Des élections sans intérêt

Je voulais commencer ce billet plus tôt, mais la naissance de ma seconde petite poupée hier soir à 23h25 et avec une semaine d’avance m’a bien entendu fait complétement changer mes priorités. 50Cm et 3kg420 justifient bien l’impasse que j’ai fait sur cette journée électorale, mais malgré tout j’ai tenu à aller voter. Je fais donc ce billet sans brouillon avant de le mettre en ligne. Le style et l’orthographe risquent d’en subir les conséquences. Ne m’en veuillez pas SVP.

Les élections régionales sont terminées. Elles ont donné au deuxième tour ce qu’on présentait et pour ma part tout a été dit au cours de la semaine. On a un peu plus voté que dimanche dernier de l’ordre semble t-il de 4%, mais cela reste malgré tout une mobilisation très faible.Sur les 26 régions françaises le PS en dirigeait 24 (20 sur 22 en métropole et les 4 d’outre-mer) et la majorité 2 en métropole. A l’heure où j’écris ces lignes, on sait déjà que la Réunion a été reprise par l’UMP à la gauche et il est possible qu’il en soit de même pour la Guyane. Quant à l’Alsace, elle est conservée par la majorité et la Corse gagnée par la gauche avec 36%. Au bilan cela devrait faire une région de plus gérée par la majorité. On aurait pu et du gagner PACA, Michel Vauzelle est réélu avec a peu prés 43 % moins bien qu’en 2004. Merci au FN.

Au delà des résultats y compris celui de l’abstention, je suis, n’ayons pas peur des mots scandalisé par les partis politiques. On s’est battu côté majorité sur des bisbilles, on a fait une campagne de dénigrement. Côté opposition, socialistes et écologistes n’ont rien négocié du tout, le mot si souvent employé est impropre. En fait ils se sont partagés le gâteau de l’anti-sarkosysme. Les écologistes ont démontré que leurs discours sur le TGV en Aquitaine, ITER en PACA, l’EPR ailleurs et tout le reste c’est du pipeau. Ce qui les intéressait c’était d’avoir leur part de gâteau et ils l’ont eue sur le dos d’un anti-sarkozysme devenu plus que primaire.

Pour le reste, qui a entendu parler de la grande réforme en cours, celle des collectivités territoriales ? Pourtant c’était bien le moment, cela aurait du être le sujet principal. Les conseillers régionaux que nous venons d’élire ne le sont que pour 4 ans au lieu de six. Je suis scandalisé par l’attitude des partis politiques parce que cette réforme n’a pas été un sujet de campagne. Pourquoi ?

Peut être parce que à l’UMP, on n’a pas osé défendre l’idée (pourtant bonne) concernant la suppression des départements à la fois trop nombreux et trop petits et qui semble t-il n’est plus d’actualité et si ce n’est pas un recul, ça y ressemble. En effet, il semble, et la campagne des élections régionales aurait dû être l’occasion de nous en informer et de nous éclairer, que l’on se dirige vers un compromis qui va amener les régions et les départements à cohabiter et que tout ça sera géré par les mêmes hommes et femmes élus (es) qui s’appelleront des conseillers territoriaux et qui siégeront pour la plupart dans les deux collectivités. Il y a fort à parier que pour ceux qui seront élus conseillers territoriaux ce poste sera un deuxième mandat. A l’UMP on aurait pu également nous dire que les fusions de régions prévues dans le premier projet n’est plus d’actualité sous la pression des élus et de certaines personnalités des médias et du showbiz.

Au parti socialiste, on a pas souhaité nous parler de la pression exercée par les barons pour saboter cette réforme pourtant nécessaire. Ces messieurs dames sont bien dans leur fiefs qu’ils gérent en potentat qu’ils sont. Le PS a fait une campagne électorale sans projet, sans proposition, une campagne uniquement basé sur l’anti-sarkozysme et les contre-pouvoirs des régions alors que tous ceux qui s’intéressent ne serait ce qu’un peu à la politique savent bien que les régions n’ont aucun moyen pour exercer un rôle de contre pouvoir. Mais à force de le marteler la plupart de nos concitoyens finissent par le croire.

