bilan annuel de la surete nucleaire en alsace

Bilan annuel de la sûreté nucléaire en Alsace 

Muriel RAMBOUR

Maître de Conférences à l’UHA

CERDACC

 

Mots-clés

Autorité de sûreté nucléaire (ASN) – Sûreté nucléaire – Industrie à risque – Centrale de Fessenheim.

Pour se repérer

Lors de ses conférences de presse à Metz et Strasbourg les 15 et 16 juin derniers, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’est montrée globalement satisfaite du niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection en Alsace-Lorraine en 2014. Elle a toutefois annoncé le renforcement de ses inspections à la centrale de Fessenheim où les incidents se sont multipliés en début d’année 2015.

 

Pour aller à l’essentiel

En 2014, l’ASN a conduit 25 inspections à la centrale nucléaire de Fessenheim et 26 à la centrale de Cattenom en Moselle. Le niveau de sûreté et de radioprotection des installations de la région est jugé globalement satisfaisant, les exploitants étant conscients des principaux enjeux du secteur.

Sur ces 51 inspections réalisées en 2014 et début 2015 en Alsace-Lorraine par la division strasbourgeoise de l’ASN, la centrale de Fessenheim se situe « dans la moyenne » des installations françaises. L’Autorité note que « peu de pratiques inadaptées ont été relevées au cours de l’année 2014 » (L’Autorité de sûreté nucléaire et le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Alsace et en Lorraine en 2014, Conférences de presse à Metz et Strasbourg, 15-16 juin 2015 / Dossier de presse, http://www.asn.fr/Media/Files/00-Dossiers-de-presse/2015/Dossier-de-presse-STRASBOURG-RA-2015, p. 10).

Le site de Fessenheim a signalé à l’Autorité de sûreté nucléaire 29 événements significatifs liés à la sûreté, dont 4 de niveau 1. Dans l’ensemble, l’ASN estime que « l’exploitant doit encore progresser dans la préparation des interventions et dans la tenue de la documentation d’exploitation ».

L’Autorité s’est surtout déclarée insatisfaite de la façon dont ont été gérés deux incidents survenus sur la tranche 1 de la centrale. Le 28 février 2015 un défaut d’étanchéité provoquait le déversement d’une centaine de mètres cubes d’eau non contaminée dans la salle des machines en zone non nucléaire. Le 5 mars, lors de la remise en service du système, la conduite se rompait à nouveau sous l’effet de l’usure.

Si l’ASN concède que cet événement n’a pas eu de conséquence réelle sur la sûreté, elle a toutefois relevé un « manque de rigueur dans le processus de traitement des écarts et la prise en compte du retour d’expérience » (ASN, La sûreté nucléaire et la radioprotection en 2014 en Alsace et en Lorraine, Strasbourg, 16 juin 2015, http://www.asn.fr/Media/Files/00-Dossiers-de-presse/2015/Presentation-STRASBOURG-RA-2015, p. 11). En conséquence, l’ASN annonce qu’elle augmentera la fréquence de ses visites et mènera des inspections ciblées sur le site.

Pour aller plus loin

En avril, le président de l’ASN avait signifié devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) le mécontentement de l’Autorité vis-à-vis de l’attitude d’EDF dans la gestion de ces incidents (« Incident à Fessenheim : l’ASN ‘‘pas contente’’ de l’attitude d’EDF », Dernières Nouvelles d’Alsace, 15 avril 2015). Il jugeait la communication « plus que décalée par rapport à la réalité » et critiquait « l’empressement à vouloir redémarrer vite sans vérifier tout ce qu’il y avait à vérifier » (cf. aussi dans ce numéro du JAC Muriel Rambour, « Accusations de publicité mensongère pour le nucléaire alsacien », juin 2015). Dans le même temps, plusieurs associations antinucléaires déposaient plainte contre EDF devant le TGI de Colmar, reprochant à la société d’avoir minimisé l’incident.

Ce « manque de rigueur » d’EDF dans le traitement des incidents du premier trimestre 2015 ne manquera sans doute pas de conforter la position de ceux qui réclament la fermeture de la centrale de Fessenheim, quand bien même l’ASN souligne dans son bilan annuel que ce jugement ne doit pas être généralisé.