Martine Aubry

Martine Aubry est née en politique. Son père est Jacques Delors, l’ancien ministre des Finances de François Mitterrand. Quand on connaît l’homme, on n’est pas surpris que sa fille ait reçu une éducation catholique.  M.Aubry, énarque, comme beaucoup de politiques, s’est rapidement dirigée vers la haute fonction publique puis s’est engagée à son tour en politique. Son engagement s’inscrit trés clairement dans l’histoire et les valeurs dites de gauche.

Elle est arrivée à la tête du parti socialiste dans des conditions pour le moins troublantes. A l’issu du premier tour, sa motion était en troisième position derrière celle de Ségolène Royale et de Bertrand Delanoé. Le deuxième tour n’a pas été très clair autant du côté de Aubry que de celui de Royale. Finalement c’est Martine Aubry qui devient premier sécrétaire du PS. Coté Royale les déclarations se suivent de Manuel Valls à Jean Pierre Mignard son avocat  » il faut organiser un deuxième vote dans la plus grande transparence » « Il faut utiliser tous les moyens politiques, juridiques et judiciaires pour que les résultats actuels ne soient pas validés » « Je ne vais pas me laisser faire, il s’agit d’une atteinte au code de l’honneur et de l’emploi de méthodes totalement insupportables, je serai premier secrétaire. » Martine Aubry a fait face. Depuis son élection rien n’a changé, le PS a eu des résultats catastrophiques lors des dernières élections européennes et il n’a d’unité que dans l’anti Sarkozy. Aubry paraît avoir autorité sur le parti, mais ce n’est qu’une impression, le problème des retraites vient de démontrer qu’il n’en est rien.

Contrairement à Nicolas Sarkozy, Martine Aubry cloisonne d’une façon tout à fait hermétique sa vie privée. On sait que son mari est souvent à ses côtés lors de ses sorties et qu’elle a une fille qui se prénomme, il me semble, Clémentine. Elle a toujours refusé de poser pour les magazines people avec sa famille. Martine Aubry assume sa ringardise ce qui a poussé l’humoriste Anne Roumanoff à dire dans un de ses sketches « Que fait Martine Aubry de ses vieux vêtements ? Elle les porte ! » je ne connais pas Martine Aubry, mais on l’a dit autoritaire.

Jacques Delors était plutôt un social démocrate, pragmatique et ayant le sens des réalités. Je crois que sa fille est pareille. J’ignore si Martine Aubry est une idéologue. En effet, on l’a vu récemment montrer qu’elle n’est pas hostile au recul de l’âge de la retraite mais sous la pression de ses camarades socialistes elle à été contrainte à assumer un recul comme seuls les politiques savent le faire. Je trouve, à tort ou à raison que la première secrétaire du PS reste figée sur des positions qui ne devraient plus avoir cours. On s’en est rendu compte lors de la crise. Martine Aubry a pris des positions qui relèvent aussi du socialisme traditionnel franco-français.

Depuis son élection et jusqu’à aujourd’hui, elle a plutôt bien joué. Elle a transformé l’essai aprés son élection qui s’est faite dans la confusion, elle a serré les boulons et aujourd’hui elle donne l’impression d’une certaine unité. Aujourd’hui, et à la veille des élections régionales, Martine Aubry a le vent en poupe pour donner ce qu’on appelle le coup d’envoi de ces élections. La victoire, le PS va l’obtenir mais il ne me paraît pas évident que, pour reprendre son expression, si la carte des régions devenait rose, alors c’est un boulevard qui s’ouvrirait devant elle en vue des futures échéances présidentielles de 2012. Mais peut être a t-elle été un peu présomptueuse car la perte d’une ou deux régions sera présentée comme un échec qu’elle se devra d’assumer. En effet, c’est à mon avis une grosse imprudence qu’elle a commis à propos des régionales . Le FN est aux alentours de 8% ce qui veut dire qu’il ne peut pas se maintenir au deuxième tour dans d’aussi nombreuses régions que en 2004. Cette année là, la présence du FN au second tour dans 17 régions avait créé autant de triangulaires ce qui avait permis le quasi grand chelem de la gauche. On pourrait me rétorquer que la droite parlementaire réuni fait aujourd’hui à peu prés 30% alors que pour les mêmes élections en 2004 elle faisait 35%. Si la gauche perd ne serait ce que deux régions ce qui serait loin d’être catastrophique, au soir du deuxième tour, on pourra dire que, quelque part la majorité à plutôt bien résisté et peut même gagné les élections. Est ce la raison pour laquelle Fillon a appellé Aubry à plus de modestie sur les régionales. Par ailleurs j’ai déjà dit dans un précédent billet que les problèmes que l’UMP a connu pour la formation des listes, le PS les connaîtrait entre les deux tours. Il semble bien que c’est ce qui va se produire, les écologistes n’ayant apparemment pas l’intention de servir de roue de secours au PS.

Le PS vient de tanguer sur l’affaire Frêche car l’Héraut et l’Aude sont deux fédérations puissantes et il vaudra mieux ne pas les avoir contre soi lors des primaires. Mais est ce que Martine Aubry qui se place au niveau des valeurs pouvait faire autre chose que ce qu’elle a fait ? C’était difficile. Elle sait qu’elle va faire très probablement perdre la région Languedoc- Roussillon mais elle raisonne sur le long terme. Pour la suite c’est à dire pour l’élection présidentielle, cette perte de region peut se révéler bénéfique. Il y a en effet un certain nombre de militants de gauche qui lui reprochent de n’être qu’une gauche de gestion et de ne plus avoir de valeurs, de principes. La gauche montre là qu’elle est capable de se sacrifier pour ces mêmes valeurs.

Dans l’ensemble, je pense donc que Martine Aubry mène plutôt bien sa barque. Je suis beaucoup plus réservé sur ses talents d’oratrice. Je l’ai écoutée sur TF1 le lendemain de l’intervention présidentielle, puis sur canal +. J’avoue que côté communication je ne la trouve pas au TOP et surtout je trouve son discours extrêmement caricatural. Elle n’arrive pas à sortir du « nous les socialistes nous sommes les bons et en face il y a les méchants de l’UMP« . Cela me paraît un peu juste en matière d’argumentation et elle devra élever le débat si elle veut faire face à Nicolas Sarkosy. Ses prestations actuelles ne doivent pas empêcher de dormir le chef de l’Etat.

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