Lettre ouverte à la majorité

Je sais que l’un d’entre vous au moins me lit puisque Didier Julia (député UMP) m’a écrit. J’ose espérer qu’il saura vous transmettre ce qui suit.

Je ne comprends pas bien votre absence de réactivité face aux critiques dont vous êtes la cible de la part du parti socialiste. Je comprendrais que vous ayez des réserves s’il s’agissait de jeunes socialistes qui ne sont pour rien dans le passé de ce parti, mais qui est à la tête du PS aujourd’hui ? On y trouve Martine Aubry, Laurent Fabius, François Hollande, Ségolène Royale et d’autres encore et même récemment Lionel Jospin  est venu ajouter son grain de sel. Ce sont tous des anciens de 1981, aussi je me demande comment vous faites pour ne pas les renvoyer devant leur propre bilan. Aujourd’hui, messieurs de la majorité, on vous accuse de mettre en place un plan de rigueur gigantesque et sans précédent.

Comment pouvez vous ne pas rappeler aux auteurs de ces différentes déclarations que lorsque le franc a été dévalué pour la seconde fois – et nous sommes bien avant 1983 – le premier plan de rigueur a été mis en chantier par les socialistes avec notamment le blocage des prix et des salaires en 1982. Pierre Mauroy ne remet alors pas en cause sa politique, c’était bien entendu la faute aux autres, à vous messieurs de la droite parlementaire, comme toujours avec les socialistes ce qui amènera Pierre Mauroy à déclarer  » la relance des économies mondiales n’était pas au rendez-vous. » sa politique n’y était pour rien, ben voyons.

Et puis messieurs de la majorité, souvenez de ce conseil des ministres, c’était en septembre ou octobre 1982 au cours duquel Jacques Delors (papa Aubry) a déclaré que les caisses étaient vides. c’est au cours de ce même conseil que Michel Rocard a voulu aller au delà du blocage des salaires puisqu’il a ni plus ni moins que proposer de les baisser.

Et puis lorsque Laurent Fabius se met à la place de ces pauvres ouvriers qu’il prétend défendre, pourquoi ne lui rappelez vous pas les conditions dans lesquelles il a été élu député pour la première foi ? Un indice, c’était en juin 1978. Quand le même Laurent Fabius vous accuse de bâtir un budget sur une croissance trop optimiste, pourquoi ne lui rappelez vous pas que en octobre 1981, il a lui même bâti un budget en partant sur une base de croissance de 3,3% alors qu’elle ne fut finalement que de 1,3% soit nettement moins de la moitié.

Sur le nucléaire, souvenez la campagne électorale de François Mitterrand. Si je me souviens bien et il n’y a pas de raison que vous messieurs de la majorité vous l’ayez oublié, il avait dit qu’il limiterait le programme nucléaire français aux centrales en cours de construction. Il en a commandé cinq nouvelles.

Aujourd’hui les socialistes sont scandalisés par le marché qui a imposé un taux supérieur à 10% à la Grèce et de montrer du doigt les spéculateurs. Mais pourquoi, vous messieurs de la majorité, ne rappelez vous pas aux socialistes qu’en septembre 1982 face à la situation dramatique que connaissait notre pays, suite à la gabégie menée par le gouvernement Mauroy, la France a dû accepter un prêt de 28 milliards de francs au taux de 14% et comme cela n’a pas suffi la France a de nouveau emprunté 2 milliards de dollars cette fois ci à l’Arabie saoudite. Alors quand les socialistes parlent de la dette de la France, il serait bon de leur rafraîchir la mémoire et de leur rappeler qu’après 18 mois de gouvernement Mauroy la dette du pays a été multipliée par trois.

Alors que le second plan de rigueur (celui de 1983) est sur le bureau de Mauroy depuis quelques temps déjà, alors que la France est en faillite virtuelle, alors que tous les clignotants sont au rouge Pierre Mauroy invité de Antenne 2 déclare sans l’ombre d’un sourire  » les gros problèmes sont derrière nous, tous les indicateurs se remettent tranquillement au vert, il n’ y a pas d’autre explication à l’enragement de nos adversaires, c’est le specatcle de la gauche entrain de réussir. » et vous aujourd’hui messieurs de la majorité vous vous laissez accuser sans broncher de faire de la sémantique. Ces mensonges de l’époque sont ceux qu’a fait la Grèce aujourd’hui. ils ont été commis au prétexte qu’un chef de gouvernement ne doit jamais avoir des propos défaitiste qui seraient alors susceptibles d’affaiblir son pays et de déclecher ainsi la spéculation. Les grecs viennent de vérifier le contraire et  à leur dépens.

Mais comme en Grèce aujourd’hui , lorsque la vérité sur l’état de la France a été révélée, lorsque le mensonge a été découvert , c’est cela  au contraire qui a déclenché la spéculation et fait que le franc a été vivement attaqué. En effet la vérité a révélé ce que nous cachait le tandem Mitterrand / Mauroy. La France n’était plus en faillitte virtuelle mais réelle. On a découvert à la fin du premier trimestre 1983 que nos réserves en devises permettaient au pays de tenir seulement quelques jours, oui vous lisez bien quelques jours et non quelques semaines. L’attaque contre le franc a été violente.

Après bien des péripéties qu’il serait trop long à raconter, une brouille entre le chef de l’État et son Premier ministre a éclaté au point qu’ils ne se parlaient plus. Alors messieurs de la majorité je vais terminer en faisant le parallèle entre la France de Mitterrand-Mauroy et la Grèce d’aujourd’hui.

La spéculation sur la Grèce s’est produite parce que les marchés se sont rendus compte que les autorités grecques avaient menti sur la situation du pays. L’Allemagne a bien voulu participer au sauvetage de ce pays moyennent un plan d’autérité drastique que la France a voté.

En 1983 la spéculation s’est produite sur le franc parce que les marchés se sont rendus compte que les autorités française avaient caché la vérité sur l’état du pays. Les socialistes au pouvoir ont alors cherché à accuser les allemands pour qui, en plus d’avoir triché,  la France était seule responsable de  la faiblesse de sa monnaie à cause d’erreurs commises par son gouvernement. Mitterrand a triché parce qu’il ne voulait pas dévaluer une nouvelle fois ce qui aurait été un aveu d’échec et c’était inconcevable. Il voulait donc que les allemands seuls réévaluent le mark car c’était eux les « coupables« . Mitterrand et Mauroy seront obligés de céder et les allemands bien entendu sortiront vainqueurs de ce bras de fer : ils acceptent de réévaluer le mark de 5,5% mais en contre partie la France doit dévaluer sa monnaie de 2,5% et elle est tenue à un plan d’austérité. Et c’est ainsi que nous avons eu droit à un gigantesque plan de rigueur, le vrai celui là, celui de 1983. Les socialistes ne pouvaient en effet pas faire autrement que de faire ce que l’Allemagne demandait. C’est exactement la position de la Grèce aujourd’hui.

Alors messieurs de la majorité voilà la véritable histoire et si vous avez le moindre doute demandez à vos anciens. On en a assez de devoir subir à longueur de journée des leçons de la part de ceux qui ont mené la France à la failllite et qui veulent s’ils reviennent au pouvoir employer les mêmes méthodes.

Que ce soit sur les problèmes de société, sur les problèmes économiques, sur l’hyper présidence, sur bien d’autres sujets sur lesquels vous êtes attaqués, soyez décomplexés. Vous avez matière à comparer, à vous défendre, à empêcher les roquets d’aboyer. Le tout c’est de le vouloir. Les années fric c’est tout de même pas les vôtres mais les années 80, les années Mitterrand, les années socialistes. Cela vous est d’autant plus facile pour vous défendre qu’ à la tête du PS il y a Martine Aubry qui a toujours été aux côtés ou dans les gouvernements de ces années là. On compte sur vous.

Cordialement

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