J’ai bien aimé cet article de l’hebdomadaire investir qui défend la thèse que est la mienne depuis longtemps.
La crise actuelle, quelle qu’en soit l’issue, sera l’une des plus violentes depuis la dépression des années trente. Si les économistes ont tiré de cette expérience la nécessité de ne pas succomber aux sirènes du protectionnisme, les tentations sont fortes.
Depuis plusieurs mois se multiplient, en effet, dans le monde des mesures qui sont interprétées comme entrant dans l’arsenal protectionniste. La Russie a décidé d’augmenter ses taxes sur les importations de voitures et l’Inde a accru ses tarifs douaniers sur l’acier.
L’Indonésie a pris des mesures plus indirectes comme la limitation du nombre de ports d’entrée aux biens de consommation étrangers. La Chine subventionne depuis le début de l’année ses exportations par des contributions financières versées aux entreprises.
Les Etats-Unis ne sont pas restés inertes.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, à peine nommé, a accusé Pékin de manipulation de son taux de change. La volonté du Sénat américain d’inclure une clause dans le plan de relance garantissant l’utilisation d’acier américain dans les projets financés par le plan a inquiété en Europe.
Des tentations protectionnistes étaient déjà décelables dans le programme du président Barack Obama. Ainsi, l’intention de renégocier, avec le Canada et le Mexique, les termes de l’accord de libre-échange nord-américain est connue. Une protection légitime L’Union européenne n’est pas non plus insensible à la tentation protectionniste.
Ainsi, elle a imposé fin janvier des taxes (jusqu’à 85%) sur les importations de vis et boulons chinois. Bruxelles a également décidé des droits de douane temporaires antidumping, pouvant atteindre 25%, sur les importations de fil d’acier chinois ainsi qu’un surcroît de taxes de 4% sur les importations de tiges d’acier en provenance de Moldavie.
Mais c’est le plan français de soutien au secteur automobile qui a renforcé la polémique cette semaine, certains membres de l’Union estimant que Paris allait trop loin dans la protection de ses entreprises. Ce point a été abordé lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, lundi, et sera aussi à l’ordre du jour d’un sommet européen le 1er mars. Nul doute que les grands argentiers et les banquiers centraux des sept pays les plus industrialisés (G7), qui se réunissaient à Rome vendredi et samedi, ont abordé ce thème mais à l’échelle de la planète.
La volonté des gouvernements de protéger les entreprises et les emplois nationaux est à la hauteur du choc qui frappe ces économies. L’activité des pays industrialisés s’effondre, notamment en raison du recul du commerce mondial.
Les exportations reculent partout dans le monde (– 8,4% aux Etats-Unis en décembre en glissement annuel, – 11,7% en Allemagne ou – 17,5% en Chine). Surtout, le PIB de la zone euro s’est contracté de 1,5% au quatrième trimestre 2008 (– 1,2% en France et – 2,1% outre-Rhin) et la production industrielle a diminué de 2,6% en décembre dans la zone euro (– 12% en douze mois). Le recul est violent en France et en Allemagne (respectivement – 6,7% et – 6,8% au cours du quatrième trimestre 2008). L’espoir d’une amélioration à court terme est faible. L’enquête de conjoncture de la Banque de France fait montre d’une stagnation industrielle en janvier.
Pis, l’investissement des industriels devrait chuter de 12% en valeur en 2009, selon les chefs d’entreprise interrogés par l’Insee. Enfin, l’indicateur synthétique d’activité de la banque centrale mesure une nouvelle baisse du PIB au premier trimestre 2009.La tentation protectionniste peut ainsi « paraître légitime » Toutefois, la quasi-totalité des économistes déconseille une telle politique.
Tous les pays ne seraient pas frappés de façon identique par la mise en place d’obstacles commerciaux. Les pays émergents seraient gagnants, du moins ceux dont les produits exportés sont indispensables aux autres pays (l’Europe centrale et orientale et l’Asie hors Chine). A l’inverse, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie et la Chine seraient les grands perdants, estiment les économistes de Natixis.
Dans un éditorial « Libération » qui n’est pourtant pas connu pour ses prises de positions « Sarkozyste » défend sensiblement la même thèse sous la Plume de Didier pourquery.
Depuis vingt ans l’un des piliers de la construction européenne est la coordination des politiques économiques. Cela n’a jamais été facile, mais c’est grâce à ce principe qu’on a pu construire le marché unique et mettre en place l’euro.
Plus largement, la philosophie qui sous-tend l’Europe depuis 1957 est la libre-circulation des biens, des personnes et des investissements. Aujourd’hui, alors que la crise se fait plus menaçante, il serait suicidaire de revenir sur ces principes dont les Européens ont tous bénéficié.
Toute tentation de repli sur soi ou de préférence nationale mettrait à mal ce fragile mais profitable édifice. Les Européens ont besoin plus que jamais de grand marché, de fluidité, de coopération et de coordination. Nicolas Sarkozy s’est montré plutôt habile lors de la présidence française de l’UE. Le problème c’est qu’il se considère encore comme président alors que c’est à la République tchèque d’assurer cette charge. Ses déclarations brutales contre la politique britannique ou les délocalisations en Slovaquie ne sont pas de saison.
La France doit jouer le jeu européen selon les règles. Déjà, les politiques budgétaires des États membres filent dans tous les sens et les plans de relance sont divisés entre défenseurs de l’investissement ou de la consommation. Arrêtons la dérive. Bien sûr, il faut défendre l’emploi industriel mais dans le cadre européen et non, comme en Italie ou en France, en bloquant les délocalisations intracommunautaires. Tout retour en arrière mettrait en péril la demande intérieure dans le grand marché. Un moteur de relance dont on ne peut pas se passer.
« Alternatives économiques » y va également de son couplet sous la plume de jean Paul Fitoussi :Je ne crois pas que le protectionnisme puisse être unevoie de sortie de la crise. C’est au contraire un ferment d’aggravation susceptible de rendre plus violent l’affrontement entre nations. Il ne faut pas pour autant tomber dans un excès de naïveté.
Tous les pays de la planète pratiquent depuis toujours un protectionnisme camouflé qui consiste à privilégier l’intérêt général national. Il devrait exister aussi un intérêt général européen, et j’espère que cette crise contribuera à le faire émerger.
Ne croyez pas que ceux qui ne sont pas favorables au protectionniste soient minoritaires. Je n’avais pas besoin de lire « Investir » « libération » ou « Alternatives économiques pour savoir que c’est au contraire les économistes favorables qui le sont. Mais comme ils se comptent à peine sur les doigts des deux mains leurs noms revient souvent parcequ’ils font du bruit.
On entend parler d’eux comme on entendrait parler d’une secte, dont le gourou est Emmanuel Todd, parce que son attitude est hors du commun, parce qu’elle vit en dehors de la réalité voire en dehors du temps et devient ainsi dangereuse. heureusement , ses fidèles n’ont aucune responsabilité dans la mache du pays. Elle regroupe ses adeptes en leur demandant d’aller prêcher la bonne parole. Il est évident que certaines mesures ressembleront à du protectionnisme, elles auront l’odeur du protectionnisme, elles auront le goût du protectionnisme mais ce ne sera pas du protectionnisme et heureusement.
Mais cela aura au moins l’avantage d’encourager les fidèles qui tels des apôtres continueront à sillonner dans les méandres de la désinformation. Peut être même que comme les témoins de Jéhovah ils arriveront à fourguer à quelques crédules leur bible « Réveillez vous » oubliant au passage que nous le sommes et que c’est bien pour ça que nous ne les suivons pas.
Poster un Commentaire