De Gaulle réveille toi, ils sont devenus fous.

Il n’est pas question pour moi de rejoindre les vierges éffarouchées qui ont fait la même chose en leur temps mais, et j’ai fait un article sur le sujet, je suis favorable au parler vrai et contre la langue de bois. Alors oui, je suis éffaré par l’affaire Henri Proglio, stupéfié par l’attitude de nos responsables. Qui aime bien chatie bien dit la maxime, c’est la raison pour laquelle aujourd’hui je n’ai pas envie de faire de cadeau à mon camp politique car il ne le mérite pas.

Il faut tout d’abord que l’on sache, car cela n’a pas été dit, ou tout au moins je ne l’ai ni lu ni entendu que monsieur Proglio n’a pas été demandeur du poste de patron d’EDF. Cette fonction a été tout d’abord proposée au patron d’Alsthom Patrick Kron qui l’a refusée au prétexte que ce n’est pas suffisamment rémunéré, au moins cette réponse a eu le mérite d’être claire. C’est à la suite de ce refus que la proposition a été faite à Henri Proglio qui s’est dit prêt à accepter moyennant la satisfaction de ses conditions salariales. Ces conditions étant une augmentation de 45% du salaire de son prédécesseur pour ramener son nouveau salaire à des proportions à peu prés équivalente de celles qu’il avait jusque là. Le gouvernement n’aurait jamais dû céder et se mettre alors en quête d’un troisième homme. En ayant accepté ces conditions, les effets colatéraux risquent très rudes. Le DRH d’EDF est dans une situation intenable. Comment pourra t-il justifier son refus d’accorder 2 ou 3% d’augmentation aux salariés sachant que leur PDG vient de s’octroyer une augmentation de 45%. Je souhaite bien du plaisir à ce DRH.

Eric Woerth, ministre du Budget a lui aussi cherché à désarmorcer « C’est une polémique que je comprends parce ce sont des chiffres importants. Mais il faut donner à Henri Proglio toutes les chances de bien remplir sa mission, dans d’autres pays ils paient mieux leurs dirigeants. » et Luc Chatel de renchérir «  Je sais que cela peut choquer par le montant absolu certains de nos concitoyens, mais c’est le prix de la rémunération de grands dirigeants de grande qualité dans notre pays.  » Je connais un petit peu la situation, c’est la raison pour laquelle je pense que l’argument qui consiste à dire que si on ne paie pas nos chefs d’entreprises ils iront ailleurs ne tient plus. Aujourd’hui les « patrons français » font partie des mieus payés en Europe. C’est vrai que cela n’a pas toujours été le cas, mais de nos jours l’écart a été plus que rattrapé. Les patrons Anglais sont un peu en dessous des patrons français.

Sur le plan purement politique c’est catastrophique.On se souvient de la déclaration de Christine Lagarde, ministre de l’Économie, devant le Sénat, le 22 novembre dernier, à propos de sa double casquette : « Il n’est pas question de cumul de rémunération M. Proglio n’en percevra qu’une. » Or monsieur Proglio devait toucher les deux 1.600.000 euros en tant que PDG d’EDF et 450.000 euros comme président du Conseil d’administration de Véolia. Même à l’UMP la pillule était dure à avaler. C’est ainsi que La députée UMP Valérie Rosso-Debord, proche du Premier ministre, François Fillon, s’est déclarée  » très choquée que M. Proglio, alors qu’il prétendait venir mettre sa compétence au service d’une entreprise, vienne en fait rechercher un supplément de rémunération. » Il fallait très vite dégonfler la polémique, aussi monsieur Proglio de lui même ou sur insistance du président de la République (on ne sait pas) a renoncé à ses indemnités de chez Véolia. Néanmoins le mal est fait. La situation est telle que aujourd’hui tous ceux qui hier ont défendu monsieur Proglio doivent aujourd’hui défendre la position contraire. Je sais bien que les politiques sont habitués à ce type d’exercice, mais quelle crédibilité leur accorder ?

Mais l’aspect rémunération n’est, j’ose pas dire anecdotique pour ne pas choquer mais c’est seulement la partie visible car il y a plus ennuyeux. En effet, que ce soit Henri Proglio lui même qui ait renoncé à sa rémunération de chez Véolia ou que ce soit sous la pression de Nicolas Sarkozy le problème reste entier et ramener cette affaire au seul salaire, c’est à mon sens n’avoir pas tout compris et je regrette que la presse nationale et régionale n’ait vu que cet aspect des choses. Ce qui constitue véritablement le fond de l’affaire, c’est le cumul. S’il s’agissait du cumul entre deux sociétés privées cela regarderait les conseils d’administration de chacune des sociétés, mais tel n’est pas le cas. Il s’agit du cumul entre une société privée Véolia et une entreprise publique et par n’importe laquelle EDF qui par ses activités est une entreprise particulièrement sensible puisqu’elle a en charge le nucléaire. Les deux entreprises que sont EDF et Véolia peuvent avoir des intérêts conjoints ou au contraire contradictoires. Par ailleurs, une partie du capital d’EDF peut être racheté par Areva, il peut donc y avoir conflit d’intérêt. J’ignore si cette situation est inédite dans le monde mais en France et en Europe elle l’est à savoir que monsieur Proglio devient le seul chef d’entreprise à cumuler secteur public / secteur privé. Il y a autre chose qui m’interroge. Enfin, voyons, n’est-on pas capable chez nous en France de trouver pour Véolia un patron qui ne soit pas celui d’EDF ou pour EDF un patron qui ne soit pas celui de Véolia. D’où la question suivante : y aurait-il en France une crise des élites ? Je ne le crois pas, il y a bien d’autres dirigeants qui auraient été capables de prendre la tête de EDF ou de Véolia. J’ai un peu cotoyé ce monde aussi je peux vous assurer, mais vous le savez probablement, que quand on regarde la composition des conseils d’administration on retrouve toujours les mêmes. Je parlais au début de cet article du PDG d’Alsthom Patrick Kron, et bien c’est un monsieur que l’on retrouve au conseil d’administration de Bouygues. Et on pourrait en citer d’autres. Ces gens se croient tout permis y compris dans la période de crise actuelle. Ce qui est dommage c’est leur inconscience, ils vivent déconnectés de la vie de monsieur tout le monde.

Même s’il est un peu diférent, ce scénario rappelle l’affaire de Jean Sarkozy et de l’EPAD. C’est une aberration d’avoir voulu imposer un homme à la tête d’EDF alors qu’il ne le souhaitait pas. Cette aberration s’est transformée en un horrible fiasco dont la majorité aurait pu et dû se passer. Le président de la République a été un super président de l’Union Européenne pendant ses six mois de fonction, il a bien géré la crise économique et financière et la France est un des pays qui pour diverses raisons s’en est le mieux tiré mais il a ses problèmes récurrents de comportement et dans trop de situations il envoie un ballon d’essai pour tester les réactions et il demande alors à ses ministres de monter en première ligne. La conséquence de ce comportement est que à chaque fois le gouvernement est pris à contre pied et doit condamner ce qu’il défendait la veille. La raison est que des décisions sont prises au sommet de l’Etat sans la moindre éthique, sans la moindre règle, en confondant public et privé et sans mesurer les conséquences de ce qui va se passer. Je regrette de devoir le dire mais c’est la réalité.

Je vais enfoncer le clou. Cette semaine Le patron d’EDF et du conseil d’administration de Véolia monsieu Proglio était convoqué à Matignon avec Anne Lauvergeon, patronne d’Areva. Aussi inimaginable que cela puisse paraître le communiqué qui s’en est suivi indique qu’ils ont quinze jours pour s’accorder. On croit réver, mais s’accorder sur quoi ? Sur quel sujet ? Car enfin, à moins que je ne sois devenu sénile la stratégie politique concernant le nucléaire dépend du gouvernement et seulement de lui et en aucun cas de monsieur Proglio ou de madame Lauvergeon. Il en va de même de notre statégie d’exportation du nucléaire. Ces désaccords ont fait perdre à la France un contrat de 20 milliards d’euros sur le marché du nucléaire au profit de la Corée du sud. Sur de tels sujets que le gouvernement demande à deux responsables de s’accordert reléve du délire, mais qui décide dans ce pays ?

Après l’affaire de l’Epad, la majorité n’avait pas besoin d’une histoire aussi folle que stupide. Tout ça va laisser des traces y compris dans l’électorat de droite car dans cet électorat il y a des gens pour qui l’éthique est primordiale. Ethique, crédibilité, mélange des genres, oui décidemment cette affaire est un fiasco sur toute la ligne.

De Gaulle réveille toi, ils sont devenus fous.

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