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Le bilan
Selon les sondages, Nicolas Sarkozy satisfait entre 38 et 42% de nos concitoyens. Si on prend comme moyenne 40% il ne me paraît pas illogique de dire que c’est mieux que ses prédécesseurs après deux ans et demi d’exercice du pouvoir.
J’ai, il n’ y a a pas très longtemps fait un article intitulé « où va l’exécutif » dans lequel je me posais des questions, je tirais la sonnette d’alarme. En fait je reste persuadé que ce manque de confiance vis à vis du chef de l’État n’est pas dû à la politique menée mais au comportement du Président. Après des erreurs commises au début du quinquennat, la prise de position de son ministre de la culture qu’il n’a pas désavoué sur l’affaire Polanski et sur laquelle est venue se greffer la candidature de son fils Pierre à la présidence de l’établissement public de la défense ( Epad) ont été très néfastes à l’image du chef de l’État. Et puis ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche sur son site internet et qui a entraîné une polémique sur la date exacte de son voyage à Berlin.
Autant d’événements qui ont réduit à néant l’image que le chef de l’Etat avait patiemment corrigée, probablement sur les conseils de son épouse..
Pourtant depuis son élection à la tête du pays il en a fait des choses: Sur le plan de la politique intérieure il a pratiqué « l’ouverture » en nommant des hommes et des femmes de gauche dans le gouvernement c’est à dire qu’il a cassé le « clivage intellectuel » entre la droite et la gauche.
Il a modernisé notre constitution, donner l’autonomie aux universités, réformer le paysage syndical, réformer les régimes spéciaux de retraite etc…bien sûr il reste encore à faire et dans tous les domaines : l’économie, la sécurité, l’éducation…mais au moins on a, à la fois le sentiment que les choses bougent et que Nicolas Sarkozy ne recule devant rien.
Sur le plan de la politique extérieure il nous a réconcilié avec les États-Unis, en étant l’un des artisans du traité de Lisbonne il a sauvé la réforme de l’Union Européenne et surtout il a recréé avec Angela Merket le binôme France-Allemagne.
L’opposition change de camp
La constitution de la Véme République a été faite, tout le monde le sait, par le général de Gaulle. Il l’a voulue et l’a façonnée à sa façon même si le père en est Michel Debré. Depuis le Général, le chef de l’État à perdu nombre de ses pouvoirs et la dernière réforme les a encore réduit.
Tous les présidents hormis de Gaulle se sont délectés des fastes de la République et ont fait preuve d’un orgueil démesuré dans ce cadre somptueux qu’est le palais de l’Élysée. Jacques Chirac un peu moins que les autres. On reproche à Nicolas Sarkozy de se conduire en monarque ce qui est un peu vrai mais s’il peut le faire c’est parce qu’il n’a pas d’opposition forte, il n’a pas de rival, il n’y a personne qui peut le freiner.
Il me semble que c’est la première fois sous la V éme République qu’il y a une opposition quasi inexistante et on se rend bien compte que ce n’est pas sain, que ce n’est pas la vraie démocratie. Si Sarkozy avait une vraie opposition de gauche la droite serrerait les coudes et ferait bloc mais elle est tellement inexistante que celle-ci est est obligée de venir de son propre camp d’où ce qu’on appelle « des couacs« .
Le chef de l’État ne souhaite vraisemblablement pas cette situation car elle l’affaiblit. Il apparaît en effet comme quelqu’un de tout puissant mais contesté dans son propre camp. Cet affaiblissement tombe mal au vu des réformes à venir et particulièrement celle des collectivités locales. Donc aussi paradoxal que cela puisse paraître ce manque d’opposition affaiblit le président et sa majorité.
Et si on écoutait les militants
Les militants ne sont pas écoutés, je l’ai déjà dit ici. Pour les états major ils ne sont bons que pour l’affichage et les besognes subalternes. Pourtant le militant est sur le terrain, il écoute, il entend, il répercute mais on ne l’écoute pas, parce que si on l’écoutait ce militant, à l’UMP on saurait que le peuple de droite est mécontent.
Il est mécontent parce que alors que l’on parle de la castration chimique des délinquants sexuels, il ne comprend pas qu’un ministre fasse du tourisme sexuel en Thailande et raconte sa vie et ses mœurs, il est mécontent parce que le Président avait dénoncé avec raison les élites ex soixante-huitards et les avait accusés d’avoir transgressé ce qu’il considère comme des interdits alors que parfois il fait la même chose en se conduisant comme quelqu’un que la morale n’étouffe pas, il est mécontent parce qu’il est d’accord sur la valeur travail défendu par le Président alors que celui-ci essaie de caser son fils à un poste prestigieux .
