Dans son dernier livre, « le Conflit, la femme et la mère » , Elisabeth Badinter dénonce « le retour en force du naturalisme », une «idéologie» qui ferait de «Mère Nature» une nouvelle tyrannie soumettant les femmes à des « lois» de plus en plus contraignantes, avec comme première conséquence de les renvoyer à la maison.
L’hebdomadaire « Politis » en fait un résumé. Condamnation du tabac et de l’alcool pendant la grossesse, bataille du lait, réticences face à la pilule et à la péridurale, méfiance à l’égard de la chimie et de l’agroalimentaire, accouchement à domicile, «peau à peau» dans les maternités, couches lavables, «co-dodo» et retour de l’instinct maternel… Tout y passe. Et tout converge sous l’étiquette d’une écologie mal définie
Trente ans après » l’Amour en plus » qui tordait le cou à l’instinct maternel , la philosophe vilipende le « retour en force du maternage », accusé de « culpabilisercelles qui ne s’y retrouvent pas. « 1980-2010 : une révolution s’est opérée dans notre conception de la maternité. Aucun débat, aucun éclat de voix n’a accompagné cette évolution,ou plutôt cette involution. Pourtant son objectif est considérable puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de remettre la maternité au coeur du destin féminin. Amalgamant naturalisme et écologie, la philosophe se donne pour mission de révéler cette « guerre idéologique souterraine» qui menace l’émancipation et l’égalité des sexes. Symbole de la régression selon elle : l’allaitement, qui réduirait la femme à la femelle. Plus exactement, les politiques en faveur de l’allaitement et la Leche League (LLL), association de soutien aux femmes qui allaitent.
Je trouve que Elisabth Badinter va trop loin et qu’elle a plusieurs trains de retard. Elle est aujourd’hui tellement dépasée me semble t-il qu’elle prend les jeunes femme d’aujourd’hui pour des démeurées. En effet dans son livre, elle affirme que heureuses de réussir dans leurs études, de travailler, de rester jeunes et d’avoir des enfants, elle ignoreraient » l’involution » culturelle dont elles sont victimes, elle se seraient laisser endormir…Elles seraient devenues dit E Badinter les idiotes utiles du capitalisme qui, à chaque crise économique, retourneraient gaiement dans leurs foyers pour réussir ce qu’elles savent le mieux faire : enfanter et élever. Merci pour elles.
E Badinter n’hésitent pas à montrer du doigt ceux qui à son avis sont les responsables de ce qu’elle qualifie de retour à la tyrannie de la maternité : le marché de l’emploi, les pédiatres réactionnaires, les croisés de l’allaitement, les féministes naturalistes.
Son pamphlet fleure surtout la réaction épidermique. Encourager l’allaitement signe, pour la philosophe, un recul en matière de libération de la femme, alors que cela ouvre, pour d’autres, des perspectives en matière de nouvelles libertés à conquérir. Comme la pilule en 1967 et l’avortement en 1974, l’allaitement se trouve, en 2010, au carrefour d’un débat de société. « On est passé de “Vous avez le droit d’allaiter” à “Vous devez allaiter.” Les pressions d’ordre moral ont remplacé un choix légitime, sous la houlette de la Leche League , estime Élisabeth Badinter (Libération, 10 février). Association arrivée des États-Unis en France en 1979 et suffisamment puissante, selon elle, pour influencer l’OMS, LLL rassemble 330 animatrices dans l’Hexagone, dont une poignée seulement très militantes. Ses représentantes n’en reviennent pas du pouvoir que la philosophe leur attribue ni de son assaut contre le «modèle» qu’elles représenteraient. « Au conseil d’administration, on travaille toutes ! », s’étonne Isabelle Seroul, de LLL. Et si les fondatrices américaines de 1956 étaient en effet catholiques, aujourd’hui la plupart ne sont absolument pas dans la tendance “cathode droite” », assure la présidente, Bénédicte Opitz. « Élisabeth Badinter ne nous connaît pas ! LLL défend le libre choix, sans jugement. Notre objectif, c’est d’accompagner les femmes qui veulent allaiter et rencontrent des difficultés. Jamais on ne défendra l’allaitement dans la douleur! s’offusque-t-elle. « C’est scandaleux d’associer l’allaitement au retour à la maison« , s’indigne Christine Coursaget, sage femme, consultante en lactation et formatrice Co-naître. La plupart des femmes qui allaitent travaillent. Et celles qui allaitent plus de trois mois subissent des pressions dont personne ne dit mot ! Certes, les femmes sont dorénavant encouragées à allaiter dans les maternités. Mais ce sont des recommandations de santé publique : si l’allaitement relève toujours du libre choix, il est du devoir des professionnels de santé de le promouvoir.
