Les délires d’Emmanuel Todd

On sait ici que Emmanuel Todd ce n’est pas ma tasse de thé. J’ai toujours pensé qu’il n’apportait rien au débat et j’avais dit que son bouquin « Après la démocratie » était un torchon. Aujourd’hui après avoir lu son interview dans le « Monde »  j’ai quasiment acquis la certitude que Emmanuel Todd vit dans un autre monde et que pour quelqu’un qui se prétend sociologue, il ne comprend pas grand chose à ce qui l’entoure.

A la question sur les enjeux du débat sur l’identité nationale il répond entre autre  » les tensions se sont apaisées. Tous les sondages d’opinion le montrent : les thématiques de l’immigration, de l’islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques.  » Pour un sociologue une telle réponse dépasse l’entendement . Lui a t-on communiqué le résultat du référendum en Suisse concernant les minarets ? Un non massif en dépit la position de la classe politique helvétique. Lui a-t-on communiqué le résultat d’un sondage effectué en France sur ce sujet ? Est-il au courant qu’un éventuel projet de loi sur l’interdiction de la burqua divise la classe politique française tous partis confondus. Emmanuel Todd est-il au courant des problèmes qui se posent dans les maternités avec le personnel soignant masculin ? A t-il visité les cantines des écoles publiques ? Et si oui pourquoi n’a t-il pas consulté les menus. Cela lui aurait permis de constater des différences. Comment quelqu’un qui se prétend socilogue peut-il affirmer que les thématiques de l’immigration, de l’islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques ?

Pour répondre à la même question Todd ajoute  » Les populations d’origine musulmane de France sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d’Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes. Pour moi, le signe de cet apaisement est précisément l’effondrement du Front national. » Comment quelqu’un qui se prétend également historien peut-il pensé que l’islam respecte la laïcité alors que cette religion pour ceux qui la pratiquent fait partie intégrante de la vie économique, politique et sociale, je cite Hari Ramadam  » L’islam est une religion qui touche tous les domaines de la vie, y compris politique et économique, et ces principes, ils sont essentiels. Il n’y a pas cette séparation que l’on connait en Occident. Donc la globalité du message de l’islam est une réalité« . Alors que Todd ne vienne pas nous raconter des histoires. Pour ce qui est des mariages mixtes, ils sont depuis quelques années en nette diminution. Pour faire une telle affirmation Todd fait un mélange des genre pour créer la confusion. En effet un mariage entre un ou une français (e) d’origine étrangère et un (e) français (e) de souche n’est plus un mariage mixte ou alors on peut remonter à plusieurs générations. De la part de Todd c’est de la malhonnêtté intellectuelle, mais il y a bien longtemps que je le dénonce.

Todd représente également ce que je déteste le plus chez ces soi-disants intellectuels. A qui s’adresse t-il lorsqu’il dit  » Je pense de plus en plus que le sarkozysme est une pathologie sociale et relève d’une analyse durkheimienne – en termes d’anomie, de désintégration religieuse, de suicide – autant que d’une analyse marxiste – en termes de classes, avec des concepts de capital-socialisme ou d’émergence oligarchique. » Autant je comprends qu’une telle phrase puisse être dite dans des clubs, là où on n’a pas besoin de la traduire, mais on ne s’adresse pas aux lecteurs dans de tels termes. Il s’imagine peut-être que cela va rendre plus crédible le reste de son interview. Il aurait pu exprimer la même chose avec des mots plus simples. Ah oui vraiment je déteste ce genre de bonhomme. Ce n’est pas comme ça que je concois l’intellectuel et j’avais d’ailleurs fait un billet la dessus. Je disais que entre « le véritable intellectuel est celui qui est capable d’intéresser les autres en leur donnant l’impression que ce sont eux qui sont intelligents. »

Pour ce qui est du  reste de l’interview, je vous laisse juge. Je maintiens ce que j’ai déjà écrit. À savoir que Emmanuel Todd est quelqu’un qui respire la haine. J’avais dit que son bouquin « Après la démocratie  » était un condensé d’attaques contre Nicolas Sarkozy et au travers de cet interview, il ne fait que confirmer. Comment peut-on porter le moindre crédit à un homme d’aussi mauvaise foi.

Dans l’interview il dit je cite  » Je n’ose plus dire une droite de gouvernement. Ce n’est plus la droite, ce n’est pas juste la droite… Extrême droite, ultra-droite ? C’est quelque chose d’autre. Je n’ai pas de mot. » S’il parlait en simple citoyen j’admettrais ces propos, un citoyen peut être écoeuré par une politique, pourquoi pas. Mais Todd ne parle pas du tout comme un citoyen, mais en tant qu’ historien, ce qu’il prétend être. Or, Un historien doit savoir prendre du recul face à l’événement, ce qui n’est pas du tout le cas de Todd. J’avais déjà discerné ce manque de recul dans « Après la démocratie« . Il n’ y aucune ambiguïté sur le fait qu’il veut parler en historien et non comme simple citoyen , ne serait ce que parce qu’il fait référence à l’histoire je cite   »Il ne faut pas faire de confusion, mais on est quand même contraint de faire des comparaisons avec les extrêmes droites d’avant-guerre. » En employant les termes « fascisme et haine » Todd applique tout simplement le principe de la loi Golwin, c’est à dire que manquant d’arguments il utilise des mots extrêmes. Aucun historien digne de ce nom ne se conduit ainsi.

J’avais fait le même diagnostic au sujet de Frédéric Lordon. La plupart d’entre nous se font une idée à partir de faits, les gens comme Todd traitent les faits à partir de leurs idées. Donc, en fait et ce sera ma conclusion, aux gens de cet acabit, je reproche essentiellement, et c’est ce qui me déplait en eux, de ne pas fonder leur argumentation et leurs critiques à partir de faits incontestables mais seulement à partir de convictions qu’ils se refusent à remettre en cause c’est à dire à partir d’une idéologie. C’est le cas pour Todd en ce qui concerne l’immigration et sa haine envers Sarkozy. C’est que ces gens là n’ont à leur disposition qu’une arme : la manipulation ou l’application pure et simple de la loi Goldwin . Todd pratique les deux, il a voulu se mêler du débat sur l’identité nationale en utilisant des arguments à la fois faux et indignes. On peut légitimement penser que, en ce qui le concerne, il a d’ores et déjà perdu ce débat. Finalement son discours n’est ni plus ni moins que celui d’un gourou qui s’adresse à ses adeptes, jusqu’au jour ou même certains d’entre eux vont se poser des questions sur le bien fondé de sa pensée.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*