il y en a un qui lève le petit doigt pour dire « je vais faire une réforme » c’est le branle-bas de combat. Je n’étais pas enseignant mais d’après ce que j’au pu lire ou entendre (y compris dans ma famille dans laquelle il y a deux enseignantes : Une prof de philo classes de première et terminale et une prof d’histoire-géo classe de troisième, seconde et première). Il m’apparaît qu’il y a trois causes essentielles
1 ) La sur-enchère syndicale a fait énorméméent de mal à l’éducation nationale en figeant les choses et en considérant que l’EN appartient aux syndicats d’enseignants.
2) La non acceptation de voir la réalité qui est que la démographie scolaire a baissé depuis de nombreuses années c’est à dire qu’il y a moins d’enfants dans les écoles. D’ailleurs le prof démissionnaire dit que c’est plus le manque de disciple que le nombre d’éléves par classe qui pose problème.
3) Les enseignants ne sont plus considérés et comme de plus ils sont mal payés on en voit qui dépriment parfois de façon grave. Je me suis laissé dire qu’en région parisienne il ya des maisons spécialisées qui accueillent les plus déprimés d’entre eux.
De plus il y a un public (les éléves) de plus en plus difficile à tenir dans certains zones françaises. Les profs s’estiment déconsidérés et s’ils font ce travail c’est parce qu’ils sont payés pour, même mal, mais dans les faits ils s’occupent d’autres choses qui n’ont rien à voir avec leur métier d’enseignant. .
Pourtant, il y a deux aspects à voir. Le premier concerne une mesure qui ne passe pas dans « l’opinion » c’est la suppression d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et pas spécialement en ce qui concerne les enseignants d’ailleurs, c’est la même chose dans les hôpitaux. Le problème est qu’ il s’agit d’ une mesure qui fédère le peuple de droite très favorable à Sarkozy, mais pour les autres il y a un doute concernant les conséquences de ces suppressions et même le périmètre de l’État ainsi que sur la manière dont on peut exercer les missions de l’État. Le second aspect concerne le rôle des enseignants et la façon dont ils se sentent considérés ou non considérés. Ils ont le sentiment que de plus en plus de missions leur sont fixées par l’État et même par les parents qui se déchargent de leurs responsabilités en leur demandant non seulement de leur fournir de l’enseignement mais également de l’éducation mais le retour n’est pas vrai.
Les Français ont un regard assez précis sur les enseignants. Ils vont les trouver parfois autoritaires, un peu absents, ils pensent que le niveau n’est pas suffissant, mais en aucun cas ils ne leur jettent la pierre et ils ne considérent pas qu’ils ne sont pas à la hauteur tant et si bien que l’on a un regard à l’égard du métier d’enseignant qui aujourd’hui se rapproche beaucoup plus du sacerdoce qu’une d’une mission ou d’ une activité professionnelle. L’ensemble des Français pense qu’en aucun cas il n’aimerait faire ce métier parcequ’il est aujourd’hui beaucoup trop dur.
Il y a une chose que l’on ne souligne pas assez c’est que lorsque l’on embrasse ce métier c’est pour tansmettre son savoir, ( l’inverse de la méthode Mérieu), c’est pour avoir devant soi des éléves que l’on veut captiver, c’est comme lorsqu’on anime une émission de télévision où que l’on prend la parole lors d’un congrès, il faut captiver son auditoire et c’est loin d’être facile. Le problème est que les enseignants surtout au collége passent la moitié de leur temps à faire de la police ou à faire autre chose que cette transmission de savoir. Roger Crucq souligne bien un des problèmes des enseignants » Les profs sont en première ligne : sur leur estrade, six ou sept heures par jour, ils prennent de plein fouet la violence de la société. Dans le petit monde de l’école, tout est amplifié. » En plus comme les programmes les ont un peu déstabilisés parce que cela change sans arrêt il y a là un problème majeur. Il faut donc revaloriser le statut de l’enseignant et l’on est en droit de penser que faire des réformes tout en revalorisant ce métier n’est pas incompatible
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