Le Président de la République a fait de la pédagogie, il a joué la proximité et la convivialité et surtout la modestie dans bien des domaines et en particulier dans l’attitude et la posture. On a tous remarqué qu’il a appelé les invité par leur prénom. Il a essayé de rassurer et d’expliquer tout en montrant qu’il connaissait bien ses dossiers.. Avant de parler du fond, je l’ai personnellement trouvé bon sur la forme mais ce n’et pas surprenant, Nicolas Sarkozy sait comuniquer. L’animateur Jean Pierre Pernaud a, à mon sens parfaitement tenu son rôle, celui d’un modérateur. Enfin pour ce qui est du panel, à moins d’être de très mauvaise foi je ne vois pas là un sujet à critiques.
Pour Nicolas sarkozy participer à une telle émision avait deux objectifs. Le premier était de montrer qu’il y avait à la tête de l’État quelqu’un qui tient la barre et fixe le cap. Le deuxième était de montrer que la crise l’avait empêché de réaliser une partie de son programme présidentiel mais qu’il ne le perdait pas de vue et c’est pourquoi il a voulu se montrer rassurant. Je crois que le premier de ces objectifs a été atteint, le président affirme qu’il est bien présent, voilà ce que j’ai fait et voilà ce que je veux faire. Je suis un peu plus réservé sur le fait que le second objectif ait été atteint. Les réponses de l’ensemble du panel étaient de dire que oui le Président essayait de faire avancer les choses mais qu’on ne les voyait s’améliorer. Par rapport à ces précédentes prises de parole, la différence c’est qu’il n’y a pas eu de surprises, pas d’annonce, pas de scoop. On était en droit d’en attendre, notamment sur les chômeurs en fin de droit.
L’interventions du Président n’a pas été un programme électoral, ce n’a pas été non plus un bilan, mais tout simplement une intervention de mi-mandat. On a écouté un homme totalement investi dans sa mission, qui a essayé d’apporter des réponses concrétes à des gens qui se trouvent dans des situations pour le moins délicates. Ces cas particuliers ont été à mon sens le point faible de l’émission car Nicolas Sarkozy a manqué de prospectives du fait même des questions qui lui ont été posées, mais peut être est ce le type de l’émission qui l’a imposé. Il a assumé sa politique en affirmant que si compte tenu des ciconstances l’Etat est intervenu, ce n’est pas pour autant qu’il accepte de creuser le déficits publics.
On dit souvent que les politiques vivent en dehors de la réalité et c’est souvent vrai. Même si Nicolas Sarkozy a démontré qu’il connaissait bien ses dossiers, il a été confronté à la réalité par cette dame qui travaille dans la grande distribution. Avec deux salaires dont le total s’établit à moins de trois mille euros et trois enfants, le Président croyait qu’elle ne payait pas d’impôt ce qui se révèle inexact, il lui propose de faire des heures supplémentaires, elle est d’accord mais répond que c’est son employeur qui ne le veut pas. Ça c’est la réalité et visiblement Nicolas Sarkozy a été surpris. De même face à cet artisan qui a tout perdu y compris ses biens personnels je trouve que la réponse du Président « Votre situation n’est pas facile, mais mon travail non plus » montre tout de même une certaine déconnexion propre aux politiques et surtout met en avant l’impuissance du politique qui ne peut pas tout. Cela m’a rappelé Lionel Jospin et son fameux « l’Etat ne peut pas tout « , ce qui par ailleurs est vrai.
De tous les domaines qui ont été abordé, je l’ai trouvé réellement convainquant dans deux d’entre eux : celui de la santé et celui des retraites. Quand il dit qu’on est passé de deux cotisants pour un retraité à une position inverse ou que la durée de vie a considérablement augmenté c’est imparable. Il a donné l’assurance de garantir la pérennité du régime des retraites (a) et il n’acceptera pas que l’on revienne sur le régime par répartition, base de la solidarité entre les générations (b) . Par ailleurs il n’y aura pas de baisse des pensions (c) . Si l’on veut maintenir ces trois éléments a, b, c, cela implique forcément un allongement de la durée dans le monde du travail et une augmentation des cotisations à moins que ce ne soit un allongement de la durée du travail et une modification de l’assiette des cotisations. Je penche plus pour la première hypothèse. A ce sujet, j’ai entendu tout à l’heure au 20 h de TF1 Martine Aubry dénoncer la baisse des retraites de 20% depuis la réforme Balladur. Elle a simplement oublié de rappeler que entre temps on a eu 5 ans de gouvenement Jospin et que les socialistes n’ont jamais osé aborder ce problème des retraites. C’est facile de critiquer ceux qui essaient d’agir et puis si elles étaient si basses pourquoi les socialistes ne les ont-ils pas augmentées ?