En clair UMP et PS ont refusé le débat probablement parce que tout est entrain de se régler en sous mains et à l’abri des oreilles indiscrètes. C’est ainsi que ce qui aurait du être le sujet principal de ces élections, les régions et leur avenir n’a même pas été évoqué. Au nom de quoi a t-on décidé que ce sujet n’aurait pas été mobilisateur ? Quoiqu’il en soit la suite a démontré que la façon dont s’est passée la campagne électorale n’a pas mobilisé les foules, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ce qui m’a finalement le plus intéressé dans ces élections c’est le côté sociologique.

J’en étais déjà convaincu, mais ces élections viennent de me le confirmer, à savoir qu’à droite il y a deux catégories d’électeurs. La première catégorie est composée d’un électorat populaire qui souffre particulièrement de la crise. C’est un électorat composé par des gens issus du front national et que Nicolas Sarkozy avait conquis en 2007 et d’une droite populaire bien connue depuis des décennies. Une partie de ces électeurs se sont abstenus.

La deuxième catégorie c’est la droite classique à la fois bourgeoise et traditionnelle et qui ne votera jamais pour la gauche. C’est cette droite qui n’a pas encaissé l’affaire de l’Epad, de Frédéric Mitterrand, le soutien à Polanski, la taxe carbonne, l’ouverture, enfin tout un ensemble de marqueurs. C’est cette droite là qui s’est massivement abstenue et c’est beaucoup plus inquiétant pour Sarkozy que la première catégorie. Ces deux droites m’apportent la confirmation d’un manque d’offre politique. La liste unique a été une erreur, il fallait au moins une deuxième liste quoiqu’en dise Xavier Bertrand.

Concernant la gauche, ces élections ont confirmé ce que l’on savait déjà. Nous sommes à l’opposé de 1981. Aujourd’hui la gauche est essentiellement composée de deux forces, le parti socialiste et les écologistes eux mêmes scindés en deux avec les verts et Europe écologies. Ce changement sociologique est relevée par Valèrie Segond dans un article de la « Tribune » et qui retranscrit une étude de l’économiste Laurent Davezies, je la cite  » Il en ressort que le vote PS est bien un vote des citoyens les mieux protégés, qui bénéficient fortement du modèle social comme du modèle économique résidentiel français. » et en ce qui concerne les verts « Le vote Vert reste un vote d’abord urbain (les « bobos »), de classes supérieures et émanant des territoires les plus dynamiques. » La gauche PS associée à Europe écologie est devenue le parti des « nantis« , et le PS qui n’aime pas les « riches » n’en est pas gêné pour autant.

Si Nicolas Sarkozy et l’UMP avait reconnu leur défaite au premier tour en disant qu’ils avaient compris le messsage et qu’ils allaient recadrer ce qu’il n’allait pas, peut être alors auraient-ils pu faire revenir quelques milliers d’électeurs de plus, encore que ce ne soit pas sûr et que cela n’aurait de toute façon rien changé en terme de régions gagnées ou perdues. Mais à vouloir utiliser une rhétorique qui laissait entendre que non, ils n’avaient pas perdu, les électeurs de droite se sont dit que puisqu’ils n’avaient compris l’explication donné au premier tour il fallait la pousser au second. On aurait donc pu donc atténuer au deuxième tour la défaite du premier, non pas en terme de régions mais en pourcentage, mais par une rhétorique et un comportement absurde on a au contraire probablement accentué cette défaite ou tout au moins on ne l’a pas atténuée. C’est une nouvelle erreur de stratégie au deuxième tour. Quand on veut mobiliser un électorat il faut lui dire que l’on tient compte de son message, cela me paraît être le B.A.BA.

