Trois lettres qui ont beaucoup fait parler d’elles. Le Service d’Action Civique a été créé le 15 décembre 1959 comme association loi 1901, puis déclaré à la préfecture de police le 6 janvier 1960. Sa fondation suit le retour du général de Gaulle et elle est dûe à 3 hommes : Jacques Foccart, Dominique Ponchardier et Roger Frey . A l’origine le S.A.C succède au service d’ordre du R.P.F et il a pour mission de réunir toutes les personnes qui souhaitent soutenir le Général et lutter contre l’O.A.S. Officiellement son chef est Pierre Debizet détenteur de la croix de guerre à 23 ans et surnommé « le colonel » ou encore « gros sourcils » . Le recrutement des adhérents est sérieux, difficile, n’ y entre pas qui veut, il n’y a aucune condition de religion ou de couleur de peau, bien sûr il faut être gaulliste. Généralement sont recrutés des anciens résistants, des policiers, en retraite ou pas, les vétérans des guerres coloniales bref des gens qui ont le sens de l’honneur et qui sont là pour servir. Les nouveaux adhérents doivent prêter serment sous la forme : » Je prends l’engagement solennel d’obéir sans discussion à mes chefs…Si je trahis, j’accepte d’avance de subir les châtiments corporels réservés aux traîtres« .
Même si on ne demande pas leur opinion aux militants on sait que la plupart d’entre eux sont favorables à « l’Algérie Française ». Il y a eu le référendum d’autodétermination et les accords d’Evian ce qui a entraîné de nombreux départs de militants déçus par le changement de stratégie du Général sur la politique algérienne. Debizet est de ceux là, il n’accepte pas l’autodétermination et démissionne du S.A.C. A partir de ce jour il portera toujours en guise de deuil une cravate noire. C’est Paul Comiti qui lui succède. Faute de militants, le recrutement se dégrade et c’est ainsi que l’on voit arriver des voyous, des escrocs de plus ou moins d’envergure jusqu’au jour ou le S.A.C est carrément gangréné par le milieu.
La démission du général de Gaulle en 1969 entraîne celle de Comiti et le retour de Debizet. La gangrène est telle que même Pompidou ignore que son chauffeur Mathieu Mattei chef du S.A.C à Grenoble est aussi le patron du milieu grenoblois. Il l’apprendra lorsque Mattei sera abattu. Pompidou décide alors d’en terminer avec ce qui est devenu une officine de truands qui règnent sur les machines à sous, la prostitution et le racket et il décide faire le ménage notamment à Lyon et à Marseille.
A l’époque on sait qui, dans le milieu des grandes villes, appartient au S.A.C mais il est très difficile d’avancer des noms pour une simple et bonne raison c’est que le fichier des adhérents tenu secret n’a jamais été découvert mis dans un lieu secret par Debizet qui avait prévu la victoire de Mitterrand en 1981. Néanmoins il est une certitude, c’est que la carte du S.A.C, si elle ne mettait pas son titulaire au dessus des lois, procurait d’énormes avantages en particulier en cas d’arrestation par la police et lors de campagnes électorales. Des possesseurs de cette carte protégeaient les afficheurs. Elle est de couleur blanche pour le militant de base, rouge pour le responsable départemental, orange pour le responsable régional et couleur or pour les membres du bureau national et pour les « chargés de missions ». Certains membres sont armés.
Beaucoup pensent que Charles Pasqua a eu un rôle influent au sein du S.A.C. Ce n’est pas tout à fait exact. S’il est vrai que Pasqua a été pendant une période vice-président de l’organisation, il en a été évincé au début de l’année 1969 pour avoir tenté de profiter des événements de mai 1968 dans le but de prendre le contrôle du mouvement. C’est le vrai patron du S.A.C Jacques Foccart qui a pris la décision de cette eviction.
Le 18 juillet 1981 dans les Bouches du Rhône, dans la commune d’Auriol une bavure se transforme en drame. Cinq membres de la famille Massié sont massacrés et un enfant de 7 ans est achevé à coups de couteaux; Plus tard lorsque Jacques Massié, 41 ans et inspecteur stagiaire, rentre chez lui il sera à son tour poignardé. Tous les acteurs de ce massacre ont été condamnés mais ont aujourd’hui retrouvé la liberté. Cette tuerie est à l’origine de la dissolution du S.A.C prononcée en Conseil des ministres le 3 août 1982. Debizet a été inculpé et a bénéficié d’un non lieu, il est décédé au mois de mai 1996.
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