Sur le sujet « Renault« , je suis en revanche beaucoup plus réservé. « je n’accepte pas la stratégie de Renault au cours des dix dernières années. Le 1/3 des effectifs de Renault est en France, les 2/3 sont à l’étranger. Pour PSA c’est l’inverse. Et ce, alors que l’Etat est actionnaire de renault à hauteur de 15 %. » Cette comparaison n’est pas tenable. Voilà deux entreprises qui sont dans la mondialisations et qui doivent aller chercher les marchés là où ils sont. D’autre part je ne suis pas d’accord avec le fait d’accuser les deux précédents PDG de Renault qui ont été de grands chefs d’entreprises et quand bien cela n’aurait pas été le cas, cela ne se fait pas. A mon avis cela mérite une traduction. Je pense que ce qu’a voulu exprimer le Président, c’est que il y a un avant son élection et un après son élection et il a raison, c’est de la politique mais il aurait pu s’exprimer autrement qu’en citant le nom d’un grand industriel.Sur ce sujet Nicolas Sarkozy s’est conduit en démagogue. Même position sur les 35 heures. Dieu sait que en 2000 j’ai combattu les 35 heures et que je le fais encore mais dire qu’elles sont la cause de la montée du chömage ce n’est pas sérieux. Le chômage est un fléau qui date de bien avant les 35 heures. Je le disais recemment dans un billet, Lionel Jospin a bénéficié d’une croissance exceptionnelle qu’il a mal utilisée mais enfin grâce à cette croisance c’est la seule période où le chômage à véritablement diminué. Nicolas Sarkozy a donné là, le bâton pour se faire battre.
Ceci dit Nicolas Sarkozy n’est pas idiot, il sait qu’il n’a pas raison sur les 35 heures, mais à un moment donné, plutôt sur la fin de l’émission il a cessé de s’adresser à l’ensemble des français pour s’adresser directement à son électorat y compris et même surtout à celui qui est entrain de décrocher. A partir de ce moment il sort du sujet pour faire véritablement ce qu’il sait faire, c’est à dire de la politique. Il s’adresse une première fois à cet électorat (actif) et essaie de le rassembler à travers la critique des 35 heures et le partage du travail et une seconde foi lorsqu’il confirme la suppression d’un fonctionnaire sur deux. Sur ces deux points il a tout assumé car ce sont deux points ou il est très attendu par un électorat qui ne veut pas le voir céder. Il lui faut rassembler le peuple de droite et il est temps qu’il le fasse. Avec la garantie du maintien des pensions il s’était déjà adressé à son électorat (retraités).
Les élections régionales ont été briévement abordées et le chef de l’Etat a dit » non le rôle du président d la République n’est pas de faire campagne pour les présidents de régions. » On sait qu’il y a peu il voulait nationaliser ces élections, et c’est lui qui a désigné les têtes de listes de l’UMP. Ce que l’on peut qualifier de retour en arrière me laisse à penser que cette non implication signifie que Nicolas Sarkozy à intégrer la défaite de sa majorité à ces élections et qu’il est déjà passé à la suite.
Finalement je pense que Nicolas Sarkozy s’est fort bien tiré d’un exercice difficile voire périlleux. On se souvient de Jacques Chirac dans le même type d’émission lors de la campagne pour le traité européen et de ce fameux « je ne vous comprend pas. » adressé aux jeunes. Il n’a pas commis d’erreur majeure. On a remarqué que aucun des intervenants n’a contesté les chiffres avancés par le Président. Il avait visiblement bien préparé son intervention.
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