Développer l’apprentissage et les formations par alternance

Ma question à M. François REBSAMEN, Ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

« Monsieur le Ministre, force est de reconnaître que notre pays se trouve aujourd’hui en situation de grave échec s’agissant de la lutte contre le chômage. Je voudrais attirer votre attention sur la formation des jeunes par alternance. Les emplois aidés ne sont pas la réponse adaptée. Et pourtant 132 000 postes de travail ne trouvent pas preneur en raison de l’inadéquation entre besoins des entreprises et offres de formation. Trop d’arbitrages ont été défavorables à l’apprentissage et à l’alternance. Notre pays ne s’est pas donné les moyens d’inciter à l’apprentissage. A cet égard, je pense que l’entrée dans l’apprentissage est trop tardive en France, je vous rappelle que le groupe UDI a fait des propositions en ce sens.

Beaucoup d’entreprises hésitent aussi à prendre des apprentis, car se posent dans le contexte morose que nous connaissons, des problèmes de compétitivité. Pour cela, il nous faut assouplir les contraintes de toutes sortes qui frappent les entreprises avec des réglementations tatillonnes et dissuasives pour l’embauche, trop d’occasions ont été ratées ces derniers mois. Seul le contrat d’apprentissage peut apporter une solution durable au chômage des jeunes, ce qui n’est hélas pas le cas des différents contrats aidés. Aussi je déplore que le Gouvernement ne s’inspire pas de ce qui marche.

Je veux citer ici l’exemple des Maisons Familiales Rurales qui réussissent à former des milliers de jeunes chaque année. Les taux de réussite aux examens sont excellents et avec des taux d’intégration professionnelle remarquables : plus de 90 % des jeunes trouvent un emploi dans les 6 mois. J’ajoute que le coût des formations est nettement plus bas que dans d’autres filières d’enseignement professionnel. Le Groupe d’études sur la formation pour alternance en milieu rural que j’ai l’honneur de présider, s’efforce de sensibiliser le Gouvernement malheureusement avec peu de succès, nous avons l’impression de ne pas être écoutés. Nous sommes face à un mûr d’incompréhension.

La semaine dernière, l’UPA a organisé une table ronde intéressante, formulant de nombreuses propositions en faveur de l’alternance.

Lab UPA

Aussi, Monsieur le Ministre, ma question est simple : allez-vous libérer les initiatives et permettre de développer la formation par alternance et l’apprentissage ? L’éducation nationale doit s’adapter réellement aux besoins de l’économie et aux besoins de notre époque. Il y a urgence. »

Réponse de M. François Rebsamen, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

« (…) je tiens à souligner que l’apprentissage doit devenir une grande cause nationale. C’est d’abord dans les esprits que cela se passe, et depuis fort longtemps : je rappelle que mes prédécesseurs s’étaient fixé l’objectif d’orienter 500 000 jeunes vers l’apprentissage. Or, aujourd’hui encore, trop peu d’entreprises embauchent des jeunes en apprentissage.
M. François Rochebloine. Il y a des raisons à cela !
M. François Rebsamen, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. En effet, mais j’évoque d’abord la question psychologique et le refus de l’apprentissage comme voie d’excellence pouvant mener à l’emploi.
M. François Rochebloine. Réformez l’éducation nationale en conséquence !
M. François Rebsamen, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Je ne remettrai pas en cause l’éducation nationale. Reste que nous devons engager une véritable révolution intellectuelle de valorisation du travail manuel. Et nous sommes tous responsables de la situation actuelle. Dans certains secteurs en tension, les effectifs font défaut. Or l’apprentissage permet la transmission, la survie des petites entreprises, notamment dans le secteur de l’artisanat. Nous devons faire évoluer les mentalités.
(…) Monsieur Rochebloine, je me souviens des débats qui ont présidé à l’aménagement des maisons familiales rurales. Le dispositif fonctionne bien. J’entends qu’il continue à en être ainsi. Pour le reste, il ne m’appartient pas de corriger a posteriori un amendement parlementaire. « 

* * *

Extrait des débats de l’Assemblée nationale, en Commission élargie le Mardi 28 octobre 2014 sur le projet de loi de finances pour 2015 (Travail et emploi ; financement national du développement et de la modernisation de l’apprentissage.)

http://www.assemblee-nationale.fr/14/budget/plf2015/commissions_elargies/cr/C013.asp

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