NUCLEAIRE : TROIS ETATS DES LIEUX
Auteur : Muriel Rambour, maître de conférences à l’UHA, membre du CERDACC
Au Japon : reprise d’activité en vue pour deux réacteurs nucléaires
Le 11 avril 2014, à l’occasion de l’adoption de son plan énergétique, le Japon a rendu officielle sa décision de relancer le nucléaire qui constitue, aux dires du Premier ministre, une « ressource de base importante », alors même que le parc des 48 réacteurs est à l’arrêt depuis l’accident de Fukushima. Une telle décision remet en cause le projet du précédent gouvernement visant à sortir du nucléaire à l’horizon 2040.
Dans la logique du nouveau plan énergétique, et pour la première fois depuis mars 2011, l’autorité japonaise de régulation nucléaire (NRA) vient de rendre, le 16 juillet, son avis sur les deux réacteurs de la centrale de Sendai (préfecture de Kagoshima dans le sud-ouest du Japon), estimant qu’ils remplissaient les critères de sûreté. Cet avis de conformité pourrait donner le feu vert à leur remise en fonctionnement d’ici l’automne. Il inciterait également neuf compagnies électriques japonaises à soumettre des demandes de redémarrage pour 19 autres réacteurs.
En Suède : vers le démantèlement de réacteurs de recherches
Le groupe nucléaire français AREVA a fait l’annonce, le 16 juillet, de sa participation au démantèlement de deux réacteurs de recherche situés près de Nyköping après avoir remporté un appel d’offre lancé par quatre opérateurs de centrales nucléaires suédois. Ces réacteurs ont été mis à l’arrêt en 2005 au terme de 45 ans d’activité. L’entreprise sera en charge de la planification et de la réalisation du démantèlement. Ce chantier, le premier à être conduit en Suède depuis les années 1980, débutera au cours du premier semestre 2015.
En France : nucléaire et transition énergétique
Le projet de loi sur la transition énergétique a été présenté le 18 juin dernier. Il fixe le cadre de l’évolution du parc nucléaire français, notamment en plafonnant la capacité de production nucléaire à son niveau actuel de 63.2 GW. Le texte prévoit également de nouvelles règles concernant la fermeture des centrales : le non-renouvellement ou l’abrogation de l’autorisation d’exploitation entraînerait automatiquement l’arrêt définitif de l’installation nucléaire concernée. L’autorisation d’exploitation prendra en considération la compatibilité du projet avec la programmation énergétique pluriannuelle, son efficacité énergétique ainsi que la problématique de l’approvisionnement en uranium, de la gestion des déchets et la sécurité électrique dans l’optique d’éviter la répétition de pannes et d’incidents.
Contrairement à ce qui avait été annoncé, la fermeture de la centrale de Fessenheim n’est pas inscrite dans le projet de loi mais se déduit des autres critères que le texte pose : le démarrage de l’EPR de Flamanville d’une puissance de 1 650 MW est ainsi conditionné à la mise à l’arrêt d’une installation de capacité équivalente. La centrale nucléaire alsacienne, avec ses deux réacteurs de 900 MW chacun, entrerait dans ce périmètre. Le délégué interministériel chargé de la préparation de l’arrêt de la centrale a d’ailleurs confirmé le 9 juillet le calendrier de fermeture, avec un arrêt fin 2016 et un début de démantèlement en 2019-2020.
Poster un Commentaire