Finalement je regrette de ne pas m’être abstenu, c’est mon côté citoyen, je n’ai pu m’y résoudre. J’aurais dû grossir les rangs de ceux qui sont restés chez eux pour que l’abstention soit encore plus forte. La pauvreté de cette campagne électorale aura été représentée par le cas Georges Frêche qui à lui seul sert de résumé. Voilà un homme que sa fonction a conduit à la mégalomanie, qui possède un manque de retenue évident, ce que les lettrés nomment l’intempérance et qui à lui seul représente les virtualités et les excès d’un potentat régional. A lui seul, il représente ce qui caractérise la plupart de ces barons régionaux et que je déteste c’est à dire l’affairisme, le clientélisme, le populisme et l’autoritarisme.

Donc voilà, ces élections sont terminées. En métropole le parti socialistes contrôlait 20 régions sur 22 et les 4 d’outre mer. Quelque soit le résulatat final cela ne va pas changer grand chose. Simplement dans une région le gâteau passe d’un parti à un autre mais pour les administrés cela ne changera pratiquement rien. Le président de la République doit maintenant se poser des questions. J’ignore ce que vont dire les dirigeants des grands partis car je n’ai pas l’intention de suivre le moindre débat ce soir et je fais parti de ceux qui en ont assez de la rhétorique qui veut nous faire passer des vessies pour des lanternes. Je suis assez grand pour faire la synthèse moi même. Je sors dépité de ces élections non pas parce que je fais parti des vaincus (cela m’est arrivé de nombreuses fois et en plus en tant que militant), mais tout simplement parce que je suis anéanti par la pauvreté des débats, par l’absence de projet des uns et des autres, par le fait que rien ne change, par la mauvaise communication de la majorité car enfin tout n’est pas négatif, loin s’en faut, il y a un bilan à défendre. On a laissé Martine Aubry présenter le livre noir des libertés publiques sans se défendre comme si ce qui est écrit était vrai. J’y reviendrai d’ailleurs dans mon prochain billet. Le dépit ne me fera pas changer de camp car en face je n’ai rien vu, rien trouvé, c’est le vide absolu pour ne pas dire abyssal. On va se rendre compte qu’au PS il y eu une façade unitaire le temps des élections et la conférence de Daniel Cohn Bendit va montrer tout ce qui le différencie de Cécile Duflot et de son équipe adepte de la décroissance. (également objet de mon billet de demain)

Ces résultats vont sans doute intéresser les politiques, les médias (faut bien manger) et quelques centaines de milliers d’électeurs qui sont passionnés de politique sur les 44 millions d’électeurs inscrits. Ils vont faire ce qui se fait après toute élection à savoir scruter les changements et les modifications d’équilibre. Pour ma part je ne vais pas aller scruter grand chose et je m’en tiens aux constatations visibles que j’ai commenté ci dessus sous l’aspect sociologique et celles ci dessous sur l’aspect plus politique..

Il me semble en effet que la droite parlementaire au pouvoir doit avoir un socle électoral (hors forte abstention) de l’ordre d’un peu moins d’un tiers, le parti socialistes conforte le statut qui est le sien c’est à dire patron des collectivités territoriales et plus particulièrement des régions, la confirmation des écologistes , la remontée du front national qui malgré tout, et personne ne l’a souligné, fait son plus mauvaise score à des régionales depuis 1986, et bien sûr l’effondrement et la chute dans les abîmes de François Bayrou qui voit toute sa stratégie basée sur l’effondrement du PS remise en cause.

Un homme a du suivre tout ça et se délecter depuis la Chine, c’est Dominique de Villepin qui a finalement décidé de créer son parti politique et qui devrait l’annoncer dans les jours à venir.

Côté majorité, l’inconnue pour tout le monde c’est de savoir quelle va être la réaction du président de la République ? Va t-il tirer des enseignements de ces piètres résultats ? Allons nous avoir un Sarkozy nouveau ? Un mini remaniement ? La fin de l’ouverture ? Je crois que nous ne tarderons pas à le savoir.

Côté socialiste je vous renvoie au 10 mai 1936 lorsque après un large succès du Front populaire le poste de Président du conseil est revenu à Léon Blum dont les premières paroles ont été je cite « enfin les difficultés commencent« .

La France ronronne, la politique m’ennuie, je m’en vais regarder Marseille / Lyon.

Le 21 mars 2010 à 20h30..

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