les valeurs du centrisme
Dans les valeurs du centriste on trouve en tout premier l’Europe. En effet s’il y a bien un parti qui a pris fait et cause pour l’Europe c’est bien le centrisme. Ce mouvement politique a un attachement viscéral à L’union européenne même si les centristes ne sont pas les seuls puisque les socialistes sont également très attachés à cette idée. Une autre des valeurs du centrisme est de défendre avec beaucoup d’acharnement l’idée des corps intermédiaires et donc les prérogatives du parlement et de tout ce qui fait écran entre l’exécutif et les citoyens, cette valeur c’est la démocratie représentative. Il faut ajouter à ces valeurs une dimension sociale, le christianisme, la démocratie chrétienne, les valeurs sociales du christianisme.
Qui en 2012 ?
Y aurat-il un candidat centriste en 2012 ? La réponse est « oui » mais en fait la véritable question n’est pas celle là tant cela paraît acquis, mais la question est de savoir s’il y en aura un ou plusieurs. C’est quand même l’éternel dilemme du centre. Voilà un mouvement dont les valeurs décritent ci dessus sont largement partagées par l’opinion, beaucoup de nos concitoyens y souscrivent et pourtant, et l’histoire est là pour le démontrer, on se rend bien compte que le centre, et l’UDF l’a démontré tout au long de son existence, n’a jamais été un parti qui a obtenu ne serait ce qu’une seule fois la majorité à lui seul. Il a toujours été une force d’appoint. La difficulté du centre aujourd’hui vient peut être du fait que ce mouvement est représenté par plusieurs figures qui finalement ne sont pas très différentes : François Bayrou bien sûr mais aussi Hervé Morin le ministre de la défense qui essaie de se faire une place au titre du nouveau centre et Jean Louis Borloo ministre de l’environnement qui est un homme un peu à part en ce sens qu’il a une image légérement décalée de la sphère politique, mais c’est finalement un personnage très paradoxal parce qu’ il est au gouvernement de manière continue depuis 2002 et ils ne sont que deux dans ce cas MAM et lui. Il conserve malgré tout, en raison des ministères qu’il a eu, un côté société civile un peu en dehors du jeu politique habituel et donc sans doute aussi la position que lui même va adopter peut, peut être, faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Ces trois hommes correspondent à trois courants centristes : MODEM, Nouveau Centre et parti radical.
Dominique de Villepin
Il n’est pas centriste, mais on pourrait le rajouter comme un 4 éme candidat centriste car il souhaite aller chasser sur ces terres là dans le cadre de la présidentielle.
Des valeurs concurrencées
Les valeurs citées plus haut ainsi que leurs dimensions sociales ont été reprises ou attrapées par Europe Ecologie de Daniel Cohn Bendit et on commence à entrevoir de quelle façon les choses vont se configurer ou tout au moins comment elles essaient de le faire.
Quel espace pour le centre ?
En fait le vrai problème du centre, c’est un problème d’espace vital. En effet, pour que ce mouvement puise exister il lui faut une situation qui soit incontournable à savoir qu’il y ait une droite qui soit bien à droite et une gauche qui soit bien à gauche et donc à ce moment là, il est évident qu’il y a un espace qui se libére au milieu ? Cela été le cas dans les années 60 quand le général de Gaulle était chef de l’État. Il avait une image un peu anti européenne, certains parlaient d’un gaullisme pur et dur et la gauche était quant à elle largement dominée par le parti communiste qui représentait alors un électeur sur quatre. Il y avait donc entre de Gaulle et le PC un espace au centre que le député maire de Rouen Jean Lecanuet a su conquèrir. VGE a pu surfer là dessus, il a réussi à se faire élire président de la République mais il a été le seul centriste. Aujourd’hui le problème du centre c’est que les deux principaux partis l’UMP et le PS sont loin des extrêmes. A partir du moment où l’UMP est devenue plutôt pro européenne et a intégré une partie du discours social et où la gauche ne fait plus peur avec un PC qui est ramené à moinde 5% et un PS qui, qu’on le veuille ou non, s’est social-democratisé l’espace pour le centre est devenu difficile à trouver. François Bayrou à un moment donné en 2007 a pu faire une bréche dans cette bi-polarisation pour deux raisons. La première parce que la candidate de gauche, qu’on le veuille ou non, ne faisait pas l’unanimité au sein de la gauche et même au sein de son parti et aussi parce que Nicolas Sarkozy à droite en effrayait certains en allant récupérer un électorat frontiste. Il s’est donc libéré un espace dans lequel Bayrou s’est engouffré. Aujourd’hui cet espace semble s’être refermé d’où la difficulté pour les centristes d’exister.
Supplétif de la droite et première erreur de François Bayrou
Un des problème de fond du centrisme c’est qu’il a toujours été, ou tout au moins depuis longtemps, en France le supplétif de la droite. Alors qu’ en Angleterre les « libdem » se sont arrangés pour apparaître comme une troisième force quelque part à égale distance entre les travaillistes et les conservateurs et même plus proches des travaillistes que des conservateurs et, en Allemagne il en est de même. En France le centre est un appendice de la droite. François Bayrou est donc celui qui a voulu rompre avec cette logique mais pour l’instant cela ne lui a rien apporté. Il se voyait la force d’alternance sur un PS qu’il estimait en etat de décomposition et là il a commis une erreur stratégique fondamentale dont il ne s’est toujours pas relevé.
La seconde errreur de François Bayrou
Par rapport aux fondamentaux du centrisme que j’ai développés en début de billet, on a vu que l’un d’eux c’est l’Europe. François Bayrou a eu lors des élections européennes une occasion unique de développer son thème de prédilection et de se remetre de sa défaite de 2007. Occasion ratée une nouvelle fois à cause d’une erreur de stratégie. En effet la grande critique que l’on peut faire à François Bayrou c’est de ne pas avoir vraiment occupé le terrain européen notamment à l’occasion de ces élections européennes Il était le plus à même d’occuper le terrain sur ce sujet. Il n’a pas su saisir cette chance et il ne peut en vouloir qu’à lui même. Il ne l’a pas fait car il a axé sa campagne sur un anti sarkosysme plus que primaire ce qui n’était pas le sujet. Sa haine de Sarkozy l’a empêché d’investir un terrain qui était le sien et il a beaucoup de difficulté à s’en relever et ce n’est pas terminé car le créneau européen, terrain du centre, a été récupéré par Daniel Cohn Bendit et Europe Ecologie.
Maintenant, dans l’imaginaire des gens qui se sentent proches du centre aujourd’hui , il y a plusieurs pôles qui attirent tel que celui de Daniel Cohn Bendit je viens de le l’écrire. Et puis Dominique Strauss Kahn intéresse également les centristes. Cette faute politique de François Bayrou lors des élections européennes ce sont tous les centristes qui la paient aujourd’hui. En effet pour ceux qui sont de l’écurie centriste que ce soit Jean Arthuis, Gilles de Robien et bien entendue pour François Bayrou lui même, l’espace s’est considérablement réduit.
Cet espace qui s’était ouvert en 2007 avec François Bayrou n’est pas nouveau. Si on étudie les élection présidentielles ou européennes en France et si on regarde également chez nos voisins on constate une chose , c’est que les électeurs sont toujours à la recherche d’une troisième force par rapport à la bi-polarisation. On vient de le constater en Grande Bretagne les travaillistes et les conservateurs ont vu les libéraux faire 23 %, on vient également de faire la même constatation en Allemagne. Alors pourquoi est que cela ne se reproduirait pas en France de manière très imprévisible puisqu’on voit bien qu’il y a une difficulté d’incarnation aujourd’hui du centre par une personne précise. Ce qui m’amène à parler du troisième homme.
Le troisième homme
Si on observe bien les élections présidentielles depuis qu’elles existent sous la Véme république, on constate qu’il y a toujours eu un 3 éme homme et pas forcément un centriste d’ailleurs. Cela a été le cas en 1965 avec Jean Lecanuet, en 1974 avec Jacques Chaban Delmas, en 1981 avec Jacques Chirac, en 1988 avec Raymond Barre, en 1995 avec Edouard Balladur, en 2002 avec Jean Marie le Pen qui est devenu le second laissant la place du 3 éme homme à Lionel Jospin et enfin en 2007 avec François Bayrou. En 2012 ce sera forcément pareil. Il y a toujours eu un 3éme homme qui fait entre 15 et 20 % contrairement à ce que l’on imagine d’une éternelle confrontation entre la droite et la gauche. Mais en 2012, je ne suis pas certain que ce troisième homme soit un centriste.
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