Bienvenue Clotilde

« je suis très heureuse d’être de retour dans mon pays, de retrouver ma liberté, de retrouver mes proches« ; arrivée à Villacoublay, Clotilde Reiss a été reçue à l’Elysée en début d’après-midi dimanche dernier. Elle a passé 9 mois retenue en Iran pour avoir participé à des manifestations anti gouvernementales en juin 2009. Elle a d’abord remercié le président de la République et a eu une pensée pour ses anciens co-détenus dont deux ont été exécutés. Reste à savoir pourquoi Clotilde Reiss a été autorisée a quitter si soudainement l’Iran. On sait que ce jugement est intervenu quelques jours après le refus de la justice française d’extrader un ingénieur iranien vers les Etats-Unis et qui a regagné l’Iran la semaine dernière. Paris et Téhéran ont refusé tout lien entre ces dossiers « il n’y a a eu aucune contre partie et aucun marchandage  » a affirmé Bernard Kouchner. Le retour de Clotilde Reiss marque donc la fin d’une affaire qui aura empoisonné les relations franco-iranienne pendant plusieurs mois, des relations déjà tendues par la question nucléaire.

On voit du calme à la surface mais en dessous il y a des choses assez chaotiques qui se déroulent. La situation est instrumentalisée des deux côtés. Pour Nicolas Sarkozy c’est une stratégie. Il a été confronté plusieurs fois à ce type de situation. Il a, à l’époque instrumentalisé l’affaire Ingrid Bettancourt en mobilisant les caméras et la famille, et à la fin de son intervention alors que tout le monde quittait la salle il avait dit « maintenant on va aller chercher shalit  » qui est le soldat franco israelien enlevé et prisonnier du Hamas. On était donc dans la démonstration d’un Nicolas Sarkosy triomphant et qui ne voulait pas s’arrêter là, puis il y a eu les infirmières bulgares avec l’envoi de Cécilia pour aller les récupérer. Là aussi c’était trop. Enfin il y a la détention de Florence Cassez où là également ont peut s’imaginer que ça doit sérieusement discuter mais sur cette affaire le chef de l’État se fait discret. Concernant la libération de Clotilde Reiss, il ne voulait pas paraître une nouvelle fois comme ayant instrumentalisé cette affaire. On constate aussi que le président iranien a la mêmme attitude, il ne dit rien. Nicolas Sarkozy s’est fait tellement discret que l’opposition demande des explications sur les conditions de cette libération et sur les contreparties qui ont été accordées.

Cette attitude de discrétion n’aura pas été celle du parti socialiste qui à cette occasion n’a pas donné dans la dentelle. Je trouve que le porte parole de l’UMP n’est pas toujours très fin, mais que dire de Benoit Hamont que je cite  » La France aurait tout avantage à pratiquer davantage la diplomatie de la transparence et de la vérité » car « les Français sont suffisamment intelligents pour entendre » que l’Etat est prêt à « faire des gestes » contre la libération de citoyens français. « Aujourd’hui, expliquer qu’il n’y a pas eu de contrepartie, c’est juste prendre les gens pour des imbéciles. » On sait très bien que dans ce type d’affaire il y a toujours des discussions. Pauvre Benoit Hamon. Le gouvernement n’a qu’a dire qu’il s’agit d’un un secret d’Etat point final ?

Alors pourquoi Nicolas Sarkozy est-il si discret sur cette affaire ? Est ce que cela fait partie du changement d’attitude ? C’est probable mais c’est surtout un changement de stratégie de communication. On se souvient que à Propos de l’assassin de Bakhtiar il avait dit que « jamais la France n’échangerait un assassin contre une innocente française. » On constate ce changement d’attitude depuis la défaite de la majorité aux élections régionales. On reléve chez Nicolas Sarkozy non seulement plus de discretion, mais aussi et surtout plus de modération et plus de présidentialisation dans la communication. Par ailleurs et il faut le dire, ce type de situation est particulièrement délicat à gérer. Soit le gouvernement ne fait rien et alors il se fait accuser de laxisme face à ce qui peut devenir une tragédie, soit au contraire il négocie et on lui reproche de céder, il s’agit d’une une situation qui porte le nom de « communication paradoxale« , car on peut jamais en sortir. On est obligé de négocier et qui dit négociation dit échange ou contrepartie c’est un fait. Un gouvernement n’a à mon avis pas à mettre sur la place publique ce type de négociations. Benoit Hamon est doublement « con« , d’une part parce que ce qu’il à dit ce sont des conneries et d’autre part parce que les socialistes qui gouverneront un jour ou l’autre le pays risquent d’être confrontés à ce genre de situation puisque cela leur est déjà arrivé avec Mitterrand. Mais je crois qu’on sait tous que B Hamon n’est pas le plus fin des socialistes.