« C’est ridicule d’opposer le sein et le biberon« , tranche Thierry Harvey, gynécologue et directeur de la maternité des Diaconesses à Paris. Toutes les mères “donnent du lait”, les deux systèmes sont complémentaires. Je ne comprends pas les pressions sur celles qui ne veulent pas allaiter, il en va de leur choix personnel et de leur rapport à leur corps ! Je ne comprends pas non plus les pressions sur celles qui veulent continuer à allaiter en reprenant le travail. Le problème, c’est que notre société n’est pas organisée pour. D’où l’intérêt des trucs et astuces de la LLL, même si certaines “ultras” peuvent agacer. En France, contrairement à d’autres pays d’Europe, cela reste « super mal vu d’allaiter longtemps», insiste Christine Coursaget, qui rappelle que l’histoire de l’allaitement maternel est liée à celle de l’industrie laitière. Dans les années 1970, un courant féministe a revendiqué une image de femme qui ressemble à un homme et donc donne le biberon, contre les “babas cool” qui donnaient le sein. Une opposition dépassée en 2010. Élisabeth Badinter a manqué un tournant, diagnostique Isabelle Seroul. Elle s’attaque aux féministes qui, héritant des acquis des années 1970, n’opposent plus les statuts de mère et de femme mais tentent de tout concilier. C’est là le nouveau combat.
Edwidge Antier, pédiatre et député UMP n’est pas d’accord avec Elisabeth Badinter et elle le dit dans le « journal du dimanche« . Elle l’accuse d’être une archéo- féministe qui connaît mal les aspirations des jeunes mères d’aujourd’hui. Pour les néo féministes dit-elle et elle s’en revendique, » il est évident que les femmes veulent s’épanouir à la fois dans leur vie professionnelle, à l’égal des hommes, et dans la maternité. »
Dans son livre E Badinter affirme que l’essentiel de l’éducation des enfants incombe aux femmes au détriment de leur épanouissement personnel. Edwidge Antier ne le conteste pas et ajoute que les mères qui tentent de concilier vie professionnelle et maternité ont un courage incroyable parce que, aujourd’hui comme hier elles doivent se débrouiller seules. C’est la raison pour laquelle en tant que députée et avec d’autres femmes elle essaie de convaincre ses collègues masculins pour légiférer sur l’égalité des salaires et des retraites, la parité au sein des CA, l’invention d’un capital temps à l’échelle de la vie. L’autre parité est de faire une place au bébé dans le monde du travail en multipliant les créches d’entreprises.
Contrairement à E Badinter, Edwidge Antier dit que pour les femmes qui choississent l’allaitement ce n’est pas un asservissement mais un plaisir. Pour elle, plus une mère est proche de son nouveau né, plus elle aide ce petit dépourvu de codes à comprendre le monde. Et plus elle implique le père. En ce qui concerne précisément l’implication des pères Edwidge Antier pense que c’est à eux de trouver leur place auprès de leur enfant. Ils ont tout à y gagner : alors que la vie professionnelle est semée d’embûches, l’éducation d’un enfant est une chance de se réaliser.
Et si E Badinter n’avait pas complétement tort
Selon une étude révélée dans le « journal du dimanche« , les statistiques ne donnent pas complétement tort à Elisabeth Badinter. Les femmes assument 80% des tâches ménagères. Huit sur dix s’occupent toujours ou le plus souvent du repassage, sept sur dix de la préparation du repas, la moitié de l’aspirateur et des courses d’alimentation et quatre sur dix de la vaisselle et de la tenue des comptes. Les tâches partagées le plus équitablement dans le couple sont les plus valorisantes socialement : invitations, organisation des sorties et des vacances.
Les inégalités hommes-femmes ne reculent pas. Elles s’intensifient même avec l’arrivée d’un enfant. L’enquête montre que la situation des femmes face à l’ensemble de ces tâches se dégrade lorsqu’elle devient mère et que le foyer s’agrandit. Exemple : la proportion de couples où la préparation du repas incombe toujours à la femme passe de 51% à 58% avec l’arrivée d’un premier enfant. Cette même étude révèle que le déséquilibre entre la mère et le père s’explique en partie par la réduction de l’activité professionnelle de la femme lorsque l’enfant vient. Elle quitte son travail ou réduit son emploi du temps dans 25% des cas au moment de la naissance du premier enfant.et dans 32% des cas pour une naissance supplémentaire.
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