Edito n° 155
Révolte des juges,une première.
La catastrophe de Brétigny du 12 juillet 2013 est encore dans tous les esprits. Les victimes ont le droit de connaître la vérité. Les pouvoirs publics s’y sont engagés, l’institution judiciaire est légitimement à la manoeuvre et trois juges d’instructions sont en charges du dossier.Fait rare,ils ont pris la plume pour demander à être dessaisis au profit du pôle spécialisé « accidents collectifs » du TGI de Paris. Cette démarche interpelle fortement car elle renvoie à une question fondamentale qui est celle de l’effectivité du droit des victimes au-delà des belles déclarations faites au coeur des crises et dans le sillage de la « Directive victime ». Il faut faire attention car ce constat ainsi posé renvoie également à la crédibilité de la décision judiciaire le moment venu. On sait que les procès de catastrophes sont des procès au long cours et qu’il n’y a pas d’égalité des armes entre les victimes, même épaulées associativement, et les grands acteurs du risque avec leur adossement assuranciel et réassuranciel. Il faut se garder d’être naïf car derrière le cri d’alerte des juges d’instruction, il se joue bien autre chose.
Attentats, la révolte des victimes.
Décidément la question de l’effectivité est partout.
Cinq mois après les attentats, les victimes expliquent dans Le Figaro leur souffrance à vivre un calvaire indemnitaire et s’interrogent sur les grilles indemnitaires qu’on entend leur opposer. La situation est pour le moins singulière : la France dispose d’un système indemnitaire que beaucoup nous envie et là encore l’insatisfaction est au rendez-vous. On a comme l’impression, qu’il n’y a pas de pilotage politique fort au-delà des affichages compassionnels. On en viendrait à regretter la disparition du secrétariat aux droits des victimes !
De l’importance des sciences humaines.
Chacun se souvient de l’épidémie Ebola débutée en mars 2014. Bien sûr, ce sont les équipes médicales et sanitaires qui ont été en premières lignes, mais de plus, dès le début de l’épidémie, fin mars 2014, les médecins, les épidémiologistes, les logisticiens de Médecins sans frontières (MSF), de la Croix-Rouge, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont fait appel aux anthropologues. Pour être efficaces, il leur fallait comprendre les raisons sociales et culturelles de la propagation foudroyante du virus. Voilà un bel exemple de complémentarité.
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