Édito N° 154
Colère
Le 13 mai 2015 un gigantesque incendie est survenu dans une fabrique de chaussures près de Manille.Il y a eu 72 morts.
Les familles des victimes ont exprimé de suite leur violente colère à cause des conditions dangereuses de travail dans l’usine. Légitimement, il faut toujours écouter la colère générée par des désastres annoncés même si ces drames nous semblent lointains et perdus dans l’éphémère de l’actualité. Ce drame qui en rappelle d’autres doit faire résonance avec l’obligation de vigilance faisant l’objet d’une proposition de loi adoptée le 30 mars 2015 et visant à imposer aux entreprises d’une certaine taille le respect des droits de l’homme et de l’environnement dans les relations avec leurs fournisseurs étrangers,texte conçu dans le sillage de l’effondrement tragique en avril 2013 d’un immeuble au Bangladesh. Rappelons d’ailleurs que les survivants de l’effondrement du Rana Plaza se sont rassemblés fin avril sur les ruines des ateliers textiles pour dénoncer la faiblesse de leurs indemnisations, deux ans après l’une des pires catastrophes industrielles au monde, avec plus de 1.100 morts. De nombreux groupes, dont le groupe de textile Benetton ou les chaînes de distribution Auchan, Mango, Primark ou Carrefour, ont été soupçonnés d’avoir sous-traité leur production à un moment ou à un autre au Rana Plaza.
Mémoire vive
Le 5 mai 1992 s’effondrait la tribune du stade de Furiani. 18 supporters décédaient et 2357 personnes étaient blessées. Il ne faut jamais oublier les victimes d’événements tragiques. Chaque année, à la date anniversaire, les footballeurs de Bastia portent pour rendre hommage aux victimes un maillot spécial, noir avec comme inscription « collectif du 5 mai 92 ».
Les accidents collectifs restent dans la mémoire collective une fois que justice a été rendue et il est bien qu’il en soit ainsi.
Catastrophe et logique économique
Le crash de l’avion militaire A400M en Espagne pourrait être un coup dur pour l’appareil et le groupe Airbus. Plusieurs pays ont de suite décidé de clouer leurs appareils au sol, alors que les ministres de la Défense français et espagnol ont affiché leur soutien au groupe Airbus, en appelant à «ne pas tirer des conclusions hâtives» .
L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Turquie ont immobilisé leurs A400M depuis l’accident, mais la France a décidé de limiter simplement ses vols, maintenant ceux jugés «prioritaires en opérations».
L’entreprise Airbus «représente l’industrie militaire européenne, il est donc essentiel que nous montrions notre soutien et notre appui aux efforts qu’elle mène pour tirer cet incident au clair», a insisté le ministre espagnol, Pedro Morenés.
«On ne saurait bâcler une enquête d’une telle importance, elle prendra le temps qu’il faudra », a ajouté l’Espagnol, jugeant «extrêmement important de ne pas arriver à des conclusions hâtives». «Il ne faut pas tomber dans la critique facile d’une entreprise qui s’est montrée jusqu’ici extrêmement dynamique, un formidable concurrent dans son domaine», a-t-il insisté.
Pouvait-il en être autrement ?
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