Oui c’est ce comportement et ces contradictions et non la politique de réforme qui est la cause du mécontentement du peuple de droite même si Nicolas Sarkozy garde un socle électoral important de l’ordre de 30%.
Les revirements
Il y a eu des changements notables. L’exercice du pouvoir a modifié son comportement tout feu tout flamme. L’expérience de plus de deux ans de mandat lui a fait prendre conscience qu’il fallait hiérarchiser. Le chef de l’État a compris, notamment en ce qui concerne la mondialisation, qu’il ne pouvait pas tout décréter d’un claquement de doigts. Ce changement va durer. Il a pris de l’épaisseur historique.
Il s’est allié à la droite souverainiste de Philippe de Villiers mais a expliqué,à la suite de sa rencontre avec l’économiste Joseph Stiglitz, que le marché ne pouvait pas tout. Il fait le grand écart car s’il veut faire un second mandat, il doit se positionner aussi au centre gauche.
Le syndrome des deux ans
Si les élections régionales s’annoncent plus que mauvaises, il ne faut pas dramatiser. Sans ce problème comportemental le bilan à mi-mandat n’est pas mauvais. D’ailleurs les 2/3 des français pensent que la gauche ne ferait pas mieux. En faisant une comparaison avec les présidents à partir de VGE on constate que Nicolas Narkozy ne connaît pas plus de difficultés et probablement même moins que ses prédécesseurs.
Le 19 mai 1974 Valery Giscard d’Estaing est élu. Deux ans après, en 1976, il subit la crise économique et le 25 août de la même année la démission fracassante de son Premier ministre Jacques Chirac qui en créant le RPR ajoute des difficultés au président.
Le 10 mai 1981 , François Mitterrand est élu. Après deux ans d’euphorie, la crise de confiance s’installe dans le pays. La gauche va connaître des élections municipales catastrophiques et la France un plan de rigueur sans précédent.
Réélu le 9 mai 1988, le parti socialiste va connaître en 1990, soit deux ans après la réélection de Mitterrand, à Rennes un de ses congrès les plus calamiteux qui va mettre le Président en difficulté.
Le 7 mai 1995, c’est Jacques Chirac qui succède à François Mitterrand. Deux ans après en 1997 ce sera le mémorable ratage de la dissolution.
Réélu en 2002 Chirac perd en 2004 la main mise sur l’UMP et les élections régionales sont une défaite historique pour la droite républicaine, soit … encore deux ans après.
A travers ces exemples on voit bien qu’il y a le syndrome des deux ans. Tous les présidents depuis VGE ont connu de grosses difficultés après cette période. Cela fait maintenant deux ans et demi que Nicolas Sarkozy est président de la République et il me semble qu’il est moins en difficulté que ces prédécesseurs après la même période de pouvoir et il a toujours la main mise sur l’UMP qui ne peut rien faire sans son accord, on vient de le voir une nouvelle fois avec la désignation des têtes de listes pour les régionales. Il a 40% d’opinions favorables, donc dans l’ensemble vraiment rien d’alarmant, Mitterrand et Chirac sont tombés bien plus bas. A travers les exemples donnés on voit que malgré les trous d’air qu’ont connu Mitterrand et Chirac après deux ans, ils ont été tous deux réélus. Je pense que Nicolas Sarkozy a tout ça en tête, d’autant plus que face à lui personne ne semble s’imposer dans une opposition quasi moribonde.
2012 : réélection facile ?
Certainement pas. Dès les législatives de 2007 il s’est produit un recul de la majorité. La victoire des élections européennes a été une victoire en trompe l’œil. Sur une élection à un tour 30% ont donné une fausse impression, on va voir avec les élections régionales que le même pourcentage sur une élection à deux tours ne va pas du tout donner les mêmes résultats. Alors, que l’opposition soit en grande difficulté, ça ne fait aucun doute. Mais on peut rater une campagne. On peut commettre des erreurs irrattrapables. Suivant l’évolution de la crise, on peut imputer à Nicolas Sarkozy certaines responsabilités. Il peut aussi susciter un vote de rejet . C’est ce qui s’est passé en 1981 pour Giscard. Beaucoup de Français ont voté Mitterrand parce qu’ils ne voulaient plus du président sortant. Et puis, qui aurait pu imaginer que Lionel Jospin ne soit pas présent au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Il manque encore beaucoup d’éléments pour se prononcer.
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