Les relations franco-allemandes. 3éme partie

Les désaccords se sont multipliés entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. La chancelière Allemande et le président Français se sont vivement affrontés, au printemps, sur la création de l’Union pour la Méditerranée qui, dans sa première version, excluait l’Allemagne.

La gestion de la crise géorgienne par M. Sarkozy en sa qualité de président du Conseil européen, cet été, n’a pas atténué la méfiance de Mme Merkel, qui a conduit une sorte de diplomatie parallèle en se rendant elle-même en Russie et en Géorgie.

La crise financière, à l’automne, a encore avivé les tensions. La manière dont Berlin a rejeté plusieurs propositions françaises a révélé, selon l’historien Jacques-Pierre Gougeon, « un degré de mésentente rarement atteint ». Ces désaccords ne pouvaient pas rester sans effet sur le fonctionnement de l’Union européenne, l’ensemble franco-allemand constituant une « masse critique », avec 48,8 % du produit intérieur brut de la zone euro, 36 % du financement du budget européen, 33 % de la population.

Au-delà des différences de style entre la chancelière allemande et le président français, qui ne facilitent pas l’entente, Berlin s’irritait surtout de la méthode de M. Sarkozy.

Le président français a enfreint selon Angela Merkel les règles de la bonne conduite européenne en lançant ses initiatives sans aucune concertation préalable. Mais Sarkozy n’en a eu cure. Interpellé au Parlement européen sur la façon dont il a engagé des négociations avec Moscou et Tbilissi sans mandat de ses partenaires, il s’est contenté de répondre : « Il est vrai que je n’avais pas de mandat, mais les troupes qui envahissaient la Géorgie non plus. »

Pourtant, les malentendus sont sans doute plus profonds. Ils tiennent à la modification du rapport de force entre la France et l’Allemagne depuis la réunification.

La presse allemande est sévére à l’égard de N Sarkozy comme « une remise en question plus générale de la capacité de la France à jouer un rôle de premier plan en Europe ». A cette « interrogation lancinante » répond, du côté français, la persistance d’une forme discrète d’anti-germanisme. On se souvient de ses discours de campagne dans lesquels, au nom du refus de la repentance, il rappelait que la France n’avait ni commis de génocide ni inventé la solution finale.

Ce climat de suspicion pesait sur les politiques européennes. Certes, l’Europe franco-allemande appartient au passé. L’Union à vingt-sept ne saurait se réduire au bon fonctionnement de la coopération entre Paris et Berlin. Le rôle de la Grande-Bretagne ou des anciens pays communistes, en particulier, rend le jeu plus complexe. Mais l’amitié entre l’Allemagne et la France reste une dimension importante du projet communautaire. Il serait dommage de la mettre en péril.

La percée s’est bel et bien produite. Après une période de turbulences, l’Allemagne et la France ont dégagé un accord sur le dossier le plus épineux, mais aussi le plus emblématique de leurs relations, la future Union pour la Méditerranée.

La clef du succès, pour le projet méditerranéen aussi cher à Nicolas Sarkozy que suspect aux yeux d’Angela Merkel, a été de l’inclure clairement dans les structures communautaires. Cette évolution vers une renaissance du traditionnel axe franco-allemand était perceptible.

Pour mieux laisser à penser que les difficultés provenaient uniquement du président Français on occultait le fait q’une telle phase d’accoutumance a toujours marqué les débuts des différents «couples» franco-allemands. Jacques Chirac avait ainsi initialement suscité l’ire de Helmut Kohl par la reprise des essais nucléaires français.

Quand Gerhard Schröder est arrivé au pouvoir, en 1998, il a fallu deux ans de crise, du sommet de Berlin à celui de Nice, avant qu’ils établissent à la faveur du rejet commun de la guerre en Irak des relations privilégiées.

Les relations bi-latérales se sont également soldées par d’autres avancées sur plusieurs dossiers. Une coopération étroite a été décidée dans le cadre européen pour intensifier la lutte contre les paradis fiscaux.

Ce point n’a guère dû poser problème après la vague d’opprobre et les enquêtes en cascade déclenchées par les révélations sur les fraudes fiscales au Liechtenstein. Sur des dossiers à fort potentiel de contentieux, des groupes de travail bilatéraux seront mis en place. Angela Merkel a cité la politique européenne de défense et de sécurité, la protection du climat, l’immigration et la politique agricole. Un groupe de travail ancré à l’Élysée et à la Chancellerie sera créé pour tenter de trouver un terrain d’entente sur la question des émissions de CO2 des voitures qui oppose les deux pays à Bruxelles.

Aujourd’hui les relations se sont normalisées. Pour celer cette entente Nicolas Sarkozy a annoncé un pacte qu’il a qualifié d’historique en ce qui concerne l’amitié franco-allemande. C’est ainsi qu’un bataillon allemand va s’installer sur le sol Français. Il me semble que le président de la République est dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Mitterrand/Khol ont été les précurseurs en créant la brigade franco-allemande, Nicolas Sarkozy a pris le témoin. Il me semble que pour ceux qui sont des européens convaincus, que pour ceux qui comme moi ont fait leur service militaire en Allemagne, ce pays mérite cette reconnaissance.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*