On peut se demander s’il n’y a pas d’autre enjeux derrière et qui ne sont pas visibles. Il y a eu dans le même temps un accord qui visiblement a été trouvé sur la question du nucléaire civil avec le président Lulla, et la France  très intéressée a probablement joué un rôle. En fait tout à l’air calme, mais par en dessous les discussions se poursuivent.

Finalement, cette libération c’est d’abord et avant tout une bonne nouvelle dont tout le monde doit se féliciter. Disons qu’il y a des concours de circonstances tel que la libération de cet ingénieur iranien Majid Kakavand (1) soupçonné de trafic avec le nucléaire et dont les États-Unis demandaient l’extradition qui ne leur a pas été accordée puisque finalement il est retourné dans son pays, suivi de la libération de AliVakili Rad l’assassin de Chapour bakhtiar ex premier ministre du Chah d’Iran en France en 1991 et qui a été condamné à la perpétuité en 1994. Alors on nous dit qu’il a purgé sa peine incompressible de sureté de 18 ans. C’est tout ça un concours de circonstance et contentons nous de nous en tenir là. Brice Hortefeux a signé un arrêté d’expulsion

En revanche, je ne comprends pas l’attitude de cet ancien responsable et sous directeur de la DGSE Maurice Dufresse alias Pierre Siramy lorsqu’ il affirme au cours d’une interview à LCI que Clotilde Reiss est sans doute un agent de la DGSE, je cite  » Clotilde Reiss a travaillé pour la France. Ce n’est pas une espionne. C’est un contact de notre représentant à Téhéran. Elle faisait des rapports sur des éléments d’ambiance et dans le domaine de la prolifération. Elle l’a fait volontairement. » Il ne faut pas voir des espions partout, même si on sait que il y a des agents qui travaillent sous couvert d’un poste diplomatique. Je sais pas si c’est vrai mais ce qui paraît incroyable c’est que ce soit ce personage qui sorte ça maintenant car d’une part ce n’est pas à lui de le dire et d’autre part ce n’est surtout pas le moment. Les « vrais espions« , ceux qui travaillent pour la France ont, je viens de le dire un statut diplomatique, ils travaillent dans les ambassades, ils sont conseillers politiques et si jamais leur véritable mission est découverte, ils sont alors protégés par l’immunité et par des accords internationnaux. Le seul risque qu’ils prennent est d’être expulsés mais jamais ils ne vont en prison. Et puis ces diplomates n’ont de diplomates que le nom pour assurer justement cette immunité. En réalité ce sont des « correspondants » qui travaillent pour de grands groupes français et je ne trahi pas un secret d’État en disant cela, tout le monde le sait. L’autre catégorie du renseignement est tenu par des « correspondants » qui se situent à à la limite du journalisme d’investigation et ce que l’on appelle le renseignement fermé. Dans le milieu du renseignement on les surnomme les « indépendants » et eux oui, prennent des risques car ils travaillent sans filet. Maurice Dufresne alias Pierre Siramy par cette déclaration donne crédit aux autorités iraniennes qui ont arrêté Clotilde Reiss pour espionnage (2). Bernard Koutchner déclare que les aveux ont été forcés. Je n’ai évidemment pas d’avis sur la question mais si cela s’avérait les déclaration de Dufresne alias Siramy sont purement dégueulasses et je pèse mes mots car si Clotilde Reiss est une « indépendante« , alors la déclaration d’un sous directeur de la DGSE est absolument indigne. Il sera alors difficle pour la DGSE de recruter des gens pour aller servir la piscine sans risque de s’y voir noyé par un de ses dirigeants (2). Décidemment les temps ont bien changé.

Personnellement je m’en tiens à la déclaration de Pierre Lellouche « Nul n’est obligé de tomber dans le piège grossier de la propagande iranienne qui vise à faire croire qu’il y aurait eu là échange d’agents de renseignements entre les deux pays » et je me réjouis de la libération de cette jeune fille et enfin j’estime qu’on a pas besoin d’en savoir plus. Qui que vous soyez Clotilde bon retour chez nous.

(1) Majid Kakavand est accusé par le FBI d’avoir essayé de transférer du matériel sensible.

(2) Clotilde Reiss a admis avoir rédigé un rapport qu’elle a remis au chef de l’institut français de recherche en Iran.

(3) Dans le renseignement on surnomme la DGSE: la piscine.

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