edito juin 2014

« L’indépendance est un statut, l’impartialité une vertu »
Robert Badinter

 

EDITO 

 

Claude Lienhard80, BIEN SÛR !

Lors de la réunion plénière du Conseil national de la sécurité routière qui s’est tenue le 16 juin, le Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé  le choix d’une expérimentation sur un nombre limité de voies de l’abaissement à 80km/h de la vitesse maximale sur le réseau bidirectionnel.

Le CNSR a retenu, quant à lui, la proposition de réduction de la vitesse maximale autorisée sur l’ensemble du réseau des routes bidirectionnelles, c’est-à-dire les routes où les voies ne sont pas séparées d’un terre-plein central, aujourd’hui limitée à 90km/h. La position ainsi prise est perçue comme une demi-mesure et on ne peut que le regretter. On ne peut manquer de percevoir, en filigrane au moins, l’influence du lobby routier s’appuyant sur un discours à fort accent populiste, dans un domaine où l’approche scientifique devrait être la règle. Quant on sait quel est le coût social et  humain des accidents de la circulation, il suffit pour s’en persuader de fréquenter les audiences où sont jugés les accidents ayant entraîné blessures involontaires ou, dans les cas les plus graves d’homicides involontaires, on ne peut qu’être que déçu voire en colère, car la prévention par l’abaissement  de la vitesse s’impose !

 

MISE EN DANGER D’AUTRUI

C’est un évènement qui est passé quasiment inaperçu. Le 30 mai 2014, le Mega Express Five Ferry qui assure la liaison entre la Corse et Toulon a heurté un haut-fond. Il n’en poursuivra pas moins sa route et l’avarie n’aurait été déclarée que plus tard. Il y avait bien une brèche et quatre traversées ont été faites avec ce risque. La mise en danger d’autrui semble patente tout comme on peut présenter les causes de ce choix qui s’inscrivent dans une guerre des prix et une approche low coast. A ce stade, on ignore si  des suites administratives et judiciaires seront données à cette situation. Il nous semble néanmoins qu’elle devrait être appréciée au regard de l’impératif découlant de l’ordre public de protection  technologique.

On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec l’ouverture en Corée du Sud du procès de l’équipage du ferry naufragé le 16 avril 2014 qui avait entraîné le décès de 292 personnes, 12 autres étant toujours portées disparues. Le Capitaine Lee Joon-Seok et trois autres membres d’équipage comparaissent devant un tribunal de Gwangju pour « homicide par négligence », un crime qui est passible de la peine capitale. Onze autres membres de l’équipage doivent répondre d’incriminations moins lourdes. On se rappellera que l’équipage du Sewol avait quitté le bord en abandonnant des centaines de passagers. Si on met ces évènements en résonnance avec le drame de Costa Condordia, on ne peut que s’interroger sur la multiplication de défaillances humaines en terme d’appréhension du risque et  bonnes prises de décision lorsque le risque se transforme en accident, et que l’accident devient une catastrophe. Comme si dans le choix des hommes ou leurs formations initiale et continue, ces attitudes et ces risques de défaillances n’avaient pas été analysés et si des règles impératives de bonne conduite n’avaient pas été administrées et en tout cas intégrées. En sachant aussi que des piqûres de rappel et des dispositifs de contrôle  sont indispensables.

 

GENERAL MOTORS, LE MEA CULPA PAR LA FORCE DES CHOSES : DES VEHICULES DEFECTUEUX

L’équipe dirigeante  actuelle de General Motors a dénoncé  « un modèle d’incompétence »  et procédé au licenciement de quinze salariés. En effet, pendant une dizaine d’années, les négligences ont provoqué la mort d’au moins treize personnes voire plus. General Motors a laissé passer dix ans entre les premiers accidents survenus en 2004 et le rappel des voitures défectueuses en 2014. Ces voitures avaient comme défaut de s’arrêter brutalement sur la voie du fait d’un défaut du système de démarrage. General Motors va proposer un fonds d’indemnisation pour les victimes.

 

ET MAINTENANT A NOUVEAU, EL NINO

Le phénomène météorologique El Nino aurait 70% de chances de se développer dans les prochaines semaines, notamment dans l’Asie du Sud-Est et dans le Pacifique. Il s’agit d’un phénomène climatique qui  se déclenche périodiquement dans le Pacifique sous l’effet d’un réchauffement de l’océan  au large du Pérou et de l’Equateur. Il en résulte un bouleversement des températures, vents et pluies  depuis l’Afrique orientale jusqu’à l’Amérique latine. De nombreux pays sont en situation de risques. Les économistes ont d’ores et déjà scénarisé les effets secondaires et collatéraux, à savoir une forte influence sur les prix agricoles avec des effets inflationnistes sur les prix alimentaires et la possibilité qu’une forte  augmentation de ceux-ci puisse déclencher des troubles sociaux. Les investisseurs sont également aux aguets : ainsi, une note de la Société générale Corporate and Investment Banking prédit pour le Brésil un cercle vertueux de récoltes abondantes de soja ou de sucre qui pourraient s’écouler sur le marché où ces produits se seraient raréfiés.

 

LA SUISSE ET LES LANCEURS D’ALERTE

La question de l’efficacité de la protection des whistelblowers est importante. Un signal fort nous vient de Suisse. En effet, les procureurs fédéraux viennent d’estimer qu’un géologue qui a dénoncé les dysfonctionnements du programme de stockage des déchets nucléaires  était dans une démarche légitime. Le géologue, grand spécialiste du stockage radioactif, avait transmis fin 2012 un document confidentiel au journal de référence suisse « Matin Dimanche » sous forme d’une présentation Power Point qui indiquait clairement que seuls deux sites suisses d’entreposage des déchets nucléaires étaient retenus au lieu des six encore officiellement à l’étude. Il apparaissait ainsi que les consultations des populations mises en place relevaient d’un stratagème alors que la décision politique et administrative était déjà prise. On retrouve ici la conjonction de deux éléments importants : d’une part, un expert qui a des réflexes citoyens et d’autre part, des organes de presse qui participent à la vitalité et à la crédibilité du débat démocratique.

 

DES DIFFERENTS USAGES DU MOUSTIQUE

Il ne faut jamais négliger les risques sanitaires. Alors que se profilent la période de vacances et les grandes transhumances, on rappellera qu’un nombre élevé de vacanciers revenant des Antilles font craindre la transposition en métropole de l’épidémie du chikungunya.  Malheureusement, le virus transmis par le moustique tigre est très virulent. Il y a près de 150.000 cas recensés dans toutes les Antilles et notamment en Guadeloupe, 35.000 cas – soit près d’un habitant sur 10 – infectés en quelques mois. Il y aurait également une cinquantaine de cas en France mais ce sont tous des voyageurs de retour des Antilles. Mais, ce qui est le plus inquiétant, c’est que le moustique tigre aurait élu domicile  dans une vingtaine de départements de la métropole, là où il fait chaud et où il trouve des zones humides. Le moustique est également le vecteur de propagation de la dengue qui sévit notamment au Brésil pendant le Mondial. Le site du Ministère français des affaires étrangères a d’ailleurs averti les supporters des bleus de cette problématique. Au-delà de ces inconvénients, le moustique peut aussi avoir une fonction médico-légale. Ainsi, on apprend qu’en Italie une affaire de meurtre non élucidée en 2006 a pu l’être grâce au fait que les enquêteurs qui, initialement, n’avaient pas trouvé de traces de la présence de la victime au domicile de son présumé agresseur, ont pu identifier un moustique écrasé contre le mur avec du sang humain. L’analyse ADN a prouvé qu’il s’agissait du sang de la victime. Cet élément est venu conforter d’autres faisceaux de preuves